Dans la nuit de jeudi à vendredi, des échanges de tirs entre les forces fidèles à Laurent Gbagbo et les habitants d’un quartier pro-Ouattara ont fait de nombreux blessés à Yamoussoukro. Aucun bilan précis n’est pour l’heure connu.
C’est dans le quartier de Dioulabougou que les tirs ont eu lieu entre minuit et 07 heures (locales et GMT). Selon les Forces de défense et de sécurité (FDS) pro-Gbagbo, une de leurs patrouilles a été prise pour cible avant de riposter. Des témoins ont évoqué des coups de feu et des « tirs à l’arme lourde », sans en préciser l’origine. Des tirs sporadiques ont encore été entendus vers 08 heures, a précisé un journaliste local. Ce sont les troubles les plus importants depuis le début de la crise post-électorale ivoirienne dans cette ville
Dégradation sécuritaire
Ils surviennent alors que la situation militaire se dégrade dangereusement en Côte d’Ivoire. Dans l’Ouest, la région la plus instable du pays, des combats entre FDS et les Forces nouvelles, ex-rebelles alliés à M. Ouattara, ont eu lieu jeudi. L’Onuci craint une « reprise du conflit armé et donc une violation du cessez-le-feu ». Même la capitale économique Abidjan est en proie à de très violents affrontements. Le camp Gbagbo affronte depuis lundi un mystérieux groupe arm, le « commando invisible », dans le quartier pro-Ouattara d’Abobo.
Depuis jeudi en fin d’après-midi, les tirs (parfois au lance-roquette) n’ont pas cessé dans plusieurs secteurs d’Abobo. Des blindés et des FDS sont déployés. « Il y a des cadavres partout », a raconte un retraité, fuyant comme des milliers d’habitants en direction du sud.
Blé Goudé contre l’Onuci
Pour le camp Gbagbo : pas de doute ; il s’agit de « rebelles infiltrés » des Forces nouvelles de Guillaume Soro, Premier ministre de Ouattara, aidés par les troupes de l’Onuci. Le chef des « patriotes », Charles Blé Goudé, a appelé vendredi les jeunes à s’organiser en « comités d’autodéfense » pour empêcher « par tous les moyens » l’Onuci de circuler. « Aujourd’hui ce ne sont pas les rebelles qui nous font la guerre, c’est l’Onuci qui nous la fait », a-t-il lancé devant quelque 3 000 personnes réunies dans le quartier de Yopougon (ouest), où des affrontements ont également éclaté dans la matinée.
Selon plusieurs témoins, des jeunes pro-Ouattara ont incendié un bus et les « patriotes » ont répliqué en brûlant plusieurs mini-cars (« gbakas »), réputés pour être contrôlés par le camp adverse. Armés de gourdins et de cailloux, ces derniers ont interdit pendant une partie de la matinée la circulation aux « gbakas » dans le quartier devenu presque désert.
Source : Jeune Afrique le 25/02/2011