La présence militaire française dans plusieurs pays du Sahel complique la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui, d’un point de vue opérationnel, « marche mal », a déclaré mercredi le ministre algérien de l’Intérieur Dahou Ould Kablia.
« La coopération régionale en matière de lutte opérationnelle marche mal, parce que les moyens sont disproportionnés. L’Algérie peut mettre beaucoup de moyens, ces pays là peuvent mettre beaucoup moins de moyens », a-t-il déclaré à la chaîne de télévision France 24, faisant allusion au Niger, au Mali et à la Mauritanie. « Ces pays-là ont des accords avec d’autres puissances », comme la France, a-t-il poursuivi. « Cela ne nous dérange pas, mais ça peut nous créer des problèmes d’une autre nature. Si l’Algérie s’associe avec un pays non concerné directement et qui ne partage pas les mêmes valeurs, religieuses en particulier, cela veut dire que l’Algérie musulmane s’associe avec un pays non-musulman pour combattre des musulmans », a estimé le ministre algérien. « Cela peut se retourner contre nous et contre vous », a-t-il ajouté. Selon Dahou Ould Kablia, « ça peut accentuer le sentiment de rancoeur des populations locales contre la présence française ou d’unités étrangères dans leur pays ». La France a considérablement renforcé son dispositif militaire au Sahel, depuis l’enlèvement le 16 septembre 2010 à Arlit, dans le Nord du Niger, de 7 personnes, dont 5 Français, employés des groupes Areva et Vinci. Des militaires français avaient été engagés dans une opération de sauvetage de deux otages français enlevés le 7 janvier dernier à Niamey. L’opération, à la frontière entre le Mali et le Niger, avait échoué et les deux otages avaient été tués. Fin juillet 2010, Aqmi avait annoncé la mort d’un autre otage français, Michel Germaneau. Quelques jours auparavant, le 22 juillet, des militaires français s’étaient associés à une opération mauritanienne contre Aqmi sur le territoire malien.
Source : Tahalil Hebdo le 24/02/2011
