La Libye est au bord de la « guerre

En Libye, un des fils du colonel Mouammar Kadhafi au pouvoir depuis 42 ans, Seïf Al-Islam, a affirmé dimanche 20 février dans la soirée, dans une allocution télévisée que le peuple devait choisir soit de construire une « nouvelle Libye » soit de plonger dans la « guerre civile« ,

 

alors que les affrontements ont gagné la capitale Tripoli.

« La Libye est à un carrefour. Soit nous nous entendons aujourd’hui sur des réformes, soit nous ne pleurerons pas 84 morts mais des milliers et il y aura des rivières de sang dans toute la Libye« , a déclaré Seïf Al-Islam.

Au sujet des réformes, il a annoncé que le Congrès général du peuple (Parlement) se réunira bientôt pour décider d’un nouveau code pénal et de nouvelles lois donnant « des perspectives de liberté » pour la presse et la société civile, ainsi que du lancement d’un dialogue sur une Constitution.
« Nous avons eu les réformes que nous voulons avec moindre pertes et moindre problèmes », a-t-il dit.
« De la première à la deuxième Jamahiriya » libyenne, a-t-il dit. « Si vous voulez qu’on change le drapeau et l’hymne national, on le fera ».

Seïf Al-Islam qui conduisait le courant réformateur depuis 2007, avant d’annoncer sa retraite politique un an après, a affirmé que la Libye était la cible d’un complot étranger.

 

Complot étranger

 

Seïf Al-Islam a répété à plusieurs reprises le chiffre de 84 morts dans les violences qui ont débuté la semaine dernière en Libye et affirmé que les bilans donnés par « les médias étrangers » étaient « très exagérés« .

Selon Human Rights Watch, au moins 173 personnes ont été tuées en Libye depuis le début de la contestation le 15 février, tandis qu’un décompte de l’AFP établi à partir de différentes sources libyennes fait état d’au moins 77 morts, pour la plupart à Benghazi.
La plupart des victimes ont été tuées à Benghazi, deuxième ville du pays à 1.000 km à l’est de Tripoli, mais selon des témoins joints par l’AFP des heurts sanglants ont éclaté samedi à Musratha (est) et Zaouia (ouest).

 

« Tout le peuple libyen est armé »

 

Dimanche soir, des tirs nourris étaient entendus dans plusieurs quartiers de la capitale, où les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser des manifestants dans le quartier populaire de Gurgi, selon un habitant du quartier joint par l’AFP au téléphone. Un autre témoin a indiqué à l’AFP avoir vu en début de soirée des pneus brûlés dans ce quartier situé à l’entrée ouest de Tripoli.

Seïf Al-Islam a reconnu que plusieurs villes du pays, dont Benghazi et Al-Baïda étaient la proie de violents combats et que les émeutiers s’étaient emparés d’armes militaires.
« Maintenant tout le peuple libyen est armé. Je m’adresse à vous et pour la dernière fois avant de recourir aux armes », a-t-il dit, estimant que la Libye n’était « pas la Tunisie ni l’Egypte ».

« Notre moral est au plus haut et le leader Mouammar Kadhafi, ici à Tripoli, conduit la bataille et nous le soutenons ainsi que nos forces armées (…) Nous ne lâcherons pas la Libye et nous combattrons jusqu’au dernier homme, jusqu’à la dernière femme et jusqu’à la dernière balle ».

« En ce moment des chars se déplacent dans Benghazi conduits par des civils. A Al-Baïda, les gens ont des fusils et des nombreux dépôts de munitions ont été pillés. Nous avons des armes, l’armée a des armes, les forces qui veulent détruire la Libye ont des armes », a-t-il lancé.

Démission du représentant libyen de la Ligue arabe

 

Le représentant permanent de la Libye auprès de la Ligue arabe, Abdel Moneim al-Honi, a annoncé dimanche soir au Caire qu’il démissionnait de son poste pour rejoindre « la révolution » et protester contre la « violence contre les manifestants » dans son pays.
Les violences dans l’est de la Libye ont fait fuir des centaines de Tunisiens arrivés dimanche dans leur pays par le poste-frontière de Ras-Jdir et disant voloir échapper à « un vrai carnage », a indiqué à l’AFP un responsable syndical contacté sur place.

 

Appels de la communauté internationale

 

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé dimanche à « ne pas faire usage de la force et à respecter les libertés fondamentales » dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient en proie à une contestation populaire sans précédent.

L’UE a appelé dimanche soir le colonel Kadhafi à répondre aux aspirations « légitimes » de son peuple et à cesser de réprimer dans le sang les manifestations, en dépit des menaces de Tripoli envers l’Europe d’ouvrir les vannes de l’immigration clandestine.

Source  :  Le Nouvel Observateur le 21/02/2011

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