Côte d’Ivoire : Le panel se retrouve à Nouakchott

panel des chefs d'Etat africains au chevet de la Cote d'Ivoire. Image Quotidien de NouakchottLe panel des Chefs d’Etat mis en place par l’Ua pour trouver une issue à la crise ivoirienne se retrouve lundi à Nouakchott. Présidé par Mohamed Ould Abdelaziz et composé des présidents du Faso, du Tchad, de l’Afrique du Sud et de la Tanzanie, le panel pourra-t-il réussir là où de précédents médiateurs africains avaient déjà échoué?

La situation se corse en Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo multiplie les provocations poussant son bras de fer avec la Communauté internationale jusqu’à «réquisitionner» des banques étrangères. C’est donc dans cette atmosphère délétère que le panel des cinq chefs d’Etat africains, représentant les 5 grandes régions d’Afrique, reprend le bâton de pèlerin pour faire « plier » en douceur, Laurent Gbagbo. Mission de la dernière chance? Tout l’indique au rythme des échecs répétés pour sortir la Côte d’Ivoire de l’impasse dans laquelle l’a plongée le président sortant Laurent Gbagbo. Mais dans la réalité (voir entretien Kourouma), la crise de Côte d’Ivoire est aggravée, sinon provoquée, par le jeu secret de subtiles alliances avec les pays limitrophes. Il faut donc commencer là où l’échec patent de la médiation du Premier ministre kenyan Raïla Odinga, a failli.

Une première mission «secrète»

Bien avant la première rencontre du panel des présidents, une mission d’experts a été dépêchée en Côte d’Ivoire. Leur mission à Abidjan achevée lundi a été entourée d’un secret total. Du dimanche 6 février à jeudi 10 février, une quinzaine d’experts venant de Mauritanie, d’Afrique du Sud, de Tanzanie, du Tchad, du Burkina Faso, de la Cedeao et de l’Ua, cette mission a tâté le terrain par des rencontres avec les différents ex-candidats (le président Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara), leurs camps (Lmp, Rhdp et rébellion armée), les commissaires centraux (Lmp, Rhdp et rébellion armée) de la Commission électorale indépendante (Cei), le Conseil constitutionnel, l’Onuci et Young J. Choi, le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en Côte d’Ivoire, la Grande médiature ivoirienne, des organisations féminines de la société civile, les leaders religieux, la chefferie traditionnelle, le patronat ivoirien, la chambre de commerce et d’industrie, etc. Les résultats de ces rencontres tous azimuts n’ont pas été révélés. Il faut croire que notre président qui aurait reçu copie des conclusions de la mission va devoir en discuter avec ses pairs du panel avant de favoriser une dynamique plutôt qu’une autre. Mais dés à présent, il semble acquis que la seule option envisageable soit le départ « négocié » et en « douceur » de Gbagbo. Une éventualité à laquelle ne se prêterait pas le premier concerné. Malgré un pas profondément divisé et une économie déjà en lambeaux, le panel devrait faire montre d’un tact inoui pour convaincre Gbagbo de tourner la page. Cela ne pourrait être possible, malgré tout, que si Laurent Gbagbo sent qu’il est « lâché » par certains pays limitrophes qui lui apportent un soutien politique et moral le conduisant à s’accrocher indéfiniment à son poste. Ni l’embargo contre son pays, encore l’adversité des nations-unies ne semblent lui faire entendre raison que son combat est perdu d’avance. Malgré donc une marge de manœuvre limitée, aussi bien pour Gbagbo que pour le panel des Chefs d’Etat, il faut espérer que les ballets diplomatiques organisés pour faire plier Gbagbo atteignent leurs objectifs. En effet, il n’est certainement plus de saison de faire valoir à un recomptage dépassé des résultats des urnes de la présidentielle du 28novembre étant entendu que la commission électorale indépendante avait déjà certifié le succès électoral de Hassan Ouatara. C’est donc une mission délicate qui attend le panel des Chefs d’Etat de l’Union Africaine. Si elle devait échouer, elle laisserait place au pourrissement et une éventuelle asphyxie économique dont les premières victimes resteront les citoyens ivoiriens. L’hypothèse militaire pour «déloger » Gbagbo quoiqu’envisageable, en dépit des risques d’embrasement du pays, serait l’ultime recours.

JD

 Le Quotidien de Nouakchott



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