Nouvelle journée de révolte dans le monde arabe

84 morts depuis mardi en Libye, les manifestants algériens bloqués par la police, les opposants bahreïnis de retour place de la Perle, un étudiant tué au Yémen, Djibouti et la Mauritanie gagnés par les troubles… Le point ce samedi.

 

Les émeutes sanglantes continuaient samedi de secouer des régimes autoritaires du monde arabe, avec des dizaines de morts dans la répression policière en Libye, l’occupation de milliers de Bahreïnis du centre de la capitale et des manifestations violentes au Yémen et à Djibouti. Le point ce samedi, pays par pays.

En Libye, 84 morts au moins depuis mardi

Au 5e jour de la contestation, le colonel Kadhafi, dont le départ est réclamé par les manifestants, n’a toujours pas fait de déclaration officielle. Il est aussi toujours impossible d’accéder à Twitter et Facebook, par lequel ont transité les appels à la mobilisation, et les connexions aux autres sites étaient très lentes ou impossibles.

La contestation semble se transformer en véritable insurrection dans l’est, surtout à Benghazi. L’organisation Human Rights Watch (HRW), se basant sur des sources médicales et des témoins, a fait état ce samedi d’un bilan global de 84 morts, dont 55 à Benghazi, bastion de l’opposition, où les affrontements ont été particulièrement violents hier vendredi.

A Bahreïn, l’opposition exige la démission du gouvernement

Dans le Golfe, le régime sunnite du petit royaume de Bahreïn est confronté à des manifestations demandant une libéralisation du système politique, avec la majorité chiite de la population se disant exclue.

Le royaume est d’une importance stratégique pour Washington, servant de QG à sa Ve flotte, chargée de surveiller les routes maritimes pétrolières dans le Golfe, soutenir les opérations en Afghanistan et contrer une éventuelle menace iranienne.

Des milliers de manifestants antigouvernementaux sont revenus sur la place de la Perle à Manama ce samedi, épicentre de la contestation, où ils ont commencé à ériger des tentes, deux jours après la dispersion violente de leur sit-in.

Après le retrait des chars de l’armée de la capitale comme le demandait l’opposition, principalement chiite, les manifestants ont réoccupé la place. La police n’est pas intervenue, à l’exception d’un bref tir de grenades lacrymogènes sur l’un des axes conduisant à la place, faisant six blessés.

Le prince héritier, Salman ben Hamad Al-Khalifa, a ordonné à la police de rester à l’écart des rassemblements, mais a aussi demandé aux manifestants de se disperser «pour éviter un affrontement».

L’opposition, qui a rejeté une offre de dialogue du prince héritier vendredi, exige la démission du gouvernement.

En Algérie, les manifestants bloqués par la police

Un député du parti Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Tahar Besbes, a été grièvement blessé ce matin à Alger au cours d’un affrontement avec la police lors de la marche organisée par l’opposition algérienne contre le régime, a rapporté un membre du RCD.

D’importantes forces de sécurité et des dizaines de véhicules blindés ont repoussé les premiers manifestants venus exprimer, en plein centre d’Alger pour la seconde fois en huit jours, leur détermination à en finir avec le régime.

Aux cris de « Algérie libre et démocratique », « pouvoir assassin », « le peuple veut la chute du régime », quelque 200 personnes avaient néanmoins réussi à atteindre la place du 1er-mai à l’appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), coalition de partis, de membres de la société civile et de syndicats autonomes créée le 21 janvier dans la foulée des émeutes meurtrières du début de l’année en Algérie.

Toutes les voies menant à la Place du 1er mai ont été bouclées et des barrières métalliques disposées sur le site lui-même empêchaient l’arrivée de manifestants.

Tout comme samedi dernier où une marche de la CNCD avait été bloquée, des cars avec des policiers casqués, munis de matraques et de boucliers, ainsi que des véhicules blindés ont quadrillé la capitale. Au-dessus tournoyait au moins un hélicoptère.

Les forces de l’ordre étaient postées quasiment à chaque mètre, un dispositif similaire à celui qui attendait la semaine dernière les manifestants ayant répondu à l’appel de la CNCD.

Au Yémen, un étudiant tué dans des heurts

Le bilan s’alourdit au Yémen: un étudiant a été tué par balle et cinq autres ont été blessés dans des violents affrontements ont éclaté alors que des partisans du régime ont tenté de prendre d’assaut le campus de l’Université de Sanaa, foyer de la contestation.

Vendredi, quatre personnes ont été tuées par balles à Aden, principale ville du sud, lorsque la police a dispersé des manifestants réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, ont indiqué des sources médicales.

A Sanaa, des centaines de partisans du régime ont attaqué un rassemblement de milliers de jeunes opposants ainsi que des journalistes avec des matraques, des haches et des bâtons, faisant au moins quatre blessés. A Taez, à 270 km au sud-ouest de Sanaa, une attaque à la grenade contre des manifestants dans le centre-ville a tué deux d’entre eux et fait 27 blessés, selon des sources médicales.

Le président Ali Abdallah Saleh Saleh, qui dirige ce pays pauvre et instable du sud de la péninsule arabique, a promis le 2 février de mener des réformes et de ne pas briguer un nouveau mandat en 2013, sans calmer la rue qui continue de réclamer son départ.

 

A Djibouti, les affrontements ont repris

Trois importantes figures de l’opposition ont été arrêtées ce samedi au lendemain d’une manifestation sans précédent contre le président Ismaël Omar Guelleh qui a dégénéré en de violents affrontements  ayant fait officiellement deux morts. Les affrontements ont repris ce matin dans entre partisans de l’opposition et forces de l’ordre.

 

En Mauritanie aussi

Des manifestations contre le manque d’eau et la hausse des prix dans la ville mauritanienne de Vassala (sud-est), frontalière avec le Mali, ont été sévèrement réprimées vendredi par les forces de l’ordre, a affirmé samedi un parti d’opposition, du Rassemblement des forces démocratiques (RFD). Le RFD a mis en garde le pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz contre «les solutions sécuritaires» «qui ne sauraient que compliquer la situation», exigeant la libération des manifestants arrêtés.

Source  :  Libération le 19/02/2011

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