CSLP : Version réchauffée

assises_pauvrete_rimDes experts, spécialistes, analystes, intellectuels et consultants de toutes sortes réfléchissent depuis quelques jours à une nouvelle version du CLSP III, signifiant (pour mémoire), cadre stratégique de lutte contre la pauvreté.

Un document en voie d’être remis au goût du jour. Celui -ci ne sera rien d’autre que la reprise de l’ancienne copie qui avait été produite sous le règne de Taya et qui a orienté pendant quelques années la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté en Mauritanie.

C’est ce cadre qui a déterminé la création d’un commissariat à lutte contre la pauvreté et aux droits de l’homme. Une institution qui a séduit les bailleurs de fonds et attiré beaucoup de partenaires au développement qui ont octroyé des fonds énormes. Bien de projets furent initiés sous le label de  » lutte contre la pauvreté « . Mais très vite les objectifs du CDHLPI ont été déviés de leur ligne de départ et l’établissement s’est transformé en une vache à lait non pas pour les pauvres auxquels il était destiné mais aux personnalités qui en avaient la charge, aux hommes politiques, aux chefs de tribu, aux fournisseurs, et surtout à la famille de Taya. Sur le terrain le CDHLPI n’a laissé aucune trace. Ses fonds se sont volatilisés vers d’autres horizons. Le spectacle qui a le plus marqué les esprits durant toute la période de son existence est la présence permanente de mendiants qui occupent les alentours du bâtiment et qui attendent toute la journée sous le soleil une hypothétique aide. En vain. Ce n’était pas la vache laitière des pauvres ! Avec une administration pléthorique, une gestion anarchique, l’argent des pauvres s’envolait en fumée et les programmes se suivaient sans résultats tangibles. Mais les experts en faux trouvaient toujours les méthodes adéquates pour présenter des bilans positifs pour convaincre les partenaires économiques. Pendant des années la Mauritanie se servait de ce fameux document comme la meilleure stratégie pour piocher partout dans les institutions internationales des lignes de crédits. A l’occasion des forums mondiaux, le document devenait un sacerdoce pour soigner l’image de la Mauritanie dont l’exemple faisait des émules dans la sous- région. La Mauritanie était citée comme le pays le plus avancé en matière de lutte contre la pauvreté pendant que plus de 80% de sa population vivait en dessous du seuil de pauvreté. Des vrais-faux chiffres faisaient de ce pays celui qui  » évoluait rapidement vers l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement « . Sans coup férir au sortir des négociations avec les institutions de brettons -Wood, des financements importants sont décaissés. Trois versions de ce cadre stratégique ont été revues et corrigées. A la suite des changements qui ont bouleversé l’appareil d’état ces dernières années, le CSLP est tombé en désuétude. Certains de ses extraits continuaient à être utilisés pour des requêtes de financement comme ce fut le cas lors des deux groupes consultatifs sur la Mauritanie en 2007 à Paris et en 2010 à Bruxelles. Voilà que de nouveau, on le ressort des tiroirs pour alimenter l’argumentaire politique auprès des bailleurs de fonds. Dans une salle pleine à craquer, des panélistes de tous bords, gageons que rien de vraiment nouveau ne sera apporté à ce vieux livret de secours.

Cheikh Tidiane Dia

 Le Rénovateur Quotidien

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