Cela trouve son expression dans la décision irréfléchie et illégale prise dernièrement par le Bureau Exécutif à l’encontre du dirigeant et membre du Conseil National, le frère Samoury ould Bey. Cette décision que nous rejetons systématiquement, au demeurant, a consisté à décréter la suspension de ses activités de ce membre du parti sous le prétexte qu’il aurait enfreint aux textes et réglementations en vigueur pour avoir demandé dans une plate-forme exprimant son point de vue de reconsidérer la situation de la frange haratine , doléance que nous trouvons par-dessus tout légitime et sincère tant elle répond aux aspirations des masses.
Ces propos ne méritaient aucunement de notre avis une si injuste et illégale décision. Pourquoi n’avaient-ils pas fait l’objet de débat et obtenu l’intérêt requis ? Pourquoi une telle mesure n’avait-elle pas été prise à l’encontre de ceux qui avaient pris position et fait des déclarations qui non seulement menacent l’unité et la cohésion du parti mais vont au-delà, pour porter atteinte à la souveraineté nationale de l’Etat ? En effet, les déclarations et les positions tranchées de l’ex-vice-président du parti, M. El Khalil Ould Tiyib en faveur du régime en place, son allégeance solennelle et publique au Guide Libyen au nom de la mouvance nassérienne affiliée à APP (dans ses deux tendances) ne constituent-elles pas en elles-mêmes les plus grandes atteintes aux textes et règlements et à la souveraineté nationale ? Toutes les voix qui s’étaient élevées pourtant au sein du Bureau Exécutif demandant l’application des textes en ce temps furent vaines. Car Monsieur le Président a affiché une fin de non – recevoir en les ignorant, question de ne pas indisposer son nouveau confident, Ould Teyib. C’est lui-même (Ould Teyib) qui va finir par présenter de son propre chef sa démission. D’autre part, l’article publié par le membre du Conseil National du parti, Abdellahi El Atigh ould Iyahi – et qui considérait que le Président, Monsieur Messaoud ould Boulkheïr « est plus grand que les Haratines et même l’institution du parti » lui suggérant de rompre avec eux parce qu’ils sont extrémistes et par conséquent ne méritaient pas une personnalité de sa carrure – a lui aussi constitué une menace à l’unité et à la cohésion du parti, sans compter les connotations injurieuses et ironiques de son registre à l’encontre de la plus grande composante du parti et de la patrie même, celle-là qui mieux que quiconque a consenti les plus grands sacrifices, services, emprunt de fidélité et de convictions inégalées au service de la nation. Des décisions aussi arbitraires que celles-là requièrent de notre part un arrêt pour nous interroger sur les raisons de leur application contre certains tandis que d’autres en sont curieusement protégés. Est-ce parce que les textes et règlements du parti sont devenus des instruments dociles aux mains de certains qui n’en usent que pour bâillonner les Haratines et faire avorter leur projet de lutte ? Ou bien parce que, Monsieur le Président a démissionné de son rôle historique dans la défense de la cause haratine répondant de ce fait à l’appel solennel, hypocrite et intéressé de Ould Iyahi ? Les haratines se sont-ils émancipés ou jouissent-ils déjà de l’égalité de chances avec les autres composantes nationales, seules raisons pouvant justifier la déclaration de fin du combat ? Ou bien alors, et au-delà de tout cela, il y a un tout autre objectif inavoué consistant à prendre en otage le Président afin de le soustraire de son cadre référentiel et social ? Sinon il s’agit, comme cela se dit quelque part, d’une opération de troc menée en catimini ? Compte tenu de ce qui précède, le Groupe des cadres dirigeants et militants de APP, appelle l’ensemble des militants et les consciences vives à resserrer les rangs. Il les invite à assumer leurs responsabilités et à rejeter cette décision attentatoire contraire à l’esprit des textes et réglementations en vigueur. Cette mesure ne vise, en effet, que l’atteinte à l’unité des Haratines et ne profite qu’à leurs ennemis tant au sein qu’en dehors du parti. Elle consacre, en fait, la volonté de ceux qui ne se lassent pas de conspirer pour faire avorter le projet de lutte légitime de libération et d’émancipation de cette frange dont le seul but est de se hisser au même niveau que le reste de ses frères et concitoyens auxquels on ne saurait nullement reprocher leur volonté de réaliser leurs aspirations quelles qu’elles soient. Est-ce alors juste de les accuser d’extrémisme seulement pour s’être attachés à leurs désirs de liberté, de progrès et de vie décente.