La bataille contre Aqmi : du désert au …fleuve

Si Aqmi a perdu la bataille en échouant dans sa tentative de faire exploser sa cargaison au milieu de la capitale, cette nébuleuse ne veut pas donner l’impression qu’elle a raté la guerre.

 

Avec les quelques éléments pourchassés qui lui reste, et activement recherchés par les forces de sécurité mauritaniennes, l’organisation terroriste tente de compenser ses pertes par tous les moyens quitte à tirer aveuglement sur tout ce qui se trouve à sa portée.

L’incident contre un poste de gendarmerie mobile au sud du pays zone frontalière avec la Sénégal faisant un mort parmi les gendarmes, montre que le danger ne s’est pas encore éloigné et qu’il risque de se propager aux pays voisins qui sont séparés de nous par les eaux du fleuve. Mais qui sont exposés aux dégâts collatéraux. Le commando encerclé dans une zone agricole tente de se faufiler à travers les mailles du filet pour traverser le fleuve ou s’échapper vers une destination encore hypothétique. La bataille qui s’engage dans le walo est une autre épreuve non moins dangereuse pour ces hommes habitués aux vastes étendues désertiques. Mais elle est pour les soldats mauritaniens un défi de taille après tant de peines mais aussi de préjudices subis de la part d’un ennemi qui sème la terreur en dépit de son nombre réduit. Surtout que ceux qui sont recherchés et dont les têtes sont mis à prix appartiendraient à la haute hiérarchie militaire de Aqmi. De redoutables guerriers capables de tenir tête à une armée hyper-équipée. A l’issue de cette rude confrontation qui inquiète les habitants de ces localités du fleuve, les forces de sécurité mauritaniennes doivent faire face à deux contraintes difficiles à surmonter : d’une part essayer d’éviter au maximum les pertes en vie humaines dans leurs rangs mais aussi chez les civils ; d’autre part capturer les émirs morts ou vivants avant qu’ils ne réussissent à gagner le fleuve par d’autres chemins surtout. Le champ de bataille s’est délocalisé pour ces salafistes prêts à jeter tout ce qui leur reste comme munitions dans cette bataille ou à se laisser engloutir par les eaux de Diama. Une odyssée fluviale que l’armée mauritanienne a tout intérêt à gagner. C’est ce qui semble se dessiner avec cet assaut imminent qui est en train de se faire à la frontière sud loin du paysage désertique du Sahara.
L’autre bataille doit porter sur le renforcement de la surveillance aux frontières Est et Nord du pays où Aqmi n’hésitera pas à envoyer d’autres renforts en hommes et en matériel pendant que l’attention de l’armée mauritanienne est focalisé sur les recherches de fugitifs dont l’identité ne fait que conforter les informations recueillies auprès de personnes arrêtées ces derniers jours. Du désert au fleuve, le face à face se joue dans un cadre temporel ; dans un espace et un décor atypique pour ces champions du Kalache. Le pire est de se mettre à tirer sur des bosquets alors que l’hydre a changé de cap sans être vu…

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 05/02/2011

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