Editorial (de Mariem M. DERWICH)

KASSATAYA le 04/02/2011. Les Cassandre avaient ils donc raison? Tous ceux qui, dans l’opposition en particulier et dans la société en général, dénonçaient une politique sécuritaire inefficace et liberticide doivent aujourd’hui sourire. Jaune…

 

En matière de lutte contre le terrorisme le pouvoir avait tout tenté! Le bâton, en allant frapper préventivement Aqmi hors des frontières, arrestations en série, condamnations à mort,quadrillages des grandes villes et du territoire, nouvelles lois sur les écoutes téléphoniques… La carotte : le dialogue avec les salafistes, l’extradition d’Omar Sahraoui vers le Mali, ouverture de Radio Coran, implications des imams et des érudits…

Les Mauritaniens se sentaient un peu plus à l’abri et se remettaient doucement du premier attentat suicide et de la découverte que le « péril Aqmi » est bien interne à la société mauritanienne.

Et voilà que 3 ou 4 véhicules viennent de traverser 6 régions de notre pays avant d’être interceptés à quelques kilomètres de NKTT et détruites par les forces armées.
6 régions au nez et à la barbe de l’armée.

Le château « sécurité intérieure » vient de s’effondrer.

Par delà les pathétiques communiqués de la majorité et du parti Etat, l’UPR, qui manie une rhétorique toute nord coréenne avec louanges sans fin envers les « vaillantes…glorieuses…valeureuses.. », etc, forces armées, la classe politique se retrouve, une fois de plus, enfermée dans le piège de la seule lutte contre le terrorisme.

Avec beaucoup de perversité un observateur extérieur pourrait dire que ces attaques déjouées tombent bien à propos en ces moments où le monde arabe vacille et où les peuples découvrent qu’ils peuvent faire tomber ceux que l’on croyait inamovibles.

Car aujourd’hui c’est l’union sacrée contre le terrorisme.

Il sera alors facile, face à des populations traumatisées et apeurées, de donner un tour de vis supplémentaire.

En faisant oublier que la situation économique de notre pays est plus que catastrophique, n’en déplaise aux laudateurs de l’UPR. Que notre pays vit sous perfusion de l’étranger. Que nos puits de pétrole ne sont que des mirages. Que la lutte contre la gabegie prend parfois des chemins étranges et peu aléatoires.

Que notre pays se révèle être, apparemment, une passoire où les fous furieux de l’Aqmi peuvent se balader pendant plusieurs jours sans être repérés.

Pour le moment l’heure est à l’émotion et à la peur.

Mais demain il faudra bien, au pouvoir, répondre des manquements de sa gestion de la lutte anti terroriste. Que les généraux répondent. Que le Ministre de la Défense s’explique. Que les services de renseignements rendent des comptes.

Comme dans toute démocratie qui se respecte.

 

Mariem mint DERWICH

pour KASSATAYA

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