Des affrontements éclatent place Talaat Harb au Caire

Des dizaines de milliers d’Egyptiens étaient massés ce vendredi place Tahrir, symbole de la contestation populaire, où ils ont reçu la visite de deux hautes personnalités, le président de la Ligue arabe Amr Moussa et le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui.

 

L’atmosphère est restée calme et même festive durant la matinée, mais s’est tendue en tout début d’après-midi avec l’arrivée de pro-Moubarak.

16h15. «Violents combats ici place Taalat Harb. Cocktails molotov. Tirs entendus un peu plus loin», nous écrit à l’instant notre envoyé spécial Luc Peillon, qui décrit les heurts dans un son à écouter ici. La place Taalaat Harb, stratégique dans les affrontements pro et anti Moubarak, est distante d’environ 250 mètres de la place Tahrir.

16 heures. Al-Jezira diffusent des images de la place en liesse. Les manifestants célébreraient l’annonce d’une marche sur le palais présidentiel.

15h05. L’ex-ministre égyptien du Commerce et de l’Industrie Mohamed Rachid Mohamed a été interdit de quitter le pays et ses comptes bancaires ont été gelés, indique l’agence de presse officielle Mena.

15 heures. Le point dans les autres villes: Plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestent à Alexandrie. Ce sont en majorité des partisans des Frères musulmans, selon l’AFP. Des membres des mouvements d’opposition Kefaya, 6 avril et des partisans de Mohamed ElBaradei sont également présents.

Selon le site du quotidien égyptien Al Masry Al Youm (le premier quotidien indépendant), des manifestations ont lieu dans 28 des 29 gouvernorats d’Egypte. C’est notamment le cas dans les villes de Zagazig, Sharqiya, Minoufiya. A Louxor, à 700 km au Sud du Caire, ils seraient 20.000 selon le site.

14h20. L’Iran appelle à une révolution islamique en Egypte, estimant que le modèle de la révolution iranienne de 1979 se répand comme un «tremblement de terre» susceptible de balayer l’influence américaine dans le monde arabe.

14h17. Des affrontements éclatent place Talaat Harb.

14h08. La chaîne de télévision satellitaire qatarie Al-Jezira a annoncé que son bureau au Caire avait été attaqué par des inconnus qui ont détruit ses équipements. «Des inconnus se sont introduits dans le bureau d’Al-Jazira au Caire et ont détruit ses équipements».

13h31. Les textos de l’armée. Deux opérateurs téléphoniques, Vodafone et la filiale de France Télécom en Egypte, se plaignent d’avoir été forcés d’envoyer des messages pro-Moubarak à leurs clients. Du genre: «Méfiez-vous des rumeurs, écoutez la voix de la raison».

13h16. Le chef de la Ligue arabe Amr Moussa est sur la place Tahrir.

Invité sur Europe 1 ce matin, Amr Moussa a dit ne pas exclure de briguer la succession du président Moubarak, tout en estimant que ce dernier devrait rester au pouvoir «jusqu’à fin août», fin de son actuel mandat. «Je suis à la disposition de mon pays bien sûr. Mais on va voir les développements politiques. Je suis prêt à servir comme un citoyen qui a le droit d’être candidat».

13h15. La Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, exhorte les autorités égyptiennes à mener des enquêtes «transparentes et impartiales» sur les récentes violences dans le pays.

Le changement est en «cours en Egypte comme il est venu en Tunisie», a-t-elle estimé. «Les gouvernements doivent écouter leur population et mettre en pratique leurs obligations concernant les droits de l’homme».

«Les régimes qui privent leur population de leurs droits fondamentaux et reposent sur un appareil sécuritaire impitoyable pour imposer leur volonté, sont condamnés à tomber sur le long terme».

13 heures. Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi qualifie Moubarak d’«homme sage». Il plaide pour une transition démocratique en Egypte «sans rupture».

12h15. «La cargaison comprend des kits médicaux de premiers secours permettant de traiter jusqu’à 2.000 blessés et du matériel chirurgical permettant de traiter jusqu’à 100 blessés graves», indique un communiqué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Midi. Fin de la prière place Tahrir.

«Nous sommes nés libres et allons vivre libres… Je vous demande de patienter jusqu’à la victoire», a déclaré l’imam identifié comme Khaled al-Marakbi par les fidèles, et qui a pleuré, comme beaucoup d’autres, pendant la prière aux morts. «Nous n’avons pas de parti qui nous représente et exprime nos revendications… Celui qui veut négocier doit venir ici parler.»

11h52. Les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles, mettent en garde les autorités égyptiennes contre tout nouveau dérapage à l’occasion de la grande journée de manifestations contre Moubarak. «Nous attendons que les forces de sécurité égyptiennes fassent en sorte qu’en ce vendredi décisif, des manifestations libres et pacifiques puissent se dérouler», a lancé la chancelière allemande Angela Merkel à son arrivée à Bruxelles.

11h36. Le guide des Frères musulmans, principale force d’opposition en Egypte, Mohamed Badie, a déclaré à la chaîne Al-Jezira qu’il était prêt au dialogue avec le vice-président Omar Souleimane mais après le départ du président Hosni Moubarak.

11h15. Jérusalem. La police israélienne a limité l’accès à l’esplanade des Mosquées dans la Vieille ville de Jérusalem de crainte de manifestations de soutien au soulèvement en Egypte, a annoncé un porte-parole.

11h30. Scène insolite sur la place Tahrir: un bureau des objets trouvés a été mis en place. Avec un stock impressionnant de téléphones portables, de clefs et de Coran perdus dans la bagarre.

11h22. Le guide iranien Khamenei appelle à un régime islamique en Egypte.

11h20. Début de la grande prière du vendredi place Tahrir.

11h15. La place Tahrir se remplit de plus en plus. Ils sont entre 5 et 10.000 manifestants anti-Moubarak rassemblés. Ils se préparent pour la prière. «Il y a beaucoup de blessés, souvent à l’oeil ou à la jambe», raconte luc Peillon, notre envoyé spécial. Toujours pas de pro-Moubarak à l’horizon.

11 heures. Une roquette antichar a été tirée sur le siège de la Sécurité de l’Etat dans la ville égyptienne d’El-Arich, près de la frontière de la bande de Gaza.

10h30. Journalistes. Les conditions de travail sont de plus en plus dures dans la capitale égyptienne. Les membres de l’équipe de TF1 arrêtés hier matin au Caire ont été libérés au milieu de la nuit. Ils «vont bien physiquement» après avoir vécu «quinze heures d’interrogatoires», a indiqué Catherine Nayl, directrice de l’information de la chaîne. «On circulait en voiture. Des hommes en civils, armés de longs couteaux et de bombes de gaz lacrymogènes, nous ont arrêtés sans aucune raison particulière. Ils avaient manifestement l’ordre d’arrêter des journalistes», a raconté à l’AFP Pierre Grange, l’un des trois reporters, joint au téléphone au Caire.

10h15. Le ministre égyptien de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui s’est rendu place Tahrir. «L’homme (Moubarak, NDLR) vous a dit qu’il n’allait pas se représenter», a lancé le ministre.

10 heures. La place Tahrir se réveille doucement. Les manifestants anti-Moubarak ont passé la nuit ici. «Certains sont allongés sur le sol, épuisés, dans un état comateux. D’autres distribuent du pain ou reconstituent des tas de pierres derrière chaque barricade. Beaucoup portent des casques récupérés dans des chantiers pour se protéger. L’armée est présente, doublant les barrages des manifestants», raconte notre envoyé spécial Luc Peillon. Sur place, les militaires sont de plus en plus critiqués, comme Ahmed qui dit «ne plus avoir confiance en l’armée.» Mohamed, 37 ans, une balle «made in USA» à la main, dénonce: «On se fait tuer par des balles américaines». Aucun n’entend quitter la place, «on ne bougera pas jusqu’à la mort, résume Oussama. De toute façon on n’a plus le choix, on ne peut plsu faire de marche arrière.»

8h45. Un des envoyés spéciaux de Libération au Caire, Luc Peillon, décrit une place Tahrir calme. «La place se réveille, les manifestants anti-Moubarak qui ont passé la nuit ici ont renforcé les barrages. Ce matin, ils doivent être 3000 ou 4000. Les militaires ont formé une barrière pour fermer le haut de la place. Selon Ashraf Mousa, un des médecins qui s’occupe d’un hôpital de fortune installé sur la place, cette nuit, il y aurait eu cinq blessés par balles — deux à la tête et deux à l’abdomen — dont quatre seraient morts. Pour Hicham, un ingénieur, il n’y pas de doute: « les gens qui ont tiré cette nuit sont des professionnels, ils ont tiré de très loin, ce sont probablement des snipers ». Les journalistes présents reçoivent beaucoup d’encouragements et de témoignages d’amitié des manifestants qui savent que les reporters ont été harcelés hier

6h25. Interviewé sur la chaîne ABC News à propos des tirs qui ont visé les manifestants regroupés sur la place Tahrir, au centre du Caire, le vice-président égyptien Omar Souleiman affirme: «Ils se sont bien comportés». «Personne n’a été tué par des tirs d’armes ou des snipers. Impossible», a-t-il ajouté.

6h25. Le plus haut gradé américain, l’amiral Mike Mullen, affirme que les chefs de l’armée égyptienne lui ont «réaffirmé» qu’ils n’ouvriraient pas le feu contre les manifestants.

Dans la nuit. Les Etats-Unis discutent avec des responsables égyptiens des modalités d’un départ immédiat du président Hosni Moubarak et du transfert du pouvoir à un gouvernement de transition dirigé par le vice-président Omar Souleimane, rapporte le New York Times. Le quotidien américain cite des responsables de l’administration Obama et des diplomates arabes. Le projet est destiné à recueillir le soutien de l’armée égyptienne. Selon le journal, l’idée serait de former un gouvernement de transition auquel seraient invités à participer des groupes d’opposition, les Frères musulmans compris.

Moubarak dit en avoir «assez d’être président»

2h30. Le Sénat américain adopte à l’unanimité une résolution à la portée symbolique exhortant le président égyptien à former un gouvernement intérimaire, sans toutefois demander la démission d’Hosni Moubarak.

Luc Peillon avec AFP

Source  :  Libération le 04/02/2011

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page