Mauritania Airways victime de ses gestionnaires

Depuis jeudi dernier, la compagnie nationale Mauritanie-Airways a annoncé l’annulation de tous ses vols. Est-ce un arrêt temporaire des activités ? Ou est ce que cela préfigure autre chose?

 

Selon une source proche de la société, l’avion affrété auprès de Tunisair est rentré pour être remplacé par un autre qui a pris du retard. Mais pourquoi les deux autres avions partis pour une maintenance d’une dizaine de jours ne sont toujours pas revenus au bout d’un mois?

On sait que Mauritanie-Airways est plongée dans des difficultés inextricables qui ont été accentuées par l’accident de Conakry et l’interdiction de l’espace européen aux avions mauritaniens.
Mais le problème de Mauritanie-Airways, c’est d’abord et avant tout la gabegie incroyable qui a caractérisé la gestion de l’ancien directeur général Moncef Badis. Imaginez ! Le manager nommé par le partenaire stratégique a profité de la carte blanche qui lui a été donnée pour recruter comme directeur financier rien moins que son propre neveu Saber.

Ainsi pour multiplier les dépenses, Badis avait multiplié les agences et représentations alors qu’à l’établissement de la société les partenaires avaient préconisé que là où il y avait une représentation de Tunisair, elle devait s’occuper de représenter Mauritania Airways et vice versa.

L’inobservation de cette recommandation trouve son explication dans le fait qu’un détournement de 1000 euro seulement, au détriment d’une entreprise tunisienne expose son auteur à 15 ans de prison alors que cette règle ne s’applique pas à Mauritania Airways qui est une société de droit mauritanien.

La dimension catastrophique de la gabegie qui sévissait à Mauritania airways, a été révélée, semble-t-il, par l’audit réalisé en interne par Tunisair en Avril 2010. En Septembre 2010 Badis et son neveu furent rappelés à Tunis. Lui demandera-t-on des comptes ? Aura-t-il à rembourser les sommes détournées ?

On découvrit ainsi au cours de cet audit que l’ancien DG se faisait payer jusqu’à 200 jours par an de frais de mission. Même lorsqu’il rendait visite à ses enfants en France, ce qu’il ne se privait pas de faire plusieurs fois par an, la compagnie lui payait des frais de mission. De plus au sein du personnel il avait installé un climat délétère et plusieurs fois il fut taxé de comportement raciste à l’égard du personnel mauritanien.

Ce dernier dès qu’une opportunité s’est offerte par la naissance de la nouvelle compagnie Mauritania Airlines Internationale, a préféré quitter le navire qui prenait l’eau pendant qu’il était temps. Ainsi les commandants El Hadj, Denebja, Teyib, Bennahi, et Eyil ainsi que trois mécaniciens et plusieurs PNC (Personnel navigant commercial) ont déjà gagné la nouvelle compagnie. Toute cette situation est le résultat de la gestion unilatérale de Moncef Badis et son neveu.

Depuis septembre Tunisair a envoyé M Ridha Jemaiel, gestionnaire de formation, pour prendre les choses en main. Mais que peut faire Jemaiel, malgré sa compétence après tant de gabegie. Même s’il travaille d’arrache pied et qu’il s’est fait entourer d’une nouvelle équipe dynamique ne sera-t-il pas un médecin après la mort ? Pourtant doit être entrepris pour sauver ce fruit de la coopération exemplaire entre la Tunisie et la Mauritanie qui aujourd’hui bat de l’aile.

Pourtant à sa naissance Mauritania Airways ne manquait pas d’atouts. Air Mauritanie n’était plus que l’ombre d’elle-même, elle sera liquidée une année plus tard par le gouvernement de Zein Ould Zeidane. L’autre concurrent Air Sénégal International était en cours de liquidation ce qui laissait à Mauritanie Airways le champs libre pour une réussite fulgurante.

A cette époque elle disposait d’une flotte constituée de deux Boeing 737 new génération, en plus d’un ATR 42. Elle employait 160 personnes dont 72 PNC constitués à 94% de mauritaniens.

Sur le réseau domestique, elle opérait sur Nouakchott, Nouadhibou et Zouérate. Sur notre réseau international africain, elle opérait sur Dakar, Bamako, Abidjan, Niamey, Conakry, Cotonou, Brazzaville, Tunis, Libreville et Banjul. Sur le réseau européen, elle était présente à Paris et Las Palmas.

Bouna Cherif

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 02/02/2011

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