Un nouveau Premier ministre en Jordanie
Le roi Abdallah II de Jordanie a limogé mardi 1er février son Premier ministre pour calmer la rue qui réclamait son départ, mais la puissante opposition islamiste a immédiatement critiqué le choix de son remplaçant et promis de nouvelles manifestations. L’opposition islamiste et de gauche a organisé plusieurs manifestations ces dernières semaines pour protester contre la vie chère et réclamer des réformes. Les slogans ont souvent visé le Premier ministre Samir Rifaï, violemment critiqué pour sa politique économique, malgré une série de mesures sociales.
Mardi, le palais royal a annoncé le limogeage de Samir Rifaï, remplacé par Maarouf Bakhit, 64 ans, qui a déjà été Premier ministre (2005-2007). Il a désormais « quelques jours » pour annoncer la composition de son gouvernement, selon le palais qui compte sur lui pour éviter que les manifestations ne prennent de l’ampleur.
Convocation du Parlement au Yemen
Le président yéménite Ali Abdallah Saleh, confronté lui aussi à des protestations populaires, a convoqué le parlement et le conseil consultatif à une réunion mercredi, à la veille d’une manifestation prévue par l’opposition. Le chef de l’Etat devrait s’exprimer au cours de cette réunion extraordinaire, a-t-on précisé de même source, sans donner d’information sur la teneur de son intervention.
Des milliers de Yéménites avaient manifesté jeudi dernier à Sanaa à l’appel de l’opposition pour réclamer le départ du président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.
La réunion de la Chambre des députés et du Majlis Al-choura (conseil consultatif) intervient à la veille d’une « Journée de colère » jeudi, toujours à l’appel de l’opposition.
Le parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG), a également appelé ses partisans à des manifestations le jour même pour contrer l’opposition, selon une source du CPG.
Manifestations et grèves en Algérie
Une série de grèves a débuté mardi en Algerie avec des mouvements du personnel paramédical et de l’éducation qui réclament des augmentations de salaires alors que l’opposition vient d’appeler à une marche à Alger pour demander « le départ du système ».
Les chômeurs prévoient pour leur part le 6 février un mouvement de protestation devant le siège du ministère du Travail à Alger où ils comptent déposer une plate-forme de revendications, toujours selon El Khabar.
L’annonce de ces mouvements intervient alors que la toute nouvelle Coordination nationale pour le changement et la démocratie, qui regroupe des mouvements d’opposition et organisations de la société civile, a appelé à une marche le 12 février à Alger. Cette coordination, née le 21 janvier dans la foulée des émeutes du début janvier qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés, revendique la levée de l’état d’urgence, instaurée il y a 19 ans, mais surtout « le départ du système ».
La Coordination, dont fait partie le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, opposition) s’attend à ce que l’autorisation des autorités pour leur marche du 12 février soit refusée.
Le ministre algérien de l’Intérieur Dahou Ould Kablia avait rappelé dimanche qu’aucune marche ne sera autorisée par les autorités à Alger, dans un entretien au quotidien francophone Liberté. Le ministre a expliqué que l’interdiction des marches était justifiée par des raisons de sécurité.
Les manifestations de rue sont interdites à Alger depuis le 14 juin 2001 quand une marche en faveur de la Kabylie avait tourné à l’émeute faisant huit morts et des centaines de blessés.
Un appel sur Facebook à manifester en Syrie
Un appel à manifester vendredi après-midi contre la « monocratie, la corruption et la tyrannie » en Syrie a été lancé ces derniers jours sur Facebook, pourtant censuré. Un groupe Facebook, qui avait réuni plus de 7.800 membres mardi matin, a lancé un appel à manifester sous le slogan de « la Révolution syrienne 2011« . Il invite les jeunes Syriens à manifester vendredi après la prière, « la première journée de la colère du peuple syrien et de rébellion civile dans toutes les villes syriennes ».
« Vous ressemblez aux jeunes de Tunisie et d’Egypte. Nous ne voulons pas une révolution violente mais un soulèvement pacifique (…), haussez la voix d’une manière pacifique et civilisée, car exprimer ses opinions est garanti par la Constitution », indique le groupe dans un communiqué publié sur le site. « Il ne faut plus accepter l’injustice », insiste-t-il. « Nous ne sommes pas contre ta personne mais contre la monocratie, la corruption et la tyrannie et le fait que ta famille et tes proches se soient accaparé des richesses », indique encore le texte, en s’adressant au président syrien, Bachar al-Assad.
Le site Facebook est bloqué par les autorités syriennes mais les internautes, grâce à certains programmes, peuvent contourner la censure.
Un autre groupe Facebook a appelé à un sit-in jeudi à 15h (13h GMT, 14h heure de Paris) devant le Parlement à Damas « en solidarité avec les étudiants, les employés, les chômeurs et les retraités désargentés ».
Samedi après-midi, les forces de l’ordre avaient empêché un rassemblement de jeunes près de l’ambassade d’Egypte à Damas. L’appel à ce rassemblement de solidarité avec les manifestants avait été également lancé sur Facebook.
Source : Le Nouvel Observateur le 01/02/2011