Après les révolutions tunisienne et égyptienne, une « intifada » populaire est-elle possible en Mauritanie ?

“Ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte est-il envisageable en Mauritanie ?”. Cette interrogation revient souvent ces jours à Nouakchott et taraude les élites, la rue et les dirigeants politiques mauritaniens depuis la fuite de Ben Ali et les manifestations contre le régime de Hosni Moubarak.

Pour Bâ Boubakar Moussa, premier vice-président de l’Union des Forces du Progrès (UFP, opposition) : « Comme des citoyens tunisiens et égyptiens, un mauritanien s’est immolé par le feu. Son geste résulte de la détresse et au désespoir d’un citoyen confronté à l’injustice et la gestion clanique des affaires du pays par le pouvoir, en particulier par le chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz. Cet acte intervient dans un contexte particulier où en Tunisie et en Egypte, deux pays frères dans lesquels les citoyens souffrent de la gestion maffieuse et clanique de Ben Ali et de Hosni Moubarak. Evidemment, de tels actes et d’autres plus graves pourraient se répandre ou même s’aggraver si le pouvoir mauritanien continue à appliquer la même politique que Ben Ali ou Moubarak ». Même logique de raisonnement chez Ahmed Ould Daddah, président du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et chef de l’opposition démocratique en Mauritanie, au cours d’un meeting organisé la semaine dernière à El Mina (Nouakchott) : « Une reproduction du scénario tunisien est bien possible en Mauritanie où le pouvoir personnel d’Ould Abdel Aziz pousse des milliers de jeunes diplômés chômeurs à se tordre de faim dans les quartiers précaires sans aucune perspective. Nous l’avons averti à plusieurs reprises sans succès. Ould Abdel Aziz  a intérêt à méditer et tirer les enseignements des révolutions de la rue arabe ». Messaoud Ould Boulkheïir, président de l’Assemblée nationale en Mauritanie et chef de l’Alliance populaire progressiste (APP, opposition) estime que le pays n’est pas à l’abri des  « des révoltes populaires ou des menaces de changements radicaux inattendus ». Ce leader haratine a, dans un discours prononcé  à l’ouverture d’une session extraordinaire du Parlement, jeudi 27 janvier 2011, prôné « le dialogue entre la majorité et l’opposition pour faire face à la conjoncture difficile marquée par le chômage et la hausse spectaculaire des prix ». Pour Mohamed Ould El Kory,  directeur de la communication à l’ANAIR et responsable à la Commission Politique de l’Union Pour la République (UPR, parti au pouvoir en Mauritanie): « Au niveau de la majorité , nous n’avons jamais prétendu que la Mauritanie est à l’abri des coups de tonnerre de l’histoire, mais notre révolution populaire, on l’a faite en juillet 2009 en élisant à la magistrature suprême le Président Mohamed Ould Abdel Aziz qui a uni les Mauritaniens et qui a remis l’histoire de notre pays en mouvement contre tous les immobilismes. Mais depuis la déroute de tous ses candidats à l’élection présidentielle mauritanienne de juillet 2009, (le président de l’assemblée nationale Messaoud Ould Boulkheïr, l’opposant historique Ahmed Ould Daddah,  l’islamiste Jemil Mansour, l’ancien Chef d’Etat le colonel Ely Ould Mohamed Vall…), l’opposition a pris la fâcheuse habitude de donner de l’insulte, là où elle manque d’arguments. Evidemment, ces opposants savent que la Mauritanie n’est pas une copie conforme de la Tunisie ou de l’Egypte.  Il n’y a aucun prisonnier politique aujourd’hui en Mauritanie. Le Président Aziz a installé un véritable Etat de droit démocratique, moderne, solidaire, porteur de progrès et d’équité. C’est bien ce dirigeant, imbu d’une légitimité populaire, qui a pris la décision historique et courageuse de résoudre des questions humanitaires nées de deux décennies d’injustice. Le retour organisé de plus de 21.000 déportés négro-mauritaniens et le règlement du passif humanitaire. Cela ne s’oublie pas. Par sa présence à la Grande Prière de Kaédi, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a convié l’ensemble des Mauritaniens à sceller la réconciliation nationale et à transcender, dans un élan de foi religieuse et de solidarité patriotique, les vicissitudes, les rancœurs, la tristesse, les ressentiments et les douleurs nés de deux décades d’injustice. Par son règlement définitif du passif humanitaire et sa concrétisation d’une stratégie nationale afin de renforcer tous les facteurs de cohésion sociale entre les communautés de rapatriés et d’accueil, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz  offre aujourd’hui l’occasion pour la Mauritanie de s’ériger en exemple, d’être fière de sa diversité et d’accroître son rayonnement sur le plan international. Concernant les populations pauvres des quartiers précaires, le Président Aziz a été toujours le porteur de leurs espérances. Des dizaines de milliers  de terrains ont été distribués à des laissés pour comptes  des quartiers populaires de Nouakchott et de Nouadhibou qui croupissaient dans des situations inhumaines nées des injustices et des souffrances de plusieurs décades. Ces deux dernières années, le Président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz a équipé plus d’hôpitaux, construit plus de forages, plus de routes en milieu urbain, plus de salles de classe que les régimes de Mokhtar Ould Daddah, Ould Saleck, Ould Haïdalla, Maaouiya Ould Taya, Ely Ould Mohamed Vall et Sidi Ould Cheikh Abdallahi réunis. Le Président Aziz a engagé une vaste campagne contre la gabegie et ses auteurs en vue de respecter les deniers publics et l’optimisation des ressources naturelles du pays. Le Président s’est lui-même déplacé dans le Triangle de la pauvreté dans l’Aftout où les villages haratines étaient délaissés par toute la communauté nationale. Il a eu à inaugurer plusieurs programmes sociaux de base. Plusieurs routes sont en train d’être réaliser, sur fonds propres de l’Etat mauritanien, dans cette zone de l’Aftout oriental . Sans lobbying des chefs de tribus ou des groupes de pression régionaux, ce projet du Président Mohamed Ould Abdel Aziz, d’un coût de 84 millions de dollars américains, désenclavera tous les villages haratines de Vrei Imijij, Tourey 1, Tourey 2, Barkéoel, Esswata, El Vet’h, Benar, Tadioukel, Male, El Jedida, Bofal, Boulehrath 1, Boulehrath 2, Koumben, R’dheydii, Bathet Tmedek, El Mebrouk.  Certes, il reste beaucoup à faire. Certes, les inégalités, les injustices, la pauvreté continuent à fragiliser notre société. Mais nous avons en nous-mêmes, dans cette Mauritanie nouvelle, tous les atouts du sursaut, à commencer par une jeunesse formidable, avide de justice, ardente au travail quand elle en trouve, prête à entreprendre et à créer. Notre premier devoir est de lui donner toutes ses chances en rendant plus efficace notre système éducatif. Et dans cette optique, nous avons vu une grande première en Mauritanie : un Président de la République qui se rend à l’Université et discute à bâtons rompus avec des étudiants de leurs problèmes dans un grand amphithéâtre plein à craquer. Juste après, le Président Aziz pose la première pierre du campus universitaire de Nouakchott et règle définitivement le problème du transport des élèves et des étudiants par la création d’une société nationale des transports qui commence à solutionner le problème du transport urbain au niveau de la capitale. Dernièrement, le Président Aziz a instruit le gouvernement d’accentuer les efforts entrepris pour continuer dans le sens d’une baisse des prix des denrées de première nécessité afin de soulager les ménages mauritaniens.  Concernant le dialogue, le Président Aziz  a toujours annoncé son attachement à l’esprit d’ouverture et à la concertation avec toutes les forces politiques du pays ». Et le responsable au parti du pouvoir en Mauritanie de conclure : « Le Président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, est de par sa fonction au dessus de la  mêlée. A l’UPR, on reste attaché au dialogue mais il conviendra d’en définir les contours et le contenu. Et bien entendu les contours de ce dialogue se présentent sous la configuration d’un préalable incontournable sans lequel aucun échange, aucune concertation, mais surtout aucun dialogue n’est envisageable. Le postulat premier est que la majorité gouverne et l’opposition participe dans la délibération collective. Mais force est de reconnaître que les dirigeants de l’opposition mauritanienne que vous avez cité, Bâ Boubakar Moussa, Ahmed Ould Daddah, Messaoud Ould Boulkheïr ont leur avenir politique derrière eux et doivent dégager pour un renouvellement de la classe politique ».

Source  :  Mauritanie24 le 30/01/2011

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