Le blues des ferrailleurs

L’épaisse fumée s’élève dans les jardins maraîchers de Sebkha.Sidi (appelons-le ainsi) retourne le métal à l’aide d’un bâton.«Il faut éliminer le caoutchouc mais veiller à ce que le métal ne fonde pas.Ce travail je le fais occasionnellement», dit-il.

Son cas n’est pas isolé.Le métier de revendeur de métal tend à gagner du terrain.A l’origine ce sont les enfants qui collectaient les métaux pour le revendre.Désormais les adultes s’y mettent.

Il existe deux types de collecteurs. Il y a ceux qui ramassent les métaux, pour le revendre. Il y a ceux qui achètent le métal pour l’écouler par la suite. «Ceux qui ramassent le fer, l’aluminium, peuvent en trouver dans les bâtiments, nouvellement construits. Certains demandent une autorisation avant d’y pénétrer afin de ramasser les fils et tiges de fer laissés sur place par l’électricien et le maçon. D’autres par contre procèdent par effraction», confie Ali. Ils peuvent en trouver également dans les décharges publiques ou en sillonnant les rues. Le deuxième type de collecteur lui se procure le métal en achetant tantôt auprès voitures et autres machines hors d’usage, tantôt auprès de ramasseurs de métal. Le fer qu’il revend est exporté».

Combien gagne un collecteur? «Difficile à chiffrer», affirme Oumar tout en continuant à remuer les fils qu’il venait de brûler afin de séparer l’aluminium du caoutchouc qui l’entoure. «Le kilo d’aluminium rapporte 1000 UM». «Celui du fer coûte 40 UM». Mais Le métier ne rapporte plus comparé au passé», déclare pour sa part Ali. « Le fer est de moins en moins vendu». Même son de cloche chez Oumar. Oumar est spécialisé dans la vente des métaux, il a comme clients les indiens. Tout allait bien pour lui, mais depuis quelques temps, il n’arrive plus à joindre les deux. Sa boutique située en face de l’établissement scolaire dénommé l’Ecole et la Vie est remplie de ferraille. Ses employés sont là assis oisifs. « Nous n’arrivons plus à écouler nos métaux», dit-il. A qui la faute ? Aux opérateurs économiques qui exercent dans le domaine de l’extraction du fer? Quoiqu’il en soit le métal ramassé dans les rues est moins cher que celui extrait du sous-sol par la SNIM.

Samba Camara

Source  :  Le Rénovateur le 27/01/2011

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