Aqmi brouille les pistes. Selon une source malienne bien renseignée sur les otages étrangers détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique, la nébuleuse salafiste aurait dispersé ses prisonniers, détenus jusqu’alors dans le nord du Mali.
« Les sept otages [cinq Français et deux Africains, enlevés en septembre à Arlit au Niger, NDLR] ont été dispersés et ne sont plus sur le territoire malien. Nous en avons la certitude », a déclaré cette source à l’AFP sous couvert d’anonymat. « Il y a de bonnes volontés maliennes et nigériennes qui font tout pour obtenir des résultats satisfaisants, mais ce n’est pas facile », a-t-elle ajouté.
Ce développement intervient alors que le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, auquel l’Aqmi a fait allégeance en 2006, a de nouveau exigé le retrait des soldats français d’Afghanistan comme condition de la libération des otages français selon un enregistrement sonore diffusé vendredi par Al-Jazira. Une exigence rejetée par Paris. Fin octobre, il avait lié la libération des otages à un retrait français et avait justifié le rapt de Français au Sahel, comme riposte des musulmans à l’interdiction, dans certaines situations, du voile intégral en France.
Aucune nouvelle preuve de vie
Peu après leur enlèvement dans la nuit du 15 au 16 septembre sur le site d’une mine d’uranium du groupe français Areva à Arlit (nord du Niger), les sept otages (cinq Français, un Togolais et un Malgache) avaient été emmenés au Mali. Il avaient été localisés, ensemble, dans la zone du Timétrine, une région montagneuse du désert malien situé à environ une centaine de kilomètres de la frontière algérienne.
La seule femme du groupe, Françoise Larribe, épouse d’un des autres otages français, souffre d’un cancer et avait suivi une chimiothérapie peu avant son enlèvement, selon ses proches.
Aqmi avait renvendiqué le 21 septembre l’enlèvement de ces sept expatriés et le 30 septembre, l’organisation avait diffusé une photo des otages, accompagnée d’un enregistrement audio. Il n’y a depuis plus eu de nouvelles preuves de vie rendues publiques.
L’image les montrait alors assis sur le sable dans le désert, des hommes en armes debout derrière eux. Un seul des ravisseurs, assis à côté des otages, n’avait pas le visage masqué. Pierre Camatte, ex-otage français qui avait été détenu près de trois mois dans le désert malien par Aqmi, avait affirmé avoir reconnu en lui l‘Algérien Abdelhamid Abou Zeid, un des chefs les plus radicaux d’Aqmi.
Abou Zeid avait dirigé l’enlèvement du Français Michel Germaneau, 78 ans, dont Aqmi a annoncé l’exécution le 25 juillet. C’est son groupe qui est également responsable de l’assassinat en 2009 d’un otage britannique, Edwin Dyer.
Deux Français enlevés dans la capitale nigérienne en janvier ont par ailleurs trouvé la mort au cours d’une opération militaire franco-nigérienne pour les libérer.
Source : Jeune Afrique le 23/01/2011