Exploitation pétrolière:Le rêve brisé ?

Pétrole ! Tout le monde en parle dans notre pays, mais personne ne sait exactement où en sont arrivées les recherches engagées depuis quelques années dans le bassin côtier et dans le Bassin de Taoudeni.

 

Chaque mauritanien scrute le moindre indice positif annoncé ici ou là et chacun essaie d’entretenir l’espoir de se transformer en riche Etat pétrolier (dont les citoyens peuvent vivre dans le faste exactement comme le sont les gens du Golfe), même si l’exploitation du forage de Chinguetti a été une grande déception. Ce projet, qui avait suscité, à son début, toutes les attentes, est presque en état d’arrêt actuellement et l’entreprise exploitante, Petronas, a cédé la plupart de ses actions en Mauritanie.
Y a-t-il du pétrole en Mauritanie ? Quel est le niveau des découvertes ? Où sont-elles ? Sont-elles exploitables et, pourquoi on n’en parle pas officiellement ? Beaucoup de questions qui taraudent tous les esprits…

En 2004, Maaouiya Ould Taya, alors président de la République, disait à un haut fonctionnaire, qu’il avait convoqué pour le nommer à la tête d’une importante entreprise publique : cherche à décrocher un partenaire étranger pour cette boite, sinon essaie de la maintenir en vie jusqu’au commencement de l’exploitation du pétrole de Chinguitti… ‘’En ce temps là, nous n’aurons plus de problème’’…
Cette histoire résume toutes les attentes et les espoirs que les mauritaniens portaient sur l’exploitation du forage de Chinguitti qui devrait, initialement, produire 70 mille barils/jour. Très vite, tout le monde a déchanté du fait que la production du premier puits ‘’national’’ ne cessait de diminuer jusqu’à ce qu’elle s’est stabilisé autour de 10 mille barils/jour. WoodSide, la société australienne qui était tête de file du consortium d’entreprises actionnaires de Chinguitti, sentant le danger, décide de mettre fin à ses activités en Mauritanie et réussit à ‘’filer le morceau’’ à une société Malaisienne, Pétronas, à laquelle elle vent toutes ses parts dans notre pays. Cette dernière, qui n’a jamais bien compris le ‘’milieu’’ décide à son tour de céder ses parts dans le secteur pétrolier mauritanien à Tullowoil, celle qui a hérité Hardman. Est-ce que le départ de certains et l’arrivée d’autre est un signal positif ou négatif pour la recherche pétrolière en Mauritanie ? La véritable question à laquelle on ne dispose pas encore de réponse claire. Chacun a ses analyses et ses conclusions qui sont parfois opposées et contradictoires.

Le continent, zone promotteuse
Exit chinguitti et tout l’offshore mauritanien (le bassin côtier qui s’étale sur une superficie de 160km2) ! Place à l’on-shore qui correspond au bassin de Taoudeni qui se situe dans la zone continentale et dont la superficie couvre 500.000km2. Il couvre une grande partie des régions de l’Adrar, Tagant, Les deux Hodhs, Assaba. Dans ce désert inhospitalier, le département concerné a distribué la zone en 73 blocs dont 10 seulement sont actifs. Quatre opérateurs chefs de file dans le domaine possèdent des permis dans cette région continentale : Total (France), Repsol (Espagne), Wintershall (Allemagne), Sonatrach (Algérie). Parmi celles-ci, on parle surtout des travaux menées par l’entreprise française parce qu’elle se trouve déjà dans une phase avancée de la recherche. Elle a lancé, depuis septembre 2009, son premier forage dans une zone qui se situe entre Chinguitti et Ouadane. Prévue initialement pour quelques mois seulement, cette phase de forage continue toujours et intrique beaucoup de monde. Certains, pas nécessairement des spécialistes mais des commentateurs ‘’libres’’ –si on peut les appeler ainsi- dont les propos se répandent vite et sont généralement colportés d’un salon à l’autre, estiment que Total fait exprès d’entourer son boulot dans la zone d’une très grande discrétion pour protéger le secret ‘’industriel’’ tel que le dictent les raisons de stratégie commerciales. Elle observerait donc le silence –coupable aux yeux d’une opinion pressée à trouver l’information et qui fait tous les rêves sur l’avenir que peut lui assurer l’existence du pétrole dans notre pays- pour, dit-on, ses considérations ‘’hautement’’ stratégiques. Cette version est d’autant plus en vogue que l’entreprise française aurait demandé l’octroi d’une licence d’exploration dans la même zone. Sa demande serait actuellement étudiée par les services compétents du ministère du Pétrole. Autre point qui va dans le même sens, le risque pris par les français dans une zone exposée aux attaques des terroristes d’Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) et ne peut s’expliquer que par l’importance de l’enjeu et l’existence de véritable indices qui peuvent pousser à braver l’interdit et s’exposer au risque d’être enlevé ou attaqué par les terroristes.
Quant aux spécialistes du domaine, laissés un temps perplexes par la longue durée du forage de Total, avancent d’autres raisons qui semblent objectives pour expliquer le retard enregistré dans l’exécution du forage de Total.
Ils évoquent d’abord la dureté de la roche rencontré vite par les foreurs et qui a beaucoup retardé leurs travaux. Il semblerait qu’il y a des roches très dures et parfois difficiles à traverser. C’est apparemment le cas de ce forage.
L’autre raison citée est la vétusté des équipements de la société de forage chinoise que Total loue les services. Les travaux se seraient arrêtés plusieurs fois à cause de pannes technique de la foreuse…

Où en est-on ?
Total n’est pas seule dans ce projet. Elle associe avec elle deux entreprises pétrolières arabes (Sonatrach d’Algérie et Qatar Petrolum), dont la participation de chacune dans ce projet s’élève à 20%. Son fameux forage –les travaux d’hercule- est maintenant terminé, mais les tests de productions qui étaient en cours ont été suspendus pour réaliser un forage dévié afin d’explorer une zone latérale, jugée ‘’prometteuse’’ dans le jargon des pétroliers. Il faut patienter encore pour connaitre les résultats de ce forage. Da
Dans ce chapitre, il faut signaler que Total envisage de commencer un forage en septembre 2011 dans ses blocs à proximité de ceux accordés à Wintershall. Les deux sociétés envisageraient – les discussions sont en cours- de prendre des participations croisées dans leurs blocs voisins. Une manière de se partager les risques et, éventuellement, les bénéfices, mais qui démontre l’intérêt des entreprises pétrolières pour notre désert de Taoudeni qui est, comme on dit dans le langage de la guerre, un objectif intéressant pour la recherche pétrolière…
Dans ce désert, il y a aussi l’activité menée par Repsol qui est à la phase sismique qu’elle doit achever à la fin de cette année, 2011. L’entreprise allemande Wintershall a déjà achevé la phase sismique et envisage de commencer la phase de forage au début de l’année 2012. Quant à la société algérienne, Sonatrach, associée avec la SMH (Mauritanie) à hauteur de 30%, elle a terminé la phase géophysique et s’apprête à aborder la phase sismique en 2011.
Notons enfin que cette zone continentale, particulièrement dans le bloc 6, la société Agip (italienne) avait réalisé un forage pour la recherche pétrolière en 1974. Dans le bloc 10, celui que possède actuellement Repsol, la société Texaco avait réalisé à la même date un forage d’exploration qui a révélé l’existence d’une importante quantité de gaz dont le débit était estimé à 13mille mètres cube par jour.

Offshore décevant
La recherche pétrolière avait commencé ces derniers temps dans la zone côtière, appelée dans le jargon pétrolier : l’offshore mauritanien. Cette zone est partagée en 56 blocs dont huit seulement sont actifs et dans lesquels s’activent quelques entreprises chefs de file. Dans le bloc numéro 1, Dana a été remplacée par une société coréenne : Knoc qui devient de facto leader dans cette zone. Dans le bloc 2, Tullowoil remplace Hardman, Petronas dans le bloc 6, Knoc au bloc 7 et Russeft au bloc11…
Dans cette zone de l’offshore, il n’y a pas beaucoup de choses à signaler sauf qu’elle renferme le premier forage exploité et dont la production continue même elle se réduit comme peau de chagrin. La société Malaisienne qui a remplacé Woodside, premier chef de file dans l’exploitation de Chinguitti, a cédé presque toutes ses actions à Tullowoil et n’a conservé, en parts majoritaires, que Chinguitti. Il semble qu’elle a rencontré beaucoup de difficultés pour renouveler ses licences. Certains estiment que l’Etat fait exprès de la pousser à la sortie. D’autres estiment qu’elle manquait de savoir faire dans le domaine et que celle qui a hérité ses actions serait en mesure de s’entendre avec le gouvernement mauritanien.
Signalons, côté découvertes, qu’il y a Tioff appelé désormais Walata et Tevet pour le pétrole et Banda pour le gaz. Tout dernièrement Knoc a découvert dans le bloc7 du gaz dont les quantités restent à déterminer.
Quoi qu’il en soit et quelque soit le bruit qui entoure la recherche pétrolière dans notre pays, on ne peut ni confirmer ni infirmer l’idée qui se dégage déjà de pays pétrolier. Rien sur le terrain ne permet d’accréditer une telle thèse. Levons nos mains vers le ciel et continuons d’implorer le bon Dieu…

Mohamed Mahmoud Ould Targui

Source  :  Biladi le 19/01/2011

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