Assemblée Nationale : Fin de la session de toutes les adversités .

La dernière session de l’Assemblée Nationale aura vécu. Députés de la Majorité et de l’Opposition ne se sont pas faits de cadeaux.

 

Le Gouvernement a pris des coups sous forme d’interpellations musclées, notamment sur la hausse des prix et la lutte contre la gabegie.

Rarement session parlementaire a été riche en interventions, surtout du côté de l’opposition qui ne voulait pas rater cette occasion pour tirer à boulets rouges sur la politique du Gouvernement du Président Mohamed Ould Abdel Aziz, que dirige l’inamovible Moulaye Ould Mohame Laghdaf. En ce temps de crise financière mondiale, de paupérisation des masses, et de hausse de prix des denrées de première nécessité, l’opposition a eu, sans peine, de quoi se mettre dans la bouche et de croquer, à pleines dents, la politique du gouvernement, qu’elle a jugé globalement négatif.

L’actualité, du moment,  étant dominée par la dureté des conditions de vie et la révolte des populations en Algérie, Tunisie et Jordanie. La Mauritanie, même si elle n’est pas frappée de plein fouet par le phénomène, est, néanmoins, touchée. Le Gouvernement a trouvé sa justification dans la conjecture économique mondiale. Et l’opposition n’en veut entendre, en élevant la surenchère.  L’assemblée nationale a servi de joutes. Pour le député de la Majorité, Mohamed Ould Babana, « l’évocation de la question des prix est une vérité derrière laquelle se cache de mauvaises intentions ». Sur le refus du Premier ministre de répondre à certaines questions des députés, le député dira que cela entre dans le « cadre de la confusion » qu’elle cherche à entretenir dans l’esprit du citoyen ». Un député de la majorité renchérira, en affirmant que l’Etat investit des sommes colossales pour la stabilisation des prix des produits tels que le riz, le sucre, le lait et l’huile ». Côté opposition, Nana Mint Cheikhna, Députée du RFD, intervenant devant le Premier ministre, a déploré que ce dernier n’ait mentionné, dans son long discours, la hausse des prix, qui, d’après elle, « est une question centrale, car elle constitue la préoccupation majeure de la plupart des ménages confrontés à une érosion inquiétante de leur pouvoir d’achat ».  Le député Ufp Ould Bedredine dira que « 80 % des produits de base importés sont assurés par 4 commerçants seulement ». Auparavant, il avait critiqué la politique du Gouvernement en la matière, devant le Premier ministre. En l’appelant à réagir et tirer les leçons des évènements sociaux qui secouaient la Tunisie et l’Algérie.

La députée UFP, Kadiata Malick Diallo lui fera écho. Après avoir regretté, auprès du président du parlement, que « nous soyons obligés de tenir aujourd’hui » (vendredi, (ndlr), elle interpellera le Premier ministre sur la hausse incessante des prix, en ces termes : « A chaque fois que vous êtes interpellé, vous vous bornez à le justifier par le marché international et une comparaison avec les prix dans les pays de la sous région. Or, notre problème, il est ailleurs, nous vous demandons de trouver des solutions pouvant permettre à nos populations, surtout les plus démunies de se procurer les produits de première nécessité (riz, huile, sucre, blé, etc.). Elle évoquera aussi la gabegie, en rappelant à l’hôte du Parlement que « pour le slogan cher au Président de la République, la lutte contre la gabegie, aucun système n’a été mis en place, sauf des emprisonnements qui s’apparentent à des règlement de comptes ». Et d’ajouter : « les véritables sources de gabegie sont plus que fonctionnelles : non respect des textes de loi ; multiplication des marchés de gré à gré ou consultations dites simplifiées dénoncées par les députés, y compris de la majorité ; absence d’enquête ou de contrôle par rapport à des secteurs douteux, comme le BEMOP ; non production de rapports sur les industries extractives (pétrole, or, cuivre), et le refus de remettre aux parlementaires de rapports d’audit (cas du rapport Bâ Samba Diom, sur les dépenses communes, en 2009). Pour la dame de fer de l’Ufp, « apparemment, pour le gouvernement, la gabegie, c’est l’administration… ». Elle indiquera s’appesantira longuement sur les problèmes de l’éducation, tout en indiquant que le parlement n’a jamais reçu les rapports semestriels sur l’exécution des budgets 2009 et 2010, exigés par la loi.

Les députés de Tawassoul n’ont pas été en reste. Dans l’hémicycle, ils ont ferraillé contre le Gouvernement, à propos du recensement concernant l’Etat-civil, à tel point que l’un d’eux a maille avec un de ses collègues de la Majorité. Dans une conférence de presse sanctionnant la clôture de la session parlementaire, Ils ont « déploré » le non respect des délais légaux en ce qui concerne le dépôt de la loi des finances au niveau du parlement. Et leur « refus » des cas de non respect des lois enregistré au cours de cette session, notamment en matière de transmission des lois aux commissions parlementaires, la répartition du temps de paroles entre les intervenants, la transmission des questions orales au Gouvernement et la programmation des séances plénières … » Ils « apprécient » à sa juste valeur la reconnaissance par le Premier ministre de l’existence des cas de malversations, notamment en ce qui concerne les marchés au niveau de l’Hôpital Cheikh Zayed… », et disent leur « préoccupation » quant à la hausse vertigineuse et continue des prix, surtout que les réponses fournies, en ce sens, ne nous semblent pas « convaincantes » … »

La palme du ridicule, au cours de cette session, revient, sans conteste, au député de Nouadhibou, El Ghassem Ould Bellal, qui a affirmé, au cours d’une intervention, que des fonctionnaires « informent » l’opposition, comme si son rôle consiste à s’adonner à la délation. Il est revenu, quand même, à la lucidité, en affirmant que quelque chose a été fait par le Gouvernement, mais que ce n’est pas suffisant.

Le président de la république, lui, ne semblerait pas content des députés de la Majorité qui n’ont pas brillé dans l’hémicycle. Il leur reproche, notamment, de n’avoir pas bien défendu la politique de son Gouvernement. D’où le branle bas noté sous forme d’une conférence de presse, suivi d’un meeting à Arafat, où ils ont tenté de se racheter, en défendant bec et ongle le pouvoir, sans omettre de vouer l’opposition aux gémonies. Après le parlement, la rue, semble-t-on dire. Ainsi, pour couronner les joutes verbales, le vice-président de l’Upr, Mohamed Yahya Ould Horma, dénoncera la « surenchère de l’opposition sur les prix », lors de la marche organisée par cette dernière, le jeudi dernier.

 TMA

Source  :  GPS le 16/01/2011

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