Le « Nouveau Soudan », c’est le projet du chef historique de la rébellion sudiste, John Garang, qui rêvait d’un Soudan uni, laïc et fédéral, mais restait discret sur la sécession de sa région natale. L’armée sudiste a engagé des poètes pour composer un hymne national, baptisé « La terre de Cush », ancien nom biblique. « Oh Dieu, nous Vous prions et Vous glorifions pour Votre grâce sur Cush, la terre des grands guerriers et l’origine des civilisations », chante l’hymne. Le « royaume de Cush », ou Kush, a régné pendant plus de 1 000 ans – de 700 av. J.-C. à environ 350 ap. J.-C. – sur un vaste territoire allant du Sud de l’Égypte à Malakal, ville située dans la partie nord du Sud-Soudan. Le choix d’un nom pour le futur pays témoigne de la complexité de trouver une identité commune et de forger de nouveaux symboles communs dans une région unie pendant les longues années de guerre civile contre Khartoum, mais morcelée en une soixantaine de tribus parlant autant de langues.
Si le Sud s’interroge sur son nom, le Nord-Soudan commence lui aussi à se poser des questions sur le maintien du nom « Soudan » pour définir une population majoritairement arabe. « Le nom de Soudan vient des Arabes qui appelaient la région Bilad al-Soudan, le pays des Noirs », remarque al-Tayeb Mustafa, éditeur du journal nordiste proarabe al-Intibaha, et aussi proche du président soudanais Omar el-Béchir. « Pourquoi serions-nous le seul pays au monde dont le nom se réfère à une couleur ? » dit-il à l’AFP, en estimant préférable de le changer.
Source : L’Orient le Jour le 12/01/2011