FORUM DES ORGANISATIONS NATIONALES

Déclaration. Le communiqué du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation de Mauritanie du 09 janvier 2011, indiquant qu’il est mis fin aux opérations de rapatriement (organisé et assisté) est accueilli par l’opinion publique nationale et internationale avec beaucoup d’inquiétude.

 

En effet, cette décision n’intervient pas après une concertation au niveau de la Commission tripartite, qui est un organe de concertation entre les trois signataires de l’Accord tripartite, à savoir : le gouvernement du Sénégal, le gouvernement de Mauritanie et le HCR.

Aujourd’hui les opérations de rapatriement des réfugiés mauritaniens au Sénégal ont permis le retour au pays de 20 433 personnes regroupées au sein de 4 984 familles, vivant dans 118 sites dans les 5 wilayas de retour (Trarza, Brakna, Gorgol, Guidimakha et Assaba).

Il faut préciser que du 29 janvier 2008, date du premier convoi au 31 décembre 2009, la Mauritanie a accueilli 79 convois de 19 048 personnes dans les 5 wilayas. Et, après le 31 décembre 2009, le HCR avait décidé d’arrêter « le rapatriement organisé », pour aborder une autre forme appelée « rapatriement assisté ».

Il semble que cette décision, annoncée plusieurs mois auparavant, ait donné le signal d’un arrêt définitif des opérations de la part d’une certaine opinion de citoyens mauritaniens, malheureusement relayée par des responsables au niveau des structures chargées de superviser les opérations de rapatriement. Une certaine opinion, connue pour ses positions chauvines, n’a jamais arrêté de critiquer cette opération, allant jusqu’à la qualifier d’immigration clandestine !!! Insulte suprême pour ces milliers de personnes qui ont vécu plus de 20 ans d’exil forcé !

Au 31 décembre 2009, les dossiers appelés « Formulaires de Rapatriement Volontaires ou VRF » de 5 226 personnes étaient transmis aux autorités mauritaniennes.

Depuis cette date, les commissions locales, départementales, régionales et nationale d’identification des réfugiés ont cessé de fonctionner, comme pour annoncer, sans le déclarer publiquement, l’arrêt définitif de l’opération.

Il a fallu tout le génie diplomatique des partenaires pour faire accepter à la partie mauritanienne le rapatriement des personnes dont les VRF avaient été approuvés par les instances mauritaniennes et retournés au Sénégal pour rapatriement, avant le 31 décembre 2009. Ces 2 484 personnes ont reçu l’autorisation de rapatriement, pour la période d’octobre à décembre 2010 ; opération qui a permis le rapatriement de 1 385 personnes.

Il existe encore de nombreuses personnes, victimes des déportations de 1989, qui se trouvent à l’extérieur du pays. Rien qu’au Sénégal, on peut noter les 5 226 dont les VRF sont en souffrance au Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation; au Mali, le dernier recensement du HCR (profilage de 2009) avait retenu 10 000 personnes.

Si l’arrêt annoncé devait être définitif, cela correspondrait à une « fin de rapatriement en queue de poisson ». Malgré tous les efforts consentis par le gouvernement mauritanien au cours des trois années passées dans le cadre de l’accueil et de l’insertion des rapatriés, le non rapatriement des réfugiés qui ont exprimé leur volonté de renter chez eux, constituerait une marque d’injustice.

Il est vrai que ce type d’opération ne peut pas se prolonger indéfiniment ; toutefois, il est indispensable que toute décision soit précédée d’une large concertation. Car les réfugiés urbains au Sénégal, recensés pour le retour depuis 2007, attendent toujours, dans une très grande précarité, de savoir comment et quand ils vont regagner leur terre natale.

C’est pourquoi les organisations de droits humains qui composent le FONADH :

  • conscientes que le non rapatriement d’un seul réfugié est une violation flagrante des engagements du gouvernement mauritanien,

  • convaincues que toute solution à cet épineux problème passe par une concertation, la plus large possible,

  • soucieuses de l’instauration d’un climat favorisant l’unité nationale, la paix et la prospérité d’une Mauritanie réconciliée avec elle-même,

exigent la reprise des rapatriements des réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali, sous la forme arrêtée de commun accord.

 

Fait à Nouakchott, le 11 janvier 2010

Association des Femmes Chefs de Familles,

Association Mauritanienne des Droits de l’Homme,

Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE,

Association pour la Renaissance du Pulaar en République Islamique de Mauritanie,

Association pour le Renforcement de la Démocratie et l’Education Citoyenne,

Collectif des Veuves,

Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains,

Groupe d’Etudes et de Recherches sur la Démocratie et le Développement Economique et Social,

Ligue Africaine des Droits de l’Homme – Section Mauritanienne

Ligue Mauritanienne des Droits de l’Homme,

Regroupement des Victimes des Evénements 89 -91,

SOS – Esclaves,

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