Nous venons de vivre ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire des « fillettes d’Arafat ». Décrite, par certains, comme étant liée à des pratiques de servilité, certains protagonistes de cette affaire lui réfutent tout lien avec l’esclavage. Il n’en demeure pas moins vrai que cette affaire eut comme conséquence une violente altercation entre des militants se réclamant de la cause des Droits de l’Homme et des éléments du Commissariat d’Arafat. Certains de ces militants sont encore derrière les barreaux.
L’Organisation For-Mauritania suit cette affaire avec la plus grande préoccupation et souhaite que toute la lumière soit faite, en toute indépendance, sur ses tenants et aboutissants au bénéfice de l’opinion publique nationale et internationale.
En attendant la manifestation de la vérité dans cette affaire, nous, à For-Mauritania, tenons à affirmer ce qui suit :
1- Notre condamnation la plus ferme et notre refus le plus catégorique de toute forme de manifestation de l’esclavage en Mauritanie en exigeant des autorités de punir avec toute la rigueur de la loi les auteurs de telles pratiques ainsi que leurs complices ;
2- Notre dénonciation de toute exploitation malhonnête de la bannière des Droits de l’Homme en vue de semer la discorde, de travestir la réalité et d’abuser l’opinion publique nationale et internationale. La cause des Droits de l’Homme sera la première victime de tels agissements ;
3- Notre réaffirmation du rôle majeur et primordial des organisations de défense des Droits de l’Homme dans la formation de l’opinion citoyenne. Il est insupportable et inadmissible que
de telles organisations soient gênées dans l’exercice de leurs activités ou que leurs dirigeants ou militants soient inquiétés ou mis en prison sans raisons juridiquement valables. Cependant et quel que soit le degré de sacralité de telles causes, il est inadmissible qu’elles soient utilisées pour distiller les discours de haine et de discorde ou qu’elles servent de tremplin pour placer leurs activistes au dessus des lois ;
4- Notre exhortation des organisations sociales et notamment des partis politiques pour qu’elles jouent pleinement leur rôle de relai dans la mise à niveau des mentalités dans notre pays quant au refu des pratiques esclavagistes. Ces mêmes organisations sont invitées à insister sur l’importance du respect dû aux institutions de l’Etat de droit et leur pérennisation, indépendamment des appartenances au camp du pouvoir ou de l’opposition ;
For-Mauritania profite de l’occasion offerte par cette affaire pour réaffirmer sa volonté et sa disponibilité à participer, aux côtés des autres acteurs de la scène nationale, à l’éradication du phénomène de l’esclavage, la dénonciation de ses pratiques et la réparation de ses séquelles. Un tel fléau, en plus de la honte qu’il constitue pour notre peuple et l’atteinte à la dignité de l’homme mauritanien, est une menace pour notre cohésion sociale et une hypothèque sur notre avenir.
A cet effet, For-Mauritania propose au gouvernement mauritanien et à l’ensemble des organisations de la société civile et des partis politiques d’ériger la lutte contre l’esclavage et la réparation de ses séquelles en grande cause nationale.
Plus concrètement, For-Mauritania suggère au gouvernement de passer à la lutte pratique contre ce fléau par la création d’une Agence Nationale pour l’Eradication de l’Esclavage (AN2E) directement rattachée à la Primature, dotée de moyens propres et conséquents et inspirée de l’expérience de l’Agence Nationale d’Appui et d’Insertion des Réfugiés (ANAIR).
Cette Agence, financée sur le budget de l’Etat, sera doté d’un statut lui permettant de capter la solidarité internationale mobilisable dans le cadre de la lutte contre l’esclavage et les autres formes d’exploitation de l’Homme par l’Homme.
L’AN2E s’attachera à :
– Améliorer le niveau de vie et apporter un appui financier ciblé aux populations résidant dans les zones géographiques de plus grande pauvreté (taux de prévalence de la pauvreté voisins de 80%, voire supérieurs) et leur permettre l’accès aux services de base à savoir eau potable, électricité et assainissement ;
– L’ouverture de cantines dans les écoles des zones cibles et l’accompagnement matériel des parents par l’octroi de bourses aux élèves les plus méritants. Ces bourses aideront les parents à se passer du travail de leurs enfants. Les élèves les plus méritants, provenant de ces zones cibles, seront parrainés par l’Agence qui les accompagnera tout au long de leur scolarité ;
– La mise sur pied de programmes visant à combler sur le long terme le retard accumulé par les enfants des populations d’origines serviles aux plans économique social et au niveau de l’accès à l’éducation ;
– En plus de ces programmes d’aide au rattrapage économique et en matière d’éducation, l’Agence s’investira dans le domaine social et juridique en vue d’une application effective de la loi portant incrimination de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes votée en 2007. Elle s’attachera, en collaboration avec les acteurs sociaux, à trouver des voies et moyens d’éradiquer l’esclavage sans mettre en péril l’unité nationale et la cohésion sociale de notre société.
A For-Mauritania, nous considérons que l’Etat et par conséquence les gouvernements successifs, ne sont responsables de l’esclavage qui est une pratique connue et exercée depuis des siècles. Nous les tenons, cependant, pour comptables de sa perpétuation et de l’absence de la mise en œuvre de mesures pratiques et efficaces en vue de son éradication et de la réparation de ses séquelles.
For-Mauritania
La Coordination Générale Provisoire
18-12-2010