Mais plus que cela, notre homme s’est battu contre un putsch, a fait la prison… Il était le seul de ses pairs, anciens PM, qui était absent à l’appel à la majorité présidentielle. Cette situation a été maintenant corrigée avec l’entrée de Adil à la Majorité. Biladi l’a rencontré et lui avait posé quelques questions. Nous vous proposons, ci-dessous, ses réponses :
Biladi : Votre parti vient d’annoncer sa décision d’intégrer la majorité présidentielle. Qu’y a-t-il de nouveau sur la scène politique pour justifier un tel virage ?
Yahya Ould Ahmed El Waghf (Y.O.A.E) : Cette décision de rejoindre la majorité est le résultat d’un dialogue qui a duré plus cinq mois. Vous vous rappelez sans doute qu’au début de l’année 2010 les relations entre le pouvoir et l’opposition étaient très tendues, malgré les défis auxquels fait face le pays. Au niveau du parti ADIL, nous avons défendu la normalisation des rapports entre les deux parties par le biais d’un dialogue responsable que nous considérons comme seule voie possible pour assurer la stabilité nécessaire pour l’édification d’une démocratie apaisée et le développement économique et social du pays. C’est dans ce cadre que nous avons, parallèlement à nos efforts de rapprochement entre les deux parties, ouvert un dialogue avec la majorité présidentielle qui a abouti à l’accord auquel vous faites allusion. Vous pouvez comparer la situation politique au moment où ce dialogue a commencé et la situation actuelle, où toutes les parties ont confirmé leur accord pour un dialogue politique qui permettra d’avoir le consensus le plus large possible sur les grandes questions d’intérêt général.
Biladi : Que vaut l’accord que vous avez passé avec la majorité. Pas grand-chose n’est-pas ? Après tout, à en croire certaines indiscrétions, cet accord reposerait sur des principes généraux et non sur des points tangibles, précis ?
Y.O.A.E : Vous devez prendre connaissance du document pour juger vous-même. Je pense pour ma part que ce document prend en compte les principales préoccupations de tous les acteurs politiques, tant à la majorité qu’à l’opposition. Il constitue un balisage pour le dialogue global entre tous les acteurs politiques. C’est ce dialogue qui doit aboutir à des actions précises convenues entre les parties et un calendrier consensuel. Si le document avait défini les actions de façon précise, il aurait rendu ce dialogue, tant attendu de tout le monde, sans grand intérêt.
Biladi : En passant un accord avec Adil, peut-on dire que le pouvoir a accepté de répondre favorablement à certaines revendications de l’opposition. Si oui quelles sont ces revendications?
Y.O.A.E : On peut aujourd’hui se féliciter du fait la disponibilité des deux parties à ouvrir ce dialogue et à chercher le plus large consensus sur des questions comme le code électoral, la CENI, la neutralité de l’Etat, l’égalité des chances entre les différents acteurs politiques, etc. Cela n’était pas évident, il y a quelques semaines.
Biladi : Des membres de la direction d’Adil soutiennent qu’il y eu manipulation et que la majorité au sein du parti n’est pas d’accord pour rejoindre le camp présidentiel. Info ou intox?
Y.O.A.E : Il n y a pas eu la moindre manipulation. Au niveau de ADIL, nous avons proposé un projet d’accord politique qui a été discuté avec nos collègues de la majorité. Que le document final soit différent du projet initial, cela va de soit. Le contraire n’a aucun sens. Si vous soumettez un projet à un partenaire, vous ne vous attendez nullement à ce qu’il l’accepte intégralement. Nous avons discuté sur la base du projet élaboré par ADIL et nous sommes parvenus à un document qui prend en compte les préoccupations des deux parties. Certains collègues de ADIL ont trouvé que le document final ne répondait pas à leurs préoccupations minimales et n’ont donc pas suivi. Il n’y a aucune polémique entre nous et nous avons tous confirmé notre attachement les uns aux autres et le respect de chaque partie de l’opinion de l’autre.
Biladi : En rentrant dans la majorité, n’avez-vous le sentiment de jouer le jeu du pouvoir qui jusque-là a rejeté l’application de l’accord de Dakar réclamée par la Coordination de l’opposition démocratique, votre ancien camp?
Y.O.A.E : Nous pensons avoir contribué au rapprochement des deux parties et nous continuons à travailler pour une situation politique apaisée, cette fois ci, à partir de notre position au niveau de la majorité.
Biladi : Les observateurs de la scène politique nationale estiment que vous allez être récompensés par des nominations au gouvernement ou dans l’administration. Qu’en est-il ?
Y. O. A. E : Comme j’ai eu à le souligner lors de la conférence de presse, dans ce dialogue, il n’a jamais été question de récompense ou de nomination. Nous n’avons discuté que des questions politiques et économiques qui figurent au niveau du document.
Propos recueillis par Samba Camara
rmibiladi