Une information donnée en premier lieu par le mouvement lundi en fin d’après midi. La police a sa propre version des faits. Elle a distribué des photos de policiers blessés qu’elle présente comme étant les victimes de la violence des amis de Ould Abeïd.
Au-delà des versions racontées par les uns et les autres, l’arrestation de Biram constitue le début d’un feuilleton hyper politisé et qui risque d’avoir des conséquences inattendues qui dépassent largement le cadre des droits de l’homme.
L’interpellation de l’activiste, Biram Ould Dah, et ses amis avait eu lieu lundi matin au commissariat Arafat1. Un episode suivie quelques heures plus tard d’une conférence de presse dans les locaux du Forum National des Organisations de défense des Droits Humains (FONADH). Rencontre au cours de laquelle les responsables et militants de l’IRA, présents lors des faits, ont apporté de nombreux témoignages sur « les brutalités et la barbarie des méthodes policières, qui ont agressé et battu les partisans » de l’organisation, alors que ces derniers se rendaient ‘’paisiblement’’ dans les locaux du commissariat. A l’origine du déplacement massif des responsables et militants de l’ONG pour le commissariat d’Arafat I, le traitement du cas de filles esclaves soumis au commissaire.
En fait, Biram Ould Dah Ould Abdeid, activiste antiesclavagiste et militants des droits humains, et ses compagnons s’étaient d’abord rendus auprès du préfet d’Arafat pour dénoncer les deux cas d’esclavage. L’autorité administrative les aurait alors orientés vers le commissaire de police à l’effet pour ce dernier de constater les allégations.
Pourquoi alors les choses ont subitement mal tourné ? Par rapport à la réponse à cette question, les avis des deux parties présentent de fortes divergences. Pire, ils sont diamétralement opposés tant au niveau de la relation des faits, que de l’interprétation qu’on en fait et évidemment de leur véritable signification.
Vérité à deux visages
Illustration : pendant que l’IRA dénonce des « brutalités » et autres actes « de sauvagerie » de la part des éléments de la police, des sources proches de ce service soutiennent la thèse d’une attaque contre les locaux du commissariat. Un assaut à la suite duquel il y aurait même eu des blessés dans les rangs de la police. D’où des images montrant des blessés envoyés dans les rédactions de certains organes de presse.
Question de fond. A la lumière de cette nouvelle affaire, deux interrogations fondamentales doivent attirer l’attention de tous et susciter la réaction. Où en est la Mauritanie sur le chemin de l’éradication des pratiques esclavagistes? Après la loi de 1981, sous le règne de Mohamed Khouna Ould Haidallah, l’adoption de la convention internationale contre le trafic des êtres humains sous le régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, la loi incriminant et criminalisant les pratiques esclavagistes en 2007 pendant le magistère Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. … Les choses ont-elles réellement changé ?
Pendant que les autorités prennent des précautions sémantiques et évoquent des « séquelles », certaines ONG mettent en avant leur mauvaise volonté et dénonce une réalité permanente et une impunité totale pour ceux qui s’y livrent.
Depuis la promulgation de la loi de 2007 y a-t-il eu un cas d’arrestation d’individu convaincu de pratique esclavagiste ? Pour la deuxième interrogation, elle est liée à la difficulté de faire passer la thèse de militants des droits de l’homme contre un commissariat de police. La difficulté, même si le fait existe, peu d’observateurs à l’extérieur prendront au sérieux de
ces allégations. Il faut également ajouter à celà la rareté de cas de membres des forces de l‘ordre traînés en justice pour des brutalités contre les populations.
Ce climat général laisse un préjugé favorable à la thèse de l‘IRA et à celle de son président qui n’hésite pas à dénoncer l’hégémonie de ce qu’il appelle le système beïdane. La même thèse et même appellation utilisées par les FLAM, ce mouvement extrémiste négro africain.
Cheikh Sidya