L’action des députés à l’assemblée nationale jugée inefficace par les électeurs : Quand l’intérêt personnel prend le dessus sur l’intérêt général….

Nos députés jouent-ils vraiment leur rôle durant les périodes de session parlementaire ? A cette question, bon nombre de mauritaniens répondent sans sourciller, qu’ils ne sont là que pour gagner leur salaire à ne rien faire.

Pourquoi un tel verdict peu indulgent à l’égard des parlementaires ? Même si les avis ne sont pas toujours les mêmes, ils ne tarissent pas d’explications pour donner leur point de vue. Ils sont nombreux à estimer qu’en tant que représentants du peuple -eu égard à leur rôle de surveillance en matière de dépenses budgétaires- les députés doivent représenter les intérêts des électeurs. Selon eux, pour remplir ce rôle, ils sont appelés non seulement à adopter des lois, mais aussi à veiller à la bonne mise en œuvre des programmes de développement économique, social et culturel ; superviser l’affectation de ressources suffisantes aux programmes mis en œuvre par le gouvernement. Pour d’autres, nos représentants élus n’ont aucune vision stratégique dans un domaine quelconque, ne serait-ce que pour le court terme. Aucun d’entre eux, font-ils remarquer, ne peut se targuer d’avoir contribué à la réalisation d’un projet au bénéfice des populations qu’ils représentent.
Ces points de vue ne manquent pas de pertinence. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter son regard sur la capitale pour apprécier. Si toute la ville a besoin de routes, de réseau d’adduction d’eau, d’électrification, de structures sanitaires et autres, sur le terrain, tout se passe comme si cela ne concernait qu’une circonscription administrative donnée au point que dans la périphérie, l’opinion la mieux partagée parle de « développement séparé » entre le nord de Nouakchott et son côté Sud. Tevragh-Zeina, Ksar, Teyarett, Dar Naim, Toujounine, Arafat, bénéficient de toutes les attentions en matière de construction d’infrastructures routières, sanitaires, électriques et hydrauliques au détriment des quartiers périphériques que sont El Mina, Sebkha et Riyad dépourvus de tout et maintenus en l’Etat sciemment. Dès la nuit tombée, ces quartiers sont dans le noir à la merci des bandits. Pourtant il y’a des députés élus pour Nouakchott. Que défendent-ils durant les sessions parlementaires ?

Toutes les têtes ne sont pas pleines
Peu de choses du reste puisque le plus souvent, plusieurs d’entre eux brillent par leur absence dans la salle, empêchant ainsi d’atteindre le quorum. Cela est fréquent au point d’obliger le président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkeir d’attirer l’attention de ses collègues sur la problématique. Il est arrivé à plusieurs reprises dans les sessions parlementaires, que le vote de lois ne soit intervenu qu’à la seconde plénière faute de quorum. Essoufflement et désintéressement sont les mots qui reviennent le plus souvent pour qualifier l’absentéisme des députés aux plénières. Autre constat récurrent: les députés n’arrivent qu’à compte goutte à l’hémicycle de la chambre basse.
Aussi notre Assemblée nationale souffre t-elle d’un handicap de taille : la qualité de sa représentation parlementaire. Elle respecte certes les règles fondamentales du jeu démocratique en accueillant en son sein tout citoyen proposé par son parti et légalement élu par sa base, mais l’inconvénient qui en découle est qu’elle se retrouve avec des députés –pas tous bien sûr- peu instruits et incapables d’assumer conséquemment la fonction pour laquelle ils ont été élus. Ne nous voilons pas la face : contrôler l’action du gouvernement, puis analyser, critiquer et voter le budget, exigent des compétences qui ne peuvent s’acquérir que si l’on possède un certain niveau d’instruction. Pour éviter le spectacle qu’offre l’assemblée nationale où visiblement certains députés, l’air égaré pendant les débats, passent leur temps à discuter entre collègue, à contempler le plafond ou à profiter du fauteuil pour somnoler. Il faut y envoyer des hommes et des femmes à la hauteur des exigences de la fonction. Sinon, on continuera de voir des députés qui, malgré leur bonne volonté, épuiseront cinq longues années de mandat sans la moindre contribution concrète ni aux débats, ni aux propositions de lois.
 

Moussa Diop

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 15/12/2010

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page