Sécurité aérienne : Quand l’insouciance est érigée en règle de gestion, les mauritaniens n’ont plus que leurs yeux pour pleurer

waghfAussi incroyable que cela puisse paraître, l’interdiction de l’espace aérien européen semble laisser de marbre les autorités mauritaniennes concernées. Près d’un mois après cette terrible décision de la Commission européenne, aucune tête n’a encore roulé pour sa responsabilité dans ce fiasco sans précédent.

Le Directeur Général de l’ANAC ainsi que son ministre de tutelle, ne semble pas être gênés outre mesure de cette décision qui, pourtant, classe notre pays dans une situation peu enviable.

Comment se fait-il que par le passé, la direction de l’Aviation Civile et par la suite l’ANAC aient toujours évité cette Black List alors que maintenant on y saute les deux pieds en avant. Imaginez la compagnie Mauritania Airways, en est réduite à affréter un avion de son partenaire Tunisair, qui a son certificat de navigabilité délivré par l’autorité tunisienne de transport aérien et même dont le PNC (Personnel Navigant et Commercial) est lui aussi tunisien. Simplement parce que l’ANAC n’est pas capable de faire les contrôles nécessaires ; voilà les équipages et les avions mauritaniens classés avec des compagnies issues de républiques bananières. Il faut souligner qu’ en 2007 la Mauritanie était déjà passé à un cheveu de cette suspension. Les responsables de l’époque de l’ANAC en l’occurrence son directeur général Mahmoud Ould Zoueine avait pris les mesures nécessaires pour corriger les imperfections et se mettre aux normes. Tout de suite après, le Directeur du transport aérien de la direction générale de l’Energie et des Transports de la Commission Européenne M.Daniel Galleja Crespo, avait écrit à l’ANAC, pour l’informer que la Commission, tenant compte de l’avis exprimé par le comité de sécurité aérienne, « a estimé que la Mauritanie a pris les mesures nécessaires pour atteindre un niveau de prestation acceptable dans l’exercice de ses obligations de surveillance afin que les transporteurs mauritaniens respectent les normes de sécurité internationales ».
Il faut aussi rappeler qu’Air Algérie, était elle aussi, sous la menace d’être black listée mais les autorités algériennes ont pris les mesures nécessaires et le ministre algérien a même menacé d’adopter des mesures de représailles en interdisant les vols d’Air France. Après avoir analysé les résultats des inspections SAFA effectuées sur des aéronefs exploités par Air Algérie dans l’UE depuis janvier 2009, la Commission a procédé à des consultations avec les autorités algériennes compétentes, les 7 décembre 2009 et 5 février 2010, afin de remédier aux manquements constatés dans les domaines de la sécurité du transport de marchandises, de la navigabilité et de l’exploitation des appareils et des licences du personnel navigant. Dans leur réponse du 15 mars 2010, les autorités algériennes compétentes ont communiqué des informations concernant les mesures prises pour remédier aux cas de non-conformité établis à la suite des inspections au sol. La Commission a demandé des informations complémentaires le 6 mai 2010. Les autorités compétentes ont transmis des informations complémentaires le 27 mai 2010. A la suite d’une réunion qui s’est tenue le 9 juin 2010 avec les autorités algériennes compétentes, le transporteur aérien ainsi que les autorités compétentes de la France et l’AESA, les autorités algériennes compétentes se sont engagées à fournir des informations complémentaires avant la réunion du comité de la sécurité aérienne, et notamment une liste des activités de surveillance, exercée par cette autorité à l’égard d’Air Algérie. Contrairement à la Mauritanie. L’ANAC a toujours gardé le plus grand secret sur les courriers qu’elle recevait. Elle n’a pris aucune mesure pour éviter au pays de voir son image ternie par cette décision. Il est donc inconcevable que tout continue comme si de rien n’était.
Bouna Cherif

Le Quotidien de Nouakchott

 

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page