Les Américains conseillent même aux Israéliens de se retirer «doucement» de Nouakchott.Des propos tenus par Todd Moss, le grand spécialiste de l’Afrique au département d’Etat et responsable The Emerging Africa Project et par Micheal Dumont, responsable des affaires africaines au département de la Défense.
Washington était inquiet par le coup d’Etat du général Mohamed Ould Abdel Aziz en août 2008 (le général a été élu président une année après). «L’Afrique change. Et l’ère des coups d’Etat est révolue. La crise doit être réglée car les Etats-Unis ne souhaitent pas voir la Mauritanie isolée du reste du monde ni voir Al Qaîda profiter d’une nouvelle fenêtre», a-t-il. Il a salué la position ferme de l’Algérie, de l’Arabie Saoudite, de la France, de l’Union africaine condamnant le coup d’Etat. Il a appelé à «restaurer» le pouvoir du président déchu Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Ould Abdel Aziz a refusé que le responsable américain rende visite à Cheikh Abdallahi, lequel n’a pas pu organiser l’opposition aux militaires. Le responsable US a reconnu dans la foulée que l’aide américaine était modeste. «Des millions de dollars seront engagés pour apporter notre assistance militaire et pour le développement», a déclaré Todd Moss. Sur un autre chapitre, et d’après un autre câble datant de 2008, Ba Samba Mamadou, responsable au ministère mauritanien des Affaires étrangères, a rassuré l’ambassadeur américain que Nouakchott n’avait aucune intention de rompre les relations diplomatiques avec Israël. Après l’attaque israélienne contre Ghaza, en janvier 2009, la Mauritanie a «gelé» ses rapports avec l’Etat hébreux. Le câble a rapporté que le président Abdallahi a reçu des pressions de «groupes musulmans» (Muslim Groups) pour revoir «les relations traditionnelles» avec Israël.
«Ba Samba nous a dit que les militaires, le général Abdelaziz en particulier, sont les mieux placés pour être les gardiens des rapports avec Israël», est-il noté. Il y est souligné que «la junte militaire» a joué cette carte pour atténuer la condamnation américaine du coup d’Etat de 2008. Dans un mémo daté de février 2009, l’ambassade US a observé que «le gel» décidé par la Mauritanie dans ses rapports avec Tel-Aviv a été obtenu contre «la reconnaissance» de certains Etats du nouveau pouvoir à Nouakchott ainsi que d’un soutien financier. «La seule chose qui retient la junte de ne pas rompre définitivement avec Israël est de craindre une complication de ses relations avec les Etats-Unis et l’Occident», est-il relevé.
Le gel décidé par la Mauritanie dans ses rapports avec Tel-Aviv a été obtenu contre «la reconnaissance» de certains Etats du nouveau pouvoir à Nouakchott. Constatant qu’un large spectre de l’opinion mauritanienne est hostile à l’Etat hébreu, l’ambassade US a donné ce conseil : «De notre point de vue, les Israéliens doivent se retirer doucement et d’une manière non officielle de la Mauritanie pour retourner une fois que les choses iraient mieux ici et au Moyen-Orient.» Dans un autre message, il est rapporté que Washington a clairement refusé l’idée d’une résistance menée par les Afro-Mautitaniens contre le régime du général Abdel Aziz. Pour la Tunisie, un message de l’ambassade américaine en Tunisie a évoqué l’émergence du beau-fils du président, Zine Al Abidine Benali, Mohamed Sakhr El Matri présenté comme l’éventuel successeur du maître de Carthage. «L’ambassadeur a parlé franchement avec El Matri. Celui-ci a dit que le gouvernement et le RCD (parti du pouvoir) doivent s’ouvrir aux jeunes. De nouveaux canaux de communication doivent être ouverts. Il a qualifié d’excellentes les relations avec les Etats-Unis», est-il noté. El Matri, qualifié par les milieux branchés de Tunis comme un nouveau golden boy, a estimé que la Tunisie doit améliorer ses performances en matière des droits humains. Il a également déclaré qu’il travaillait pour attirer les investissements émiratis en Tunisie et qu’il était intéressé par l’ouverture d’un restaurant McDonald à Tunis. De l’autre côté du monde, en Amérique du Sud, le gouvernement du Brésil a refusé d’accueillir sur son sol les détenus de Guantanamo Bay, selon un câble de l’ambassade américaine à Brasilia datant de 2005 et révélé par le site WikiLeaks. Le refus est motivé par les lois brésiliennes sur les réfugiés.Il y est relevé que Washington a introduit cette requête en 2003 et essuyé le même refus. Le gouvernement américain a également voulu les convaincre d’accepter des détenus Ouïgours (musulmans chinois) en leur accordant un statut de réfugiés. Une autre demande a été faite pour des migrants cubains.
Source : El Watan via Le Rénovateur le 06/12/2010