« On donnera un super-ministère de la Défense et de la Sécurité au Général Ghazouani et…

Ba M’Baré est une personne très faible » dixit Ould Maouloud

Plusieurs indiscrétions diplomatiques ont été publiées par le site Wikileaks sur la Mauritanie.

 

Reçu à l’Ambassade des Etats-Unis d’Amérique, le 13 avril 2009, par  le chargé d’affaires, Dennis Hankins, comme « ministre des affaires étrangères du FNDD », Mohamed Ould Maouloud a longuement exposé sa stratégie pour « évincer définitivement Mohamed Ould Abel Aziz de la scène politique après sa démission qui est intervenue avant la date de l’élection présidentielle initialement prévue pour le 06 juin 2009 ».

Voici l’intégralité de la traduction d’un mémo dans lequel l’ambassade US à Nouakchott dévoile les confidences du président de l’UFP, Mohamed Ould Maouloud, suite à un entretien avec le chargé d’affaires Dennis Hankins :

«  2. (S – N / F) Trainer les limbes d’Aziz : Le chargé d’affaires a rencontré le 13 avril à l’ambassade le « ministre des affaires étrangères » du FNDD, Mohamed Ould Maouloud, pour procéder à des échanges sur  la stratégie du Front dans les prochaines semaines. Ould Maouloud a dit, « nous nous efforçons à éviter tout ce qui pourrait inciter Aziz à changer d’avis au sujet de sa démission », en disant qu’ils comptent tout entreprendre pour faire échouer le coup d’Etat, une fois que Aziz quitte le centre de la confection de la décision. Bien qu’opposé au calendrier électoral proposé par Aziz, le FNDD va utiliser la grosse artillerie pour obtenir un report de la date (s’il ne peut pas obtenir l’annulation de l’élection). Ould Maouloud a indiqué que dès qu’Aziz démissionne, le président Abdallahi enverra une lettre au président du conseil constitutionnel pour tenter d’anticiper sur toute déclaration de « vacance du pouvoir présidentiel » ce qui permettrait au président du Sénat Ba M’Baré d’assumer la présidence de la République par intérim. Le Chargé d’Affaires a partagé ces idées saillantes lors d’un entretien précédent avec le président du conseil constitutionnel et a suggéré au FNDD de coordonner dans ce sens avec  le président de l’assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, à défaut de la succession de M’Baré, étant donné qu’il serait difficile d’attaquer le président de l’Assemblée nationale, dont la légitimité n’est pas sujette à débat.

Le chargé d’affaires a également noté la possibilité de trouver barrage pour la candidature d’Aziz à l’élection présidentielle en vertu des dispositions de la Charte Africaine, ratifiée par la Mauritanie, qui interdit aux auteurs des coups d’Etat de se porter candidats. Ould Maouloud a dit qu’il n’était pas sûr que le conseil constitutionnel puisse « faire l’affaire » si l’on considère son bilan mitigé en voulant mettre à exécution les vœux d’Aziz pour expulser Ould Boulkheir de la présidence de l’assemblée nationale et en donnant son quitis pour la CENI, commission électorale, nommée par le régime. Cela dit, Ould Maouloud a dit qu’ils allaient mettre le conseil constitutionnel à l’épreuve, par une manœuvre dilatoire. S’ils gagnent, le FNDD sera ravi. S’ils perdent, ils dénonceront le processus comme une nouvelle preuve de la manipulation d’Aziz du système.

3. (S – N / F) A la recherche de trahisons : Ould Maouloud a dit qu’ils ont vu la possibilité que certains de ceux qu’Aziz a mis en place pour surveiller ses intérêts dans l’intervalle entre sa démission et les élections pourraient se retourner contre lui. Le FNDD se concentre en particulier sur le Général Ghazouani comme quelqu’un qui pourrait « avoir le courage » d’abandonner le général Aziz – d’autant que cette chance s’accroitra lorsqu’Aziz sera devenu formellement un civil. Ould Maouloud comprend bien que le Général Aziz va essayer de garder le contrôle des affaires à travers le BASEP (Bataillon de la sécurité présidentielle), quitte à remettre l’uniforme.

Il pense que le Général Ghazouani sera irrité par une telle ingérence – ce qui rendra le BASEP une milice personnelle plus que jamais. De ce fait, Ghazouani risque d’abandonner Aziz, politiquement. Ould Maouloud estime qu’Aziz serait tenté de revenir par la force en utilisant le BASEP ainsi que des combattants touaregs fournis par le chef touareg malien Ibrahim Ag Bahanga. Face à cette éventualité, Ould Maouloud suppose que, « au-delà de quatre ou cinq officiers BASEP qui sont personnellement fidèles à Aziz, » le BASEP lui-même ne s’opposerait pas, par la force, contre d’autres unités militaires. Pour les Touareg, Ould Maouloud les considère comme trop éloignés.

Lorsqu’on lui a demandé si le Président du FNDD et sa direction avaient discuté de ce qu’ils allaient offrir à Ghazouani si, à son tour, il se retournait contre Aziz, Ould Maouloud a parlé de la possibilité de nommer Ghazouani super-ministre de la Défense et de la Sécurité avec de larges attributions (en mettant ainsi fin au poste de Chef d’Etat-major Particulier de la Présidence qui détient « le pouvoir militaire réel », poste occupé précédemment par Aziz, ceci permettant le transfert de ce pouvoir à un contrôle civil).

Ould Maouloud a souligné que ces différents  scénarios sont en cours de discussion, mais a ajouté que « le problème avec un front est que nous sommes un Front », ce qui signifie que ce type de discussions sensibles doit être discuté au niveau d’un groupe beaucoup plus restreint, ce qui n’est pas le cas.

4. (S – N / F) Ould Maouloud croit que le président du Sénat M’Baré pourrait également revenir sur son accord avec Aziz. Il voit M’Baré comme une personne très faible, cependant, quand il voit des problèmes, il marchera et M’Baré serait le meilleur « suiveur » d’un courant contre Aziz. Ould Maouloud n’a pas non plus écarté la possibilité d’un double-retournement du chef du renseignement, le général Hadi, mais il n’est pas aussi sûr que le résultat d’une action dirigée par Hadi contre Aziz serait aussi positive que celle menée par Ghazouani.

5. (S – N / F) Ould Maouloud a souligné que les sanctions ciblées et une dénonciation sans équivoque de la communauté internationale du processus électoral serait essentielle pour obtenir le retrait des alliés potentiels d’Aziz. Ould Maouloud espère que l’Ouganda, au sein du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA, va continuer sur sa lancée en dénonçant les coups d’Etat en Afrique, bien qu’il soit inquiet que les Ougandais aient été dissuadés par la Libye. Ould Maouloud est aussi inquiet du fort soutien de l’Algérie qui s’estompe, au motif d’un « agenda sécuritaire » imposé par l’armée et les services de renseignement algériens.

6. (S – N / F) Les becquets français : Ould Maouloud a déclaré que la plus grande préoccupation du FNDD, alors qu’ils pourraient être en mesure d’obtenir de Ghazouani et d’autres d’abandonner politiquement Aziz, les services d’intelligence français pourraient intervenir pour obtenir de Ghazouani de s’en tenir au « plan d’Aziz « .

7. (S – N / F) Commentaire de Dennis Hankins : Le FNDD n’est pas réaliste pour croire que les alliés d’Aziz vont le trahir. N’ayant pas de force, le FNDD ne peut pas monter un contre-coup. Ils espèrent que la situation économique et l’intensification des rivalités internes puissent susciter une révolte (ils ne voient pas toujours Aziz reculant par un règlement politique). Le fait qu’Aziz cherche le vernis de légitimité en allant à des élections grâce à un gouvernement civil de transition de courte durée est considérée par le FNDD comme un moment de vulnérabilité, qu’ils peuvent exploiter. Dans le même temps, Aziz est arrivé là où il est aujourd’hui grâce à une maîtrise des intrigues du pouvoir. Ouvertement ou derrière le rideau-, Aziz qui a été, un dirigeant de la sécurité pour un certain temps, sait maintenant comment contrer les coups. Il sera désormais vigilant au maximum. Le FNDD est, malheureusement, mal placé pour influer, de l’intérieur, sur le cercle de l’armée. La plupart de ses dirigeants se considèrent comme des intellectuels. Le FNDD qui n’a jamais développé des relations avec des hauts gradés – qui sont généralement issus de tribus guerrières. Nous savons qu’il existe un ressentiment personnel contre Aziz au sein de l’armée, mais nous n’en savons ni la profondeur, ni les prédispositions d’un seul élément militaire à se retourner contre Aziz ».

Traduction de Mauritanie24

 

MEMO ORIGINAL :

2. (S – N/F) Dragging Out Aziz’ Limbo : Charge met April 13 at the embassy with FNDD « Foreign Minister » Mohamed Ould Maouloud to discuss the Front’s strategy in coming weeks. Ould Maouloud said, « we are avoiding anything that might cause Aziz to change his mind about resigning, » saying they see opportunity to reverse the coup once he relinquishes his formal ties to power. While never accepting the electoral plan put forward by Aziz, the FNDD will do whatever it can to get a postponement of the date (if they can’t get the election canceled all together). Ould Maouloud said that as soon as Aziz resigns, President Abdallahi will send a letter to the President of the Constitutional Council trying to pre-empt any statement that there is a « presidential vacancy » that would allow President of the Senate Ba M’Bare to assume the interim presidency. Charge shared the highlights of his previous conversation with the President of the Constitutional Council and suggested the FNDD may also want to have President of the National Assembly Messaoud Ould Boulkheir challenge M’Bare’s succession since it would be difficult to dodge a complain from the President of the National Assembly whose legitimacy is not subject to debate. Charge also noted the possibility of finding a candidate to challenge Aziz’ ability to run for president under the provisions of the Africa Charter, ratified by MauriQnia, which bars coup leaders from running for office. Ould Maouloud said he was not confident the Constitutional Council would « do the right thing » if put on the spot noting they had a mixed record to date — knocking down Aziz’ efforts to expel Ould Boulkheir from the National Assembly presidency but also giving its blessing to the CENI electoral commission appointed by the regime. That said, Ould Maouloud said they would put challenges in front of the Constitutional Council as a delaying tactic. Should they win, the FNDD will be thrilled. If they lose, they will denounce the process as further evidence of Aziz’ manipulation of the system.

3. (S – N/F) Looking for betrayals : Ould Maouloud said they saw the possibility that some of those whom Aziz is putting in place to watch out for his interests in the interim between his resignation and the elections could turn against him. The FNDD is focused particularly on General Ghazwany as someone who might « get up the courage » to abandon General Aziz — with the chance of that happening increasing the longer Aziz is technically a civilian. Ould Maouloud understood that General Aziz will try to maintain behind-the-scenes control of the BASEP Presidential Security Battalion even after he sheds his uniform. He believes Ghazwany is bristling at that interference — which makes the BASEP more a personal militia than ever. Were Ghazwany to abandon Aziz politically, Ould Maouloud believes Aziz would try to come back by force by using the BASEP as well as Tuareg fighters provided by Malian Tuareg leader Ibrahim Ag Bahanga. Were the occasion to arise, Ould Maouloud suggested that, « beyond four or five BASEP officers who are personally loyal to Aziz, » the BASEP itself would not necessarily come out in force against other military units. As for the Tuareg, Ould Maouloud sees them as too far away for what, if it ever happens, he would expect to be a rapid change. When asked whether the President and FNDD leadership had discussed what they would offer Ghazwany if he were to turn on Aziz, Ould Maouloud discussed the possibility of naming Ghazwany as a greatly empowered Minister of Defense (abolishing the long-held « real military power » held by the Presidential Personal Military Chief of Staff previously held by Aziz and shifting that power to civilian control). Ould Maouloud emphasized that these types of scenarios are being discussed but added, « the problem with being a Front is that WE ARE A Front, » meaning that this type of sensitive discussion has to be held at the level of a far smaller group of which he is a member.

4. (S – N/F) Ould Maouloud believed President of the Senate M’Bare could also renege on his understanding with Aziz. He sees M’Bare as a very weak person, however, so he assumes M’Bare would be at best a « follower » of a wave against Aziz. Ould Maouloud also did not discount the possibility of a double-cross by intelligence chief General Hady, but he was not as sure the result of a Hady-led action against Aziz would be as positive as one led by Ghazwany.

5. (S – N/F) Ould Maouloud emphasized that targeted sanctions and a clear international denunciation of the electoral process would be essential in getting Aziz’ putative allies to turn on him. Ould Maouloud hoped Uganda would move forward on a Security Council PRST denouncing coups in Africa although he was worried the Ugandans were being dissuaded by Libya. Ould Maouloud worried that previously strong political support from Algeria was fading in favor of a « security agenda » being pushed by Algerian military and intelligence services.

6. (S – N/F) French Spoilers : Ould Maouloud said the greatest FNDD concern was that, while they might be able get Ghazwany and others to abandon Aziz politically, the French intelligence services might intervene to get Ghazwany to stick with Aziz’ game plan.

7. (S – N/F) Comment : The FNDD is not unrealistic enough to believe that Aziz’ allies are likely to turn on him, but they do believe it could happen. Lacking their own forces, the FNDD cannot mount a counter-coup but must hope for a continually deteriorating economy and internal rivalries to spark a revolt (they don’t see Aziz ever backing away through a political settlement). Aziz’ desire to seek the veneer of legitimacy by going to elections through a short-lived civilian transition government is seen by the FNDD as a moment of vulnerability they can exploit. At the same time, Aziz got to where he is today through a mastery of palace intrigue. Overtly or behind-the-curtain, Aziz has been running security for some time now and knows how to stage and how to counter coups. He will now be at his point of maximum awareness. The FNDD is, unfortunately, poorly placed to influence the military inner circle. Most of the FNDD leaders consider themselves intellectuals who have never developed relations with the coarser military — who generally come from warrior tribes. We know there is personal resentment against Aziz within the military, but we do not know its depth or whether any of the military would run the risk of turning on Aziz.

DENNIS HANKINS

Source  :  Mauritanie24 le 05/12/2010

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