Les pays arabes suggéraient aux Américains d’être sans scrupules concernant l’Irak et Guantanamo

Les dirigeants arabes conseillaient à leurs interlocuteurs américains de fermer les yeux sur certains principes démocratiques, lorsqu’il s’agissait de Guantanamo ou de la stabilisation de l’Irak, révèlent des télégrammes diplomatiques divulgués hier par WikiLeaks.

Ainsi, selon un télégramme classé « secret », daté du 5 février 2009, cheikh Jaber al-Khalid al-Sabah, ministre de l’Intérieur du Koweït, préconisait de régler de façon radicale le sort de quatre prisonniers koweïtiens du camp de Guantanamo : « Laissez-les mourir. » « Nous ne sommes pas l’Arabie saoudite, nous ne pouvons isoler ces gens dans des camps dans le désert ou sur une île (…) S’ils sont pourris, ils sont pourris », ajoutait-il, selon le compte rendu d’une discussion avec un diplomate américain. « Vous les avez capturés en Afghanistan, renvoyez-les là-bas en pleine zone de guerre », poursuivait-il, au moment où l’administration américaine approchait plusieurs pays susceptibles d’accueillir des détenus en instance de libération. La fermeture du camp figurait parmi les engagements du nouveau président Barack Obama.
À propos de sept trafiquants iraniens de haschisch capturés par la marine américaine alors que leur bateau faisait naufrage, le prince ministre « sourit largement » et dit : « Dieu voulait les punir et vous les avez sauvés. Ils sont maintenant votre problème. Vous auriez dû les laisser se noyer. »

Le 15 mars 2009, John Brennan, conseiller antiterroriste de Barack Obama, est reçu par le roi Abdallah d’Arabie saoudite, toujours selon les télégrammes révélés par WikiLeaks. Ils discutent du sort de 99 Yéménites encore détenus à Guantanamo et devant être libérés. Le souverain propose alors d’implanter sur eux une puce électronique permettant de les pister « via Bluetooth ». « On fait ainsi avec les chevaux et les faucons », fait observer le roi. John Brennan rétorque avec humour que certes, c’est une idée, mais que « les chevaux n’ont pas de bons avocats ».
Lors d’une rencontre avec des parlementaires américains en 2008, le président égyptien Hosni Moubarak fait part, de son côté, de son inquiétude sur l’instabilité de l’Irak et suggère de laisser s’y installer un « dictateur équitable ». « Renforcez les forces armées, relâchez votre emprise et il y aura un coup d’État. Alors vous aurez un dictateur, mais quelqu’un d’équitable », conseille-t-il alors que les Américains cherchent à sortir du guêpier irakien. « Oubliez la démocratie, les Irakiens sont par nature trop durs », préconise-t-il encore, selon ce télégramme. Hosni Moubarak craint, comme plusieurs autres chefs d’État arabes cités dans les mémos dévoilés par WikiLeaks, un renforcement de l’influence de l’Iran en Irak.
Le président égyptien ne cache pas non plus son inquiétude face au programme nucléaire de Téhéran. « Nous sommes tous terrifiés », affirme-t-il, toujours selon ce compte-rendu. « Moubarak a dit que l’Égypte pourrait être forcée à commencer son propre programme d’armement nucléaire si l’Iran réussissait dans ses efforts », relate le document américain.

Source  :  L’Orient le Jour le 01/12/2010

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