La majorité de cette masse de sans emploi porteuse de diplômes a tenté d’une manière ou d’une autre à entrer à la fonction publique par un concours. Mais il n y a pas assez de places disponibles pour récupérer tous les postulants. Seuls les secteurs de l’enseignement, de la santé ou de l’armée constituent un chemin d’accès à un travail permettant de fournir une fiche budgétaire. Le secteur privé est une voie royale pour ceux qui ont des compétences élevées. Là aussi les critères de sélection sont entachés de toutes sortes d’irrégularités à quelques exceptions rares. En l’absence d’un emploi stable, c’est la débrouillardise qui devient le lot de tous ces désespérés qui errent dans tous les sens pour chercher un gagne –pain devenu rare. Les pouvoirs publics ont mis en place des politiques de lutte contre le chômage pour aider à réinsérer les sans emplois. C’est dans ce cadre qu’est née l’agence nationale pour la promotion et l’emploi des jeunes ( l’ANAPEJ ) qui a très tôt été déviée de sa vocation pour cause de mauvaise gestion et d’un manque de volonté politique à la hauteur des attentes. Elle n’existe que pour la forme bien que son importance est encore capitale. Selon des statistiques fournies par des expertises indépendantes crédibles, le taux de chômage en Mauritanie est l’un des plus élevés en Afrique. Un paradoxe au regard de la densité démographique et des richesses du pays (parmi les plus petits du monde,) calculés par tête d’habitants. Cette situation pousse beaucoup de bras forts et de cerveaux bien formés à quitter la patrie vers d’autres horizons. Le temps n’est plus où un titulaire de brevet d’enseignement secondaire avait l’embarras du choix entre plusieurs emplois à portée de main. Le baccalauréat n’offre plus la même valeur qu’autrefois pour son détenteur qui se faisait prier par la fonction publique ou par l’armée pour un recrutement direct. La maîtrise a perdu de son prestige et sa « valeur marchande » a été dépréciée au point que beaucoup le plient en quatre après son obtention pour se livrer à une autre activité lucrative requerrant d’autres compétences pourvu d’en trouver. Le marché de l’emploi est saturé. Le nombre de demandeurs s’est considérablement allongé face à une offre insignifiante. Aucune société publique ou privée n’a les capacités d’absorber tous ces jeunes munis de diplôme. La SNIM qui vient en tête des boites pourvoyeuses d’emploi en Mauritanie, n’est plus en mesure de fournir du travail aux sortants des écoles professionnelles. Le secteur de la pêche a lui aussi subi les effets d’une crise sévère à cause d’une récession mondiale mais surtout d’un pillage des ressources halieutiques du pays par des pirates étrangers et d’une mauvaise gestion de cette manne. La plupart des grandes sociétés de pêches de Nouadhibou ont fait un dépôt de bilan, envoyant ainsi « OUT » leurs employers. A défaut de pouvoir s’insérer dans le circuit de production, les sans emplois se frayent une porte vers l’informel avec ses innombrables incertitudes et écueils …
Cheikh Tidiane Dia
Source : Le Rénovateur le 03/11/2010