Abderrahmane Ahmed Salem s’élève contre la banalisation des symboles de notre patrimoine

Elle est où la tribune de l’indépendance qui a abrité les premiers défilés de la jeune nation mauritanienne. Il est, aujourd’hui, très difficile de tomber sur les images des anciens chefs d’Etat et Présidents de la République.

Les maisons qui ont abrité, au lendemain de l’indépendance, le siège de Radio Mauritanie et les bureaux de feu Moktar Ould Daddah, ont été transformées en boutique ou blanchisserie.

Pourtant, elles ont été officiellement classées, par décret, comme faisant partie du patrimoine culturel de la Mauritanie. Alors, y’a-t-il une volonté délibérée d’ensevelir jusqu’aux bas-fonds de l’oubli la mémoire de ce pays?

« Absolument », rétorque Abderrahmane Ahmed Salem, directeur de la Maison des Cinéastes qui, rappelons-le, au passage, était la maison du plus grand historien dans le monde arabe, Mokatr Ould Hamidoun.

Selon Abderrahmane Ahmed Salem, les mauritaniens éprouvent un complexe avec leur histoire avant de balancer  qu’ils « ne sont pas fiers de leur passé ».

« Il y’a une ignorance mélangée avec un peu de méchanceté. Aujourd’hui, en Mauritanie, on ne peut pas trouver un lieu où on peut consulter l’histoire de notre pays. La Bibliothèque nationale est devenue une boutique », dit-il.

« Si, on n’arrive pas à garder intacts des lieux qui ont marqué l’histoire du pays, à les entretenir, comment peut-on s’occuper à autre chose. On a enlevé tout ce qui symbolisait le passage au pouvoir de certaines personnalités comme Moktar Ould Daddah ou Mâaouiya Ould Sid’Ahmed Taya qui font partie de l’histoire du pays. Même Adolphe Hitler fait partie de l’histoire de ce monde », ajoute-t-il.

En quelques décennies, Nouakchott qui semble pâtir de la modernité et de la poussée démographique a perdu au quart de tour tous les vestiges de son patrimoine. A l’heure actuelle, rien n’est fait pour le reconstituer et ce n’est pas sur la commission nationale préparatoire du cinquantenaire qui n’a pas prévu cela dans son agenda qu’il faudra compter.

Babacar Baye Ndiaye

Source  :  rimartculture.over-blog le 28/10/2010

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