La Mauritanie lutte contre l’extrémisme par l’éducation

Les Mahdharas, les écoles religieuses, représentent un symbole de tolérance et de modération en Mauritanie. Ces dernières années, elles ont connu une vague d’extrémisme religieux importé depuis l’étranger. Mais aujourd’hui, ces écoles affichent leur vrai visage en luttant contre le fanatisme.

 

 

« En Mauritanie, l’école religieuse s’est trouvée confrontée à certains courants extrémistes venus essentiellement de l’étranger », a déclaré un principal de Toujounine, Sheikh Mohamed Lemine Ould Mann. Son école religieuse Adhwaa al-Bayan intègre un certain nombre d’élèves étrangers.

« Jusqu’à une date récente, l’école religieuse suivait les autorités religieuses dans leurs fatwas privées et publiques », a-t-il poursuivi. « Mais certains des courants islamiques extrémistes extérieurs ont récemment fait leur apparition, ce qui nécessite de restructurer l’enseignement religieux de manière à remporter la bataille qui se déroule actuellement entre la modération et l’extrémisme dans le monde musulman dans son ensemble. Je crois par conséquent que l’Etat doit apporter plus de soutien à ces écoles religieuses, pour leur permettre de lutter contre les idées déviantes et les courants étroits qui sont fondés sur certaines idéologies politiques. »

Les Mahdharas présentent des particularités qui les différencient des institutions d’enseignement publiques et privées en Mauritanie.

« L’école religieuse en Mauritanie est un sorte de hiatus. D’un côté, elle est publique parce qu’ouverte à tous, quelles que soient les origines sociales ou cognitives ; et de l’autre, elle est privée parce que dirigée par tel ou tel sheikh qui choisit les programmes indépendamment de l’autorité de l’Etat », a expliqué Mohamed Ould Taleb, étudiant en sciences de la charia.

Selon le ministère des Affaires islamiques et de l’Enseignement religieux, il existe 6 700 mahdharas en Mauritanie. L’Etat leur apporte des subventions annuelles de 100 millions d’ouguiyas (252 000 euros), et fournit la nourriture et les matériels.

« L’Etat coopère toujours avec ces écoles religieuses pour éclairer l’opinion publique sur les questions urgentes, comme la diffusion d’une idéologie modérée et l’interdiction de certaines pratiques néfastes, comme les mutilations génitales sur les femmes », a expliqué Ould Taleb.

L’enseignant Ahmed Salem Ould Khatry a souligné que la Mauritanie est maintenant « fortement dépendante des écoles religieuses, des imams et des étudiants pour diffuser les valeurs de tolérance, d’acceptation de l’autre et d’interdiction de l’assassinat d’autres âmes, qu’elles soient musulmanes ou non musulmanes ».

« Ces écoles religieuses en Mauritanie n’ont jamais connu la culture de l’extrémisme », a conclu Ould Khatry. « Les sheikhs de ces écoles ont toujours eu de bonnes relations avec tous les régimes qui ont dirigé ce pays durant les cinquante dernières années. »

Selon Mohamed Abderrahman Ould Veten, directeur des écoles religieuses au ministère de l’Education islamique, ces écoles donnent à leurs élèves la liberté totale de ce qu’ils souhaitent apprendre et représentent un coût financier peu élevé.

« L’école religieuse est un symbole de modération religieuse qui résulte des enseignements tolérants de l’Islam », a déclaré Ould Veten. « Par conséquent, elle reste une lumière en Mauritanie, très éloignée de l’idéologie de l’extrémisme. »

« Les extrémistes sont des gens qui n’ont pas su aborder les questions religieuses », a ajouté Ould Veten. « Quiconque a étudié dans une école religieuse ne peut, en aucune manière, embrasser l’idéologie de l’extrémisme. »

Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud

Source  :  Magharebia le 28/10/2010

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