Post-scriptum

C’est quoi le contenu de vos déclarations de patrimoine, messieurs ?

Le Premier ministre mauritanien Moulaye  Ould Mohamed Laghdaf a fait sa déclaration de patrimoine dimanche devant le président de la Commission pour la transparence financière dans la vie publique….

Trois semaines auparavant c’était le Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz qui se soumettait à cet acte institué selon une loi votée en 2007 sous Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Alors élu président de la République.

La déclaration de patrimoine impose au Président de la République, à son Premier ministre et aux membres du gouvernement, ainsi qu’à certains  hauts fonctionnaires de l’Etat de présenter un document rendant compte de leurs biens à la commission de transparence financière dans la vie publique.

En principe cette déclaration de patrimoine doit s’effectuer avant même que les personnalités précitées prennent fonctions. Moralité ? Faire connaitre ce qu’on avait avant de venir et ce que l’on a en partant. Cela permet  de savoir qui s’est enrichi illicitement sur le compte de l’Etat et, au besoin, qui s’est appauvri en étant au service de l’Etat. Voilà pour le principe.

Dans le feu de la résistance au coup d’Etat du 06 août 2008 puis à l’élection de son auteur comme président de la République en juillet 2009, l’opposition mauritanienne avait eu à appeler à plusieurs reprises à ce que cette déclaration de patrimoine soit effectuée. En réponse, côté pouvoir, il avait été signifié que cette déclaration n’était d’aucune pertinence.

On se rappelle les sorties en meetings de Messaoud Ould Boulkhier ironisant sur le fait que Mohamed Ould Abdel Aziz était encore en train de compter ses bien et que c’était pour cela qu’il tardait à faire sa déclaration de patrimoine.

On se rappelle également les sorties de campagne présidentielle au cours desquelles l’actuel Président mauritanien faisait don de dizaines de millions aux populations auxquelles il entendait ainsi apporter son soutien avec ‘son’ argent à lui contrairement, selon lui, aux autres qui n’ont fait que manger l’argent de l’Etat.

Entre août 2008 et octobre 2010, que possédaient à titre strictement personnel, le président de la République, son Premier ministre, les membres de son gouvernement et les hauts fonctionnaires de l’Etat, tous tenus de se soumettre à une déclaration de patrimoine somme toute discrète ; les contenus de telles déclarations n’étant pas encore accessibles ?

« Je suis obligé de suivre ce qui se fait avec précision. Il a souvent manqué à ce pays un président qui se soucie des détails. C’est ainsi qu’on a laissé faire la gabegie et la corruption. Je dois donc tout contrôler moi-même. »  Avait déclaré Ould Abdel Aziz à l’hebdomadaire Jeune Afrique du jeudi 2 septembre 2010.

Si le Président doit tout surveiller, que va alors contrôler la commission de transparence financière dans la vie publique chargée d’enregistrer les déclarations de patrimoines?  

Kissima

La Tribune

 

 

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