A partir d’aujourd’hui jusqu’ à une date indéterminée, il n’y aura pas de pain sur toute l’étendue de la région de Dakar. Ainsi en ont décidé les boulangers de Dakar. Cette décision a été prise hier, à l’occasion de la rencontre des boulangers de la capitale sénégalaise. Selon Amadou Gaye, président de la Fédération des boulangers, il ne s’agit pas d’une grève mais « d’un arrêt total de production ». Pour dire qu’ils ne sont pas dans une logique de cessation du travail pendant 24 ou 48 heures, mais qu’ils vont croiser les bras jusqu’à ce qu’ils aient obtenu gain de cause. En fait, les boulangers de Dakar exigent des autorités une augmentation de la baguette de 210 grammes à 175 francs, comme c’est le cas, à les en croire, dans toutes les autres régions du pays. Amadou Gaye et Cie disent ne pas comprendre que l’Etat du Sénégal procède à une augmentation de 6000 francs sur le sac de farine qui passe de 14000 francs à 20.000 francs, sans qu’il y ait une mesure d’ajustement. En réalité, selon les boulangers, une hausse de la farine devait normalement entraîner une augmentation du prix de la baguette.
A la question de savoir si tous leurs camarades de la capitale vont suivre le mot d’ordre, Alioune Thiam, vice-président de la Fédération et en même temps porte-parole, répond par l’affirmative. « Nous avons prévu cela et nous avons discuté avec tout le monde. Ils vont respecter le mot d’ordre. D’ailleurs, c’est dans leur intérêt », rassure-t-il.
Pour sa part, Pape Birame Diallo, représentant du cadre unitaire de la fédération syndicale des boulangers du Sénégal, soutient que « plusieurs boulangers n’arrivent plus à assurer les salaires, car ils ne parviennent plus à s’en sortir ». Le syndicaliste annonce une assemblée générale demain mardi 26 octobre, au siège de l’Unsas, pour discuter de la question. Dans le plan d’action, il est également prévu un sit-in, jeudi prochain. Une demande d’autorisation a été d’ailleurs adressée dans ce sens, au préfet.
Par ailleurs, pour les boulangers de Dakar, le véritable obstacle à leur épanouissement se trouve être la Société sénégalaise de pain (sosepain). Ce géant de l’industrie, qui a investi des milliards dans le secteur, avec comme slogan « pain champion », fait dans la concurrence déloyale, si l’on en croit Amadou Gaye et ses camarades. Alors qu’on les oblige à vendre le pain à 150 francs, Sosepain se permet de vendre à 110 francs la baguette à des clients boulangers. Ainsi, cette société qui, de l’avis des boulangers, a l’appui de l’Etat, adopte une attitude purement libérale qui consiste à les affaiblir pour les acheter tous à la fin. Mais, préviennent-ils, ils ne comptent pas se laisser faire.
Alassane DRAME
Source : LasQuotidien le 25/10/2010