Non, ce ne sont pas les titres de la section « sexologie » de la Fnac, mais des ouvrages proposés par les libraires musulmanes de France.
La première chose qui frappe lorsqu’on pénètre dans une librairie islamique, c’est la place exorbitante prise par ces petits opuscules, au prix relativement modeste (entre 5 et 10 euros) qui traitent tous de la même chose : le sexe.
« Ce sont les ouvrages qui se vendent le mieux, confie cet imam marseillais qui tient l’une des plus grandes librairies musulmanes de la ville. Ils partent comme des petits pains. »
En deux mots : dans l’univers musulman français, le sexe peut rapporter gros. Généralement édités en Belgique, ces livres sont des traductions d’ouvrages arabophones rédigés par des théologiens ou des juristes d’obédience salafiste, ce courant littéraliste né en Arabie Saoudite.
Mais, contrairement à une idée reçue, ces opuscules ne sont pas achetés exclusivement par des adeptes de cette mouvance, très minoritaire en France.
D’autres jeunes musulmans croient y trouver l’orthodoxie religieuse en matière de sexualité, de rapports hommes/femmes et de relations matrimoniales.
« Où est la fierté arabe et où l’esprit viril de l’Islam ? »
La lecture de cette littérature religieuse a de quoi effrayer, légitimant une interprétation machiste, homophobe et culpabilisante de la vie en société. Avec dénonciation radicale de la mixité, présentée comme le « mal suprême » des sociétés occidentales.
« La mixité entre femmes et hommes qui se divertissent est une erreur, ceci n’est pas permis. Comment la femme peut se mêler aux hommes et jouer avec eux et eux avec elle ? Où est la fierté arabe et où l’esprit viril de l’Islam ? […]
Ceci par Allah, n’est pas permis, ni du point de vue de la Loi islamique ni du point de vue de la virilité arabe », peut-on lire dans un recueil de Fatwas saoudiennes diffusé en français à plusieurs milliers d’exemplaires dans nos librairies islamiques.
Ces ouvrages consacrent la domination masculine sur le mode le plus trivial. Leur majorité prône l’équité de l’homme envers la femme, mais toujours pour célébrer la supériorité du sexe fort sur le « sexe doux » comme disent les savants.
L’homosexualité est unanimement dénoncée comme un signe majeur de la décadence occidentale. Et le sida en serait le châtiment divin :
« Dernièrement Allah éprouva ceux qui Lui ont désobéi par l’épidémie du sida qui s’est propagée et se propage encore à un rythme exponentiel.
Ainsi, ceux auxquels la maladie se transmet quotidiennement au niveau mondial atteignent le nombre de 10 000 personnes. […]
Il reste à savoir que 73 % des personnes atteintes de cette maladie sont homosexuelles. »
Le missionnaire, « la meilleure position »
Au-delà du statut de « gardiens de la morale », les théologiens s’improvisent volontiers sexologues. Avec foule de détails sur les « bonnes » pratiques sexuelles au sein du couple musulman : préliminaires, position idéale (missionnaire), fellation, prohibition de la sodomie…
« La meilleure position que l’homme doit adopter pour aborder son épouse est de se mettre sur elle après l’avoir allongée sur le dos, après les préliminaires et les baisers. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle fut appelée “lit”, comme a dit le Prophète.
[A l’inverse], la plus mauvaise position est que la femme se met sur l’homme, c’est l’inverse de la position naturelle à laquelle Allah a prédisposé l’homme et la femme. »S’il est très difficile de mesurer l’influence réelle de ce type de littérature, une chose est sûre : à trop la consulter, on risque de devenir schizophrènes. Ou, pire, obsédés sexuels !
Illustration : El Diablo.
Par Vincent Geisser
Source: RUE89