1000 ouguiyas le baril d’eau dans les quartiers périphériques : La nappe d’Idini inégalement partagée

L’accès à l’eau potable en Mauritanie reste toujours un casse-tête récurrent pour les populations. De la rareté de la denrée au prix excessif du baril, les populations de la banlieue sont les plus touchées par cette carence. Aujourd’hui, le projet d’alimentation de Nouakchott en eau potable « Aftout Essahli » reste leur seul espoir d’échapper aux spéculations, malgré les nombreuses zones d’alerte.

Un baril d’eau à 1000 ouguiyas ; un prix qui fait actuellement sensation à Teyarett chez les vendeurs d’eau qui n’hésitent pas à faire monter les enchères, suivant la distance de livraison. De l’utopie qui est devenu réalité depuis quelques jours, poussant les boutiquiers et autres détaillants de la place à doubler le prix du bidon de 20 litres (50 à 100 ouguiyas). Depuis deux semaines, la « guerre de l’eau » fait fureur dans certains quartiers pauvres de la capitale. Les victimes semblent être les pauvres et leurs bourreaux les muletiers, vendeurs d’eau. Ces derniers profitant de la situation vendent leur baril à 1000 ouguiyas alors que son volume n’excède pas 9 bidons de vingt litres. Les bassins construits dans les quartiers pauvres pour soulager les populations, malgré leur vétusté et leur insalubrité n’arrivent plus à satisfaire les besoins des populations, tellement la demande en eau est forte. Ainsi le consommateur a l’embarras du choix, soit acheter un baril qui vous coutera la prunelle des yeux ou mourir de soif. Les bouteilles d’eau minérale, autre alternative ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Elles sont réservées à une frange des populations. L’approvisionnent en eau dans les quartiers huppés de la capitale constitue une autre solution pour les propriétaires de voitures. Estimé entre 20 et 100 milliards m3 d’eau, le volume de la nappe phréatique d’Idini ne semble pas satisfaire aux besoins des populations. Malgré ces 36forages et ses 58 000m³/j, la nappe souterraine d’Idini ne profite qu’aux nantis. Et pour cause, son volume d’eau est inégalement réparti entre les populations de Nouakchott. Situé à 60 km de la capitale, sa production journalière, bien que flatteuse est malheureusement loin des 170.000 m3/j, annoncé par le projet Aftout Essahli. Destiné à couvrir les besoins des populations en eau d’ici 2010, le projet suscite beaucoup d’espoir chez les populations. Mais là où le bât blesse, le début de production ces jours ci est l’une des causes de la raréfaction subite de l’eau. Le gros volume d’eau envoyé dans un réseau vétuste et passablement délabré à entraîne des fuites multiples et souvent spectaculaires dans tous les quartiers de Nouakchott. Devant cette situation la SNDE a été obligée de lever le pied en diminuant la pression du précieux liquide. Bien sûr il s’agit là de la politique de l’Autruche car le problème demeure. Le réseau actuel de Nouakchott est inadapté au volume d’eau amené par Aftout Essahili. Les canaux d’approvisionnement n’ont pas encore atteint les quartiers périphériques de la capitale, Nouakchott. Le transfert de l’eau dans les maisons est assuré par une station de traitement final. Cette dernière est chargée de pré traiter et de stocker l’eau dans une réserve de sécurité et d’assurer de sa distribution grâce à une conduite reliant un château d’eau prévu au centre ville. Ainsi à la fin de l’échéance, le projet continue de trainer les pieds. Comme semble encore traîner le pieds l’autre versant du projet qu’est la mise en place d’un réseau d’assainissement digne de ce nom.
L’Aftout Essahli doit assurer les besoins de la capitale jusqu’en 2020. Financé par le Fonds arabe de développement économique et social (Fades), la Banque islamique de développement (BID), la Banque africaine de développement (BAD), le Fonds Koweitien, le Fonds Saoudien et le fonds de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à hauteur de 451 millions de dollars. Des dispositions ont été prévues pour porter la production à 226.000m3/j pour satisfaire la demande jusqu’en 2030.
Selon une étude de l’ONU la quantité moyenne d’eau douce disponible par habitant et par an en Mauritanie devrait ainsi diminuer de 4700 à 1950 mètres cubes en 2025. Rappelons à cet effet que le seuil d’alerte retenu par l’Organisation des nations unies (ONU) correspond à moins de 1700 mètres cubes d’eau douce disponible par habitant et par an.
Dialtabé

Source: Le Quotidien de Nouakchott



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