Sommet arabo africain de Syrte, veut-on rattraper le temps perdu ?

Trente trois ans après le 1er sommet arabo-africain tenu en 1977 au Caire, le second sommet des chefs d’Etat s’est ouvert dimanche à Syrte en Libye pour une journée. Objectif principal, renforcer leurs relations de coopération à travers notamment la promotion des investissements et du commerce en exploitant au mieux leurs potentialités économiques.

Auparavant, la commission de préparation à ce sommet avait examiné les démarches organisationnelles pour assurer la réussite de ce rendez-vous arabo-africain. A noter que les ministres africains et arabes ont parachevé cet après-midi leur délibération et élaboré les documents devant être soumis au sommet relatif au projet de stratégie de coopération arabo-africaine, du projet de Déclaration de Syrte et de deux projets sur les catastrophes concernant la création d’un fonds de lutte contre les catastrophes et d’un deuxième portant sur la stratégie entre les deux régions. Elle  avait également examiné le projet de stratégie de partenariat arabo-africain et le plan d’action arabo-africain (2011-2016). En outre la commission composée de l’Algérie, la Libye, le Koweït, le Maroc, l’Egypte, le Ghana, la Tanzanie, et le Burkina Faso en plus du secrétariat général de la Ligue arabe et de la Commission de l’Union africaine, a examiné le projet de « Déclaration de Syrte » qui va sanctionner les travaux de ce sommet, le projet d’ordre du jour et débattu les recommandations du Forum de haut niveau sur la coopération arabo-africain en matière d’investissement et de commerce tenu fin septembre à Tripoli.

Dans le même contexte, signalons que le Caire avait abrité, fin juillet, la 4e réunion de la commission de préparation ayant trait au projet d’ordre du jour de ce sommet et l’évaluation des résultats de la première réunion du comité de coordination du sommet composé du secrétariat général de la Ligue arabe, de la Commission Africaine et du pays hôte. Quatre comités de coordination avaient été mis en place lors de cette réunion. Le premier entre le secrétariat général de la Ligue, la commission de l’UA et le pays hôte et le deuxième concerne quatre pays arabes, quatre pays africains, la commission africaine, le secrétariat général de la Ligue arabe et le pays assurant la présidence. Ce comité a planché sur les documents relatifs au plan stratégique de coopération arabo-africaine.

Le troisième comité a, quant à lui, procédé à l’élaboration de la « Déclaration de Syrte » qui sanctionnera les travaux du sommet et le quatrième comité a examiné les projets de résolutions à soumettre aux chefs d’Etats arabes et africains. Le Forum économique arabo-africain sur l’investissement et le commerce organisé en septembre par le secrétariat de la Ligue arabe, la Commission de l’Union africaine et la Banque arabe de développement économique (BADE) ainsi que la Libye avait examiné plusieurs points relatifs aux perspectives de coopération économique arabo-africaine en matière d’investissement et de commerce. Le 1er sommer arabo-africain qui s’était tenu au Caire en mars 1977,  avait été sanctionné par un programme de travail fixant les principes et le cadre de travail collectif et individuel des pays arabes et africains dans les domaines de coopération entre les deux ensembles ainsi que la Déclaration de coopération économique et financière arabo-africaine.

Les sujets de friction ne manquent pas

Plus d’une trentaine de chefs d’Etat arabes et africains -dont le président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz- prennent part à ce sommet dans la ville de Syrte en libye. Le sommet arabo-africain, permettra certes de faire le bilan du développement des relations multilatérales entre le Monde arabe et le Continent noir, mais sans nul doute aussi, il aura à aborder des sujets politiques sensibles comme par exemple le conflit israélo palestinien à la lumière des derniers développements sur la question, la situation sécuritaire au Sahel, objet de frictions entre différents Etats concernés, le conflit du Darfour au Soudan, la situation calamiteuse de la Somalie, le conflit du Sahara Occidental entres autres. Alger représenté au sommet de Syrte par son président de la république, ne va pas manquer de demander des explications au Guide libyen Mouammar Kaddafi, quant à ses récentes déclarations au magazine français, Paris Match, lors desquelles il affirma qu’il voyait «sans inquiétude» la présence «limitée» des forces françaises au Niger, pour une «mission temporaire». Alger qui ne ménage pas ses voisins les plus immédiats, notamment la Mauritanie, le Mali et le Niger principalement, leur reproche de préparer le terrain du Sahel à des forces étrangères pour intervenir contre AQMI. Allusion à la France et aux Etats-Unis ! Si l’on en croît l’interprétation d’Alger, selon laquelle, « admettre ainsi une ingérence étrangère dans la région sahélo-saharienne, le colonel Kaddafi semble ainsi donner le «la» à la prise de langue avec les terroristes, emboîtant le pas à la France prête à négocier avec les preneurs d’otages, au grand dam des institutions internationales qui condamnent fermement le paiement de rançons. Pour Alger, c’est là une manière d’encourager les kidnappings et perpétuer l’insécurité dans la région du Sahel. Selon elle, cette question de l’ingérence étrangère demande à être clarifiée dès lors qu’une telle option remettra en cause la souveraineté des Etats du Sahel. Ce point de vue n’est certainement pas partagé par ses voisins qui ont aussi beaucoup de reproches à lui faire quant à son indulgence vis-à-vis de ces terroristes qu’elle manipule à sa guise et suivant ses intérêts du moment. Cette question qui fâche de part et d’autre au Sahel risque, si Alger n’y prend pas garde, d’envenimer ses relations déjà au plus bas avec ses voisins. Sur un tout autre dossier politique qu’Alger tentera d’évoquer durant ce sommet, est celui du Sahara occidental. Déjà réfractaire à l’implication du Maroc dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, rien ne garantit à l’Algérie que le sommet va évoquer le dossier bien qu’il puisse compter sur quelques soutiens de pays africains. Des sources bien informées indiquent d’ailleurs, que des tentatives ont bien eu lieu au cours du huis clos du conseil des ministres, mais la Ligue arabe, soutenue par les Etats africains, a rejeté l’idée.

Moussa Diop



Source: Le Quotidien de Nouakchott

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