Des frappes aériennes mauritaniennes aujourd’hui dans le nord du Mali ont permis de détruire trois véhicules d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et fait des victimes parmi les occupants, a assuré un responsable militaire mauritanien. « Les raids de dimanche contre Aqmi dans le nord du Mali ont déjà permis de détruire trois véhicules transportant des terroristes, sur sept véhicules visés (qui circulaient) dans une colonne », a affirmé ce responsable militaire.
Une femme, présentée comme « l’épouse d’un terroriste », a été tuée lors de ce bombardement, a annoncé cette source, qui a refusé de préciser le nombres des autres passagers et s’ils avaient été blessés ou tués. Des avions mauritaniens ont visé à la mi-journée des éléments d’Aqmi dans le nord du Mali, à la suite de combats meurtriers vendredi et samedi dans la région de Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako).
Le gouvernement mauritanien a affirmé avoir lancé cette offensive au Mali voisin pour « anticiper des intentions criminelles » d’Aqmi, sans faire aucun lien avec l’enlèvement, jeudi au Niger, de cinq Français et deux Africains qui auraient aussitôt été acheminés vers le nord du Mali.
Bilan incertain
La France, qui soupçonne Aqmi d’avoir commandité le rapt, a assuré que les combats menés par l’armée mauritanienne étaient « indépendants de l’enlèvement des employés du groupe français Areva » sur le site minier d’Arlit au Niger. Samedi soir, le ministère mauritanien de la Défense a exposé les raisons de son intervention, sans crier victoire.
Le bilan officiel mauritanien est de 12 morts et d’un nombre indéterminé de blessés dans le camp des « terroristes », six morts et huit blessés dans les rangs de l’armée. Mais une source algérienne dans la région a affirmé de son côté à l’AFP que l’armée mauritanienne aurait perdu « au moins 15 » soldats.
« Nos forces armées avaient repéré une bande de terroristes à bord d’une colonne de véhicules armés, qui se déplaçaient en direction de notre frontière avec la république soeur du Mali, dans l’objectif évident d’attaquer l’une de nos positions », a relaté le ministère mauritanien, selon lequel « une unité de l’armée nationale a intercepté cette colonne, dans l’après-midi » de vendredi. Une source militaire mauritanienne haut placée a assuré à l’AFP qu' »un important arsenal de guerre avait été saisi » durant la première attaque.
Mais des sources régionales concordantes assurent que l’armée mauritanienne a ensuite subi « un important revers » et que, jusqu’à présent, elle n’a « pas de nouvelles de certains de ses hommes ». ansSelon ces sources, un lieutenant de l’islamiste algérien Abdelamid Abou Zeid, Yahya Abou Hamame, dirigeait les opérations d’Aqmi contre l’armée mauritanienne. Abou Zeid serait responsable de l’assassinat en mai 2009 de l’otage britannique Edwin Dyer et de la mort de l’otage français Michel Germaneau en juillet 2010.
Polémique sur la sécurité d’Areva au Niger
La France « fera tout pour retrouver ses otages » enlevés jeudi au Niger, a déclaré dimanche le porte-parole du gouvernement français, Luc Chatel, interrogé sur la possibilité que la France engage une « action militaire » pour tenter de les libérer. « A ce stade », le gouvernement n’a « pas de revendication particulière de cette prise d’otages », a poursuivi M. Chatel.
Le 22 juillet, des militaires français avaient participé à un premier raid mauritanien contre une base d’Aqmi au Mali, pour tenter de libérer Michel Germaneau dont la mort avait été annoncée trois jours plus tard par Aqmi. Cette fois-ci, le ministère français des Affaires étrangères assure qu’il n’y avait « pas de forces françaises sur le terrain » au Mali. Mais des observateurs font valoir que Paris pourrait avoir avoir appuyé l’armée mauritanienne de différentes manières.
« L’opération militaire préparée depuis deux mois, la France s’est désistée au dernier moment », titrait dimanche le quotidien mauritanien arabophone Emeel el Jedid. Dimanche, entre Niamey et Paris, une polémique se développait concernant la sécurité des employés d’Areva sur le site d’extraction d’uranium d’Arlit. Une porte-parole du groupe a affirmé que les 150 agents chargés de la sécurité du personnel d’Areva n’étaient pas armés. Ceci relevait, selon Areva, d’un accord avec l’Etat nigérien, qui assurait lui la présence à Arlit de 350 militaires et gendarmes qui étaient, eux, armés.
Source: Jeune Afrique