La Mauritanie gracie des islamistes à l’occasion de l’Eid Al-Fitr

Le président Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a marqué la fin du mois béni du Ramadan en accordant, mercredi 8 septembre, sa grâce présidentielle à 100 détenus, parmi lesquels 35 islamistes présumés.Abidine Ould El Kheir, Ministre de la Justice, a précisé que cette grâce intervient conformément à l’esprit de tolérance auquel le Président Mauritanien avait appelé au début du moins de Ramadan.

« Il s’agit d’une bonne nouvelle pour le détenus et leurs familles et un exemple vivant de la tolérance en ce mois béni du Ramadan », a-t-il indiqué devant la presse. « Nous souhaitons que ces jeunes reviennent à la raison, s’inspirent des enseignements prônés par les érudits lors du dialogue, adoptent une compréhension centriste de l’islam et s’éloignent de l’extrémisme. »

Très vite après l’annonce de la nouvelle, les klaxons ont retenti aux environs de la prison centrale de Nouakchott ou s’étaient amassés des centaines de personnes parmi les familles des détenus. Les prisonniers sont sortis au milieu des cris de joie des femmes, ce qui a rendu difficile le travail de contrôle exercé par des forces de l’ordre débordées.

« C’est une véritable délivrance », s’exclame Fatimetou Mint Mohamed Salem, venue récupérer son fils. « Mon fils a été entraîné par des personnes mal intentionnées qui ne connaissent pas l’Islam et qui l’ont complètement endoctriné. En prison, il a compris son erreur et regrette de s’être acoquiné avec elles « , a-t-elle déclaré à Magharebia, en pleurs, et dans une cohue indescriptible.

Abdallahi Ould Sidiya, un des condamnés qui a retrouvé sa liberté, dit à Magharebia : « Nous avons été victimes d’injustice mais nous n’en voulons à personne parce que nous n’avons nullement l’intention de nuire à quiconque. »

« J’ai attendu ce jour depuis deux ans parce que j’étais convaincu que mon frère était innocent », déclare Zeinebou Mint Yenge, dont le frère était arrêté sans jugement depuis 2008.

Khalifa Ould N’Bagha, ancien militaire à la retraite, venu accueillir son neveu, espère seulement que ces jeunes comprendront qu’ils étaient sur une mauvaise pente :

« Je suis content pour eux et j’espère qu’ils ont eu le temps de comprendre qu’ils étaient sur une mauvaise piste », indique-t-il.

Ahmed Ould Mouhamedou, directeur de « Akhbar Noaukchott » et spécialisé dans le terrorisme, remarque que ces libérations interviennent 8 mois après le dialogue spirituel et politique entre l’Etat Mauritanien et les islamistes.

« Le Président Mauritanien exprime, après la politique du bâton, celle de la carotte en tendant la main aux islamistes dans une circonstance particulière pour les musulmans qu’est le mois béni du Ramadan. D’autre part, il s’agit d’un important pas pour la récupération des jeunes Mauritaniens qui étaient attirés par le terrorisme et qui trouvent le pardon dans leur pays », dit Mouhamedou à Magharebia.

« La vigilance doit néanmoins être le maître-mot, parce qu’il n’y a aucune garantie que ces jeunes ne retournent pas à la lutte armée », ajoute-t-il.

Dans les rues de la capitale, où les unités de gendarmerie continuent à patrouiller et à fouiller systématiquement des véhicules, les sentiments sont mélangés.

« Ce n’est pas parce que le Président de la République a gracié des détenus que nous devons baisser la garde », nous lance un chef de poste, auquel nous avons annoncé la libération des islamistes.

Mohamed Foily

Source  :  magharebia.com le 09/09/2010

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