Bâ Coumba dans l’œil du cyclone, pourquoi ?

Dans notre édition n° 573 nous évoquions un conflit de compétence opposant Mme Bâ Coumba ministre délégué chargée des affaires africaines et Mme Naha Mint Mouknass ministre des affaires étrangères. Mais au-delà de cette histoire, que cache tous ces bruits de casseroles, tant à la présidence de la république qu’à la primature ? Retour sur un passé récent pour tenter de comprendre ce qui se joue actuellement.

De source bien informée, il semble que le président de la république, Mohamed Ould Abdel Aziz ne décolère pas encore à propos des résultats du recensement des Fonctionnaires et Agents de l’Etat (FAE), et à l’encontre de Dr Bâ Coumba en qui, il avait une confiance illimitée pour mener à bon port la gestion du dossier. Son courroux a décuplé quand il a reçu en février dernier, un rapport accablant à l’encontre de l’ex ministre de la fonction publique. Rapport qui venait détruire, preuve à l’appui, tout ce que cette dernière avait exposé dans ses communications en Conseil des Ministres. Les nombreuses réclamations et manifestations des Fonctionnaires et Agents de l’Etat suspendus -car considérés fictifs- ont considérablement aggravé la situation dont le paroxysme a été atteint quand il s’est avéré que Dr Coumba BA, Ministre de la Fonction publique, figurait en bonne place sur la liste des fonctionnaires suspendus parce que considérés fictifs. Cela a été très amplement exploité comme la preuve par excellence de la carence de tout le travail entrepris sous son autorité.

Le raïs tranche
Toujours est-il que suite à l’échec du recensement et aux bulletins de renseignements défavorables, il fallait faire porter le chapeau à Mme Bâ Coumba. Les milieux chauvins auraient –ils réussi leur coup de faire la fête à Bâ Coumba ? Mohamed Ould Abdel Aziz a donc réagit en décidant de son limogeage en deux phases. La première fut sa nomination, le 30 mars dernier, à la tête du ministère délégué chargé des affaires africaines, en fait une coquille vide et éphémère. Alors, sitôt le remaniement publié, Bâ Coumba, enthousiaste, fortement soutenue par le Premier Ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, prépara avec ce dernier un projet d’organigramme imposant. Profitant de l’un des innombrables déplacements de Naha Mint Mouknass à l’extérieur du pays, le Premier Ministre et la nouvelle ministre délégué chargée des affaires africaines, Mme Bâ Coumba, vendirent le projet d’organigramme au président de la république, lequel autorisa sa programmation au Conseil des Ministres suivant. Alertée par ses sentinelles tapies à la Présidence de ce que le chef du gouvernement et Bâ Coumba avaient concocté dans son dos, Naha Mint Mouknass rentra précipitamment la veille du Conseil des Ministres fatidique. Reçue en fin d’après-midi par Mohamed Ould Abdel Aziz au Palais présidentiel, elle argumenta tous azimuts, et réussit à démolir le projet d’organigramme du Secrétariat d’Etat auprès du PM chargé des Affaires Africaines. Dès lors, le président de la république notifia à Moulaye Ould Mohamed laghdaf que le projet était ajourné sine die. Informée en début de soirée, Coumba alerta ses amis de l’ex-HCE notamment le général Mohamed Ould Ghazouani et le général Félix Négri, respectivement chef d’Etat major de l’armée nationale et chef d’Etat major de la garde nationale en menaçant de boycotter le Conseil des Ministres du lendemain. L’intervention des deux généraux et leurs promesses de prise en compte de ses préoccupations, apaisa Coumba. Mais, quelle n’a été sa surprise de constater, lors du Conseil des Ministres, que son projet d’organigramme avait été vidé de toute sa substance sous l’œil narquois de Naha Mint Mouknass et la mine sombre du chef du gouvernement.

Découragée, elle boude tout
Depuis lors, prétextant des maladies imaginaires, Bâ Coumba est aux abonnés absents lors des réunions du Conseil des Ministres, et au piquet d’honneur lors des déplacements du président de la république, rendant chaque fois Ould Abdel Aziz plus furieux que jamais. Pour punir le comportement de son ministre délégué chargé des affaires africaines, le chef de l’Etat a successivement désigné Naha Mint Mouknass, Chef de la délégation ministérielle à la réunion Afrique / France à Nice ; de l’Union Africaine à Addis Abéba ; de la CEN –SAD à NDjaména ; de l’UA à Kampala accompagnant le Premier Ministre Moulaye Ould Mohamed Laghdaf ; de la Grande Commission mixte sénégalo-mauritanienne à Dakar. Une telle situation ne saurait durer dans une équipe gouvernementale. Selon des observateurs avertis, le Secrétariat d’Etat auprès du Premier Ministre chargé des Affaires Africaines ne serait qu’une étape pour sortir Bâ Coumba en douceur. A coup sûr le département des affaires africaines va subir le même sort que celui qui était chargé de l’Union du Maghreb Arabe dès le prochain remaniement essentiellement pour des raisons d’économies budgétaires et de resserrement du prochain Gouvernement. L’hypothèse d’un remaniement est d’autant plus plausible que le chef du gouvernement et Naha Mint Mouknass, entretiennent des relations exécrables, ponctuées de coups bas et de toutes sortes de vacheries. Raison d’une telle inimitié, entre les deux membres d’une même équipe gouvernementale, le premier Ministre ne digère pas que la ministre des affaires étrangères l’ignore totalement, et refuse de lui communiquer la moindre information relative à la gestion des ressources humaines affectées au Ministère des Affaires Etrangères (MAE), et des moyens matériels et financiers qu’elle utilise. Quant à Naha Mint Mouknass, elle considère que le département des affaires étrangères relève du domaine réservé, et qu’elle n’a de comptes à rendre qu’au président de la république. Et pour encore mieux apprécier l’atmosphère dans laquelle baigne ce gouvernement, il y a lieu de rappeler que Naha Mint Mouknass et Coumba Bâ ne se seraient jamais dits bonjour depuis leur entrée au Gouvernement en août 2009.
D’autres observateurs pensent par contre que la querelle entre Naha Mint Mouknass et Bâ Coumba est consciemment suscitée et entretenue pour créer une raison de se débarrasser des deux femmes considérées comme étant des erreurs de casting. Il s’agira en les congédiant toutes les deux, de les renvoyer dos à dos sans avoir pris partie pour l’une contre l’autre.

Moussa Diop

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 12/08/2010

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