La cour d’Appel de Nouakchott examine le 11 aout le dossier de «Oumar Sahraoui» principal accusé dans l’enlèvement des catalans condamné le 2& juillet en première instance par la cour criminelle à 12 prison. Moins d’un mois après ce verdict la cour se réunit pour statuer sur l’appel formulé par les avocats contre la décision du tribunal de première instance. Quelque chose de pas très « catholique » se tramerait derrière ce procès à rebondissements.
Le procès des accusés dans le rapt des humanitaires catalans opéré en novembre 2009 en Mauritanie aura démontré que les autorités mauritaniennes ont bien mis la main sur l’un des auteurs de l’enlèvement et percé tous le mystère qui l’entourait. Qui sont les auteurs du rapt ? Comment sont-ils venus d’El Khalil au Mali ? D’où sont-ils repartis vers le Mali avec les catalans ? Combien ont-ils perçus pour le rapt ? ce sont, entre autres, des questions, auxquelles le procès a finalement apporté des réponses
Mais ce procès ouvert le 20 juillet sous le sceau de l’urgence avec la convocation d’ une session extraordinaire de la cour criminelle de Nouakchott a été marquée dans sa deuxième par un véritable coup de théâtre, et par la suite, par un verdict qui a fait exploser de joie les prévenus présents dans le box des accusés
Ce verdict a également été perçu comme «satisfaisant» par les responsables de l’Ong catalane dont deux membres sont toujours retenus en otages par Al Qaida au Maghreb islamique(Aqmi), a rapporté la soirée du 21 juillet un correspondant d ’Aljazeera à Madrid.
Le parquet était en effet, revenu (le 21 juillet) sur sa demande initiale de condamnation à perpétuité formulée à l’issue d’un violent réquisitoire contre le principal accusé «Oumar Sahraoui» et ses présumés complices.
Un retournement qui aura surpris plus d’un observateur notamment avec le passage du parquet, d’un discours incendiaire, à un nouveau discours plutôt atténuant et même conciliant.
«C’est un retour à la raison!» affirmera le représentant du parquet à l’Agence France Presse, lui qui tenait la veille un réquisitoire d’enfer. Quelle «raison» donc? On le saura un jour, le monde est petit dit-on . Ce que l’on sait déjà par contre, c’est que la cour criminelle a suivi le 21 juillet avec son verdict, l’évolution constatée de la prose du parquet.
Ainsi le malien Omar Sid’Ahmed Ould Hamma, dit « Omar Sahaoui » qui dit-on, n’est qu’un «guide» qui a été manipulé, puis vendu par ses complices maliens sur fond des guéguerres tribales de l’Azawad, ne se retrouvait plus accusé lors de la deuxième journée , d’avoir enlevé les catalans mais d’avoir seulement agi comme « mercenaire » durant 48 heures pour le compte d’Aqmi qui l’a payé pour les livrer comme des pizzas. Et puis on entendait ses avocats dire qu’il n y a pas de preuve qu’il a participé au rapt, car seule l’audition de l’ex- otage espagnole Alicia Gamez libérée le 8 mars par Aqmi pourra le prouver. «Où est Alicia?» s’était demandé un des avocats. Devant la baisse de ton du parquet et la demande des avocats la cour a baissé les bras.
La peine de perpétuité requise le 20 juillet contre Oumar Sahraoui a été allégée (le 21 juillet) à de 12 ans de prison assortie des travaux forcés et de la confiscation de ses biens dont un millier de caprins qui broutent présentement l’herbe en Mauritanie.
Boukhari Ould Issawi un mauritanien, contre lequel la perpétuité avait été requise et pour lequel le parquet avait demandé des circonstances atténuantes le 20 juillet a été condamné le 21 juillet à un an de prison avec sursis et à une amende de 10 000 UM.
Trois autres accusés de complicité dans l’enlèvement des catalans Mohamed Salem Ould Hmouda, El Id Ould Lehbouss et Joumoua Regragui pour lesquels la perpétuité avait été requise le 20 juillet ont été eux aussi acquittés le 21 juillet.
Deux prévenus Mohamed Nev’i et Mohamed Salem Ould Rgueybi jugés par coutumace mais pour lesquels le parquet avait demandé (le 20 juillet) le report du procès ont été acquittés par la cour criminelle le 21 juillet, qui n’aura pas suivi en cela, le parquet.
La cour criminelle a également accepté de reporter -comme le voulait le ministère public- le procès de l’algérien Moctar Benmoctar et des trois maliens auteurs directs de l’enlèvement des catalans que sont Mini Ould Sid’El Moctar, SidAmar Ould Bekaye et Mohamed Ould Ahmed Deya dit «Rouji».
Ce dernier a échappé de justesse-on le rappelle- à l’assaut lancé le 26 février 2010 par des militaires mauritaniens contre des trafiquants de drogue à «Lemzarrab» aux frontières Nord-Est mauritano-maliennes.
Assaut à l’issue duquel 20 trafiquants ont été capturés et une quantité de 5 tonnes de résine de cannabis saisie.
Source : Tahalil Hebdo via journaltahalil.com le 11/08/2010