Agence nationale pour la promotion de l’emploi des jeunes (ANAPEJ) : Faux DG, Fausses factures, fuite d’un responsable…

Mercredi 28 juillet 2010, la police mauritanienne chargée de la lutte contre les crimes économiques a déféré Melainine Ould Kleib et Isselmou Ould Sidi Mohamed Ould Oumarou deux employés de l’Agence national pour la promotion de l’emploi des jeunes (ANAPEJ), à la prison civile de Nouakchott. Chefs d’inculpation retenus contre les deux messieurs : Escroquerie, émission de cheque sans provision et utilisation abusive de cachet.

Ce déferrement est la suite d’une plainte déposée le premier juillet par Alioune Ould Beyatt, commerçant, contre trois employés de l’ANAPEJ. Une plainte pour des factures impayées d’un montant global de 40 millions d’ouguiyas. Le troisième employé, Ahmedou Ould Kettab, directeur des moyens généraux de l’Agence, présumé cerveau de l’affaire, est en fuite depuis le 20 mai. Il a été délivré contre lui un mandat d’arrêt. Il courre toujours.

Selon le témoignage de Alioune Ould Beyat, l’affaire a commencé quand Ahmedou Ould Kettab s’est présenté à lui comme directeur général de l’ANAPEJ. Pour donner plus de crédit à cette fausse identité, toujours, selon « le fournisseur», il (Ould Beyat) l’a reçu au siège de l’ANAPEJ dans un grand bureau. Le bureau en question serait celui du directeur général adjoint. Selon le fournisseur, à l’intérieur du bureau, Ould Beyatt lui a tenu le discours suivant : « Comme tu es Cherif, nous pouvons t’aider. Nous pourrons te vendre les voitures garées dehors et acheter beaucoup de choses avec toi.»
Toujours selon, le « fournisseur », Ould Kettab lui demandait souvent des avances en lui présentant des papiers avec entête et cachet de l’ANAPEJ. Alioune Ould Beyatt évalue le préjudice global qu’il a subi à un peu plus de 40 millions d’ouguiyas. Le «fournisseur» affirme que pendant leurs rencontres, Ould Kettab était en compagnie de Melainine Ould Kleib et Isselmou Ould Sidi Mohamed Ould Oumarou. Ould Kettab, selon le fournisseur, a présenté l’un d’eux comme Comptable de la société.
Au moment où le « fournisseur » insistait pour se faire payer, Ould Kettab disparait. « Après sa disparition, Melainine et Ould Oumarou m’ont dit que le DG est allé à l’étranger pour des raisons familiales. Ils ont dit aussi qu’il a donné instruction pour que je sois payé. Ils m’ont dit de leur donner une somme de 1 500 000 ouguiyas qui sera ajoutée à la facture. J’ai accepté» témoigne le fournisseur. Ould Beyatt dit avoir cherché les deux employés partout et qu’il a fini par retrouver l’un d’eux à Dar Esssalam (un quartier de Nouakchott). Il a ensuite rencontré le véritable DG de l’ANAPEJ qui, selon lui, a tenu le discours suivant : « C’est moi le directeur de cette Agence. Je ne suis pas au courant de ce que tu dis. Je n’ai rien signé. Va te plaindre à la police… »
Selon le fournisseur, l’ANAPEJ, par l’intermédiaire de Ould Kettab a également commandé avec lui des agendas et a refusé de prendre livraison.
Le premier juillet 2010, il porte plainte contre les trois employés.
Quelques jours après le dépôt de cette plainte, Hamoud Ould Abdi, directeur général de l’ANAPEJ écrit à l’inspecteur du travail de Nouakchott. Une lettre dans laquelle « il porte à la connaissance de l’inspecteur des faits ayant abouti au licenciement de deux des employés de l’Agence : Ahmeddou Ould Kettab, responsables des moyesn généraux et Isselmou Ould Sidi Mohamed, Agent administratif
Les faits tels que relatés dans la lettre du directeur général de l’ANAPEJ recoupent quasiment le témoignage du fournisseur.
Les devis établis avec entête « Ets Alioune Ould Mohamed/ Commerce général portaient sur du carburant, des cartes de recharges de téléphones, la communication, frais de missions…).

17 millions pour des…agendas !
Cette affaire qui parait simple « une vulgaire escroquerie) soulève cependant quelques questions ? Comment Ahmedou Ould Kettab, dans les locaux de l’ANAPEJ, a pu, dans la durée, endosser la casquette de directeur général et passer des commandes chiffrées « en dizaines de millions d’ouguiyas) sans que personne ne le sache au sein de l’Agence ? La commande sur les agendas (agendas payés mais pas encore livrés) s’élèverait à 17 millions d’ouguiyas ! Pourquoi l’ANAPEJ a seulement licencié un seul des deux présumé complices de Ahmedou Ould Kettab. Pourquoi depuis le 20 mai 2010, date de sa disparition, il Ould Kettab) reste introuvable ?
Le cheque sans provision, objet, entre autres de la plainte, a été émis par Oukld Kettab à l’ordre de El Houssein Ould Mahmoud. Qui est El Houssein Ould Mahmoud ? Est-il connu de l’ANAPEJ ?
Dans leurs déclarations, les deux agents actuellement détenus jouent la carte de l’obéissance de bonne foi à un supérieur. L’un d’eux affirme avoir reçu, une seule fois, la somme 370 000 ouguiyas de Alioune ould Ahmed Beyatt après lui avoir remis des documents venant de Ould Kettab. Une autre fois, il affirme avoir été envoyé par Ould Kettab pour donner un cachet au commerçant. Les deux nient également avoir reçu de l’argent pour eux même du directeur de moyens généraux. L’autre a nié avoir été présenté comme comptable au commerçant.
Khalilou Diagana

L’affaire est devant la cour suprême
Le jeudi 05 aout, sur demande de la défense des deux ex employés de l’ANAPEJ (Melainine Ould Kleib et Isselmou Ould Sidi Mohamed Ould Oumarou) le juge d’Instruction leur a accordé la liberté provisoire assortie du paiement d’une caution de 10 millions d’ouguiyas chacun. La défense a aussitôt fait appel. Le 10 aout, le premier jugement est confirmé en appel. La défense a aussitôt usé de son droit au pourvoi. L’affaire est à la cour suprême.

Source : Le Quotidien de Nouakchott le 11/08/2010

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