« Allô, Assalamou Aleykoum, seyidi Raïs » :

Une première dans le monde arabe. Un Chef d’Etat répond, en direct aux questions des téléspectateurs. Très décontracté, souriant et surtout très confiant, le Président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, a répondu, en direct, durant quatre heures d’horloge, aux questions des Mauritaniens.

Le Président de la République, s’est expliqué pour la première fois, sur le raid lancé par l’armée mauritanienne contre une base d’Aqmi dans le nord du Mali. « Nous ne faisons pas la guerre à Al Qaïda mais à quelques terroristes qui se trouvent au nord d’un pays voisin. Ces mêmes terroristes ont tué 31 éléments de nos forces de sécurité. N’ayant aucun principe, aucun mobile précis, ces groupes sont manipulés par des vétérans du terrorisme. A partir d’août 2008 et après l’attaque de Tourine, nous avons engagé une stratégie pour sécuriser notre pays par la création essentiellement des groupements spéciaux d’intervention. Nous allons continuer à combattre ces terroristes avec nos moyens mais nous sommes demandeurs de l’aide pour améliorer nos réseaux de sécurité dans le cadre de l’assistance technique ou en renseignement. Mais nous continuerons à agir seul au besoin » a dit le Président Aziz. Sur un ton paternaliste, le Chef de l’Etat s’est adressé aux jeunes mauritaniens d’Aqmi : « Revenez à la raison, vous êtes à la fleur de l’âge, ce combat n’est pas le vôtre. Vos chefs, ces vétérans du terrorisme se font de l’argent et ne se font jamais exploser ». A une question d’une journaliste à propos de la présence d’une base militaire étrangère en Mauritanie comme l’affirment certains dirigeants de l’opposition, le Président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz a été catégorique : « Il n’existe aucune base, ni française, ni américaine sur notre territoire. Je défie quiconque à prouver le contraire. D’ailleurs, pour les sceptiques, je suis prêt à leur organiser une sortie dans la zone et s’ils ont la trouille, je serais disposé à les accompagner dans toutes les zones du territoire national ». A propos du dialogue avec l’opposition et sur les accords de Dakar, le Président de la République, a dit qu’avec l’organisation d’une élection présidentielle pluraliste transparente en juillet 2009, « seule la constitution de la République prime désormais ». Mais il s’est dit prêt à recevoir les responsables des partis d’opposition et ceux de tous les partis politiques, à chaque fois qu’ils le désirent, afin de discuter des questions d’intérêt général. Mais pour le Président Aziz, rien ne le pousse à l’ouverture, comme l’ont pensé plusieurs analystes politiques ces dernières semaines.  « Je n’ai nullement l’intention de faire entrer l’opposition dans le gouvernement de la République. Celle-ci doit s’attacher à jouer pleinement son rôle constitutionnel » a martelé le Chef de l’Etat. Très précis et maîtrisant parfaitement ses dossiers au détail près, le Président était très à l’aise. Répondant à un citoyen qui disait au téléphone, en direct, « que les nombreuses infrastructures réalisées sont pour l’essentiel des routes bitumées et qu’une route bitumée, pour un peuple qui a surtout faim, ne se mange pas », le Président Aziz a déclaré : « J’entends parfois  que les routes ne se « mangent » pas. Je le concède. Durant les deux dernières décades, elles étaient « mangées », car leur financement allait dans les poches des prévaricateurs, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. De plus, les routes que nous avons construites, un peu partout dans le pays, permettent aujourd’hui de réduire le coût du transport, de désenclaver plusieurs sites ». Nous avons demandé à Mohamed Ould El Kory, directeur de la communication à l’ANAIR, son appréciation de l’émission qu’il a suivi en intégralité à partir de la grande salle du Palais des Congrès : «  Pour une première, ce fut une réussite. Sur le plan technique, l’exercice était plus que risqué pour une Télévision de Mauritanie dont les moyens laissent à désirer. Autre grand risque pris, en ces périodes de délestage d’électricité, le Palais des Congrès de Nouakchott, qui a abrité, en direct, le studio présidentiel pour cette émission, n’avait pas de groupe électrogène de secours. Les journalistes ont été choisis par le ministre de la Communication. Ils n’étaient pas du tout complaisants même si le tonus manquait dans leur lecture des questions. Pour la plupart d’entre eux, chacun a amené une série de questions et son intervention se limitait à une séance de lecture, souvent ennuyeuse. Nous les avons vus répéter la séance de lecture chaque fois que le Président de la République leur demande de lui rappeler les questions. Ce fut  le cas pour la journaliste du bureau d’Al-Jazeera à Nouakchott, Zeïnabou Mint Erebih, du rédacteur-en-chef du journal satirique « Echtary », Tah Ould Ahmed et du gérant du journal « L’Eveil-Hebdo », Sy Mamoudou. Le modérateur et présentateur de l’émission, Mokhtar Ould Abdallahi, s’est comporté en bon professionnel. Dans l’ensemble, la spontanéité et la surprise étaient au rendez-vous de l’émission présidentielle. Ce sont les citoyens et les journalistes qui ont choisi les thèmes. Le Président était très accessible aux citoyens grâce à des numéros verts. C’est là véritablement une première dans le monde arabo-africain. Le Président Aziz a su valoriser le bilan de l’an I de son investiture à la Présidence de la République. Il a été très pédagogue dans ses explications. Il a été surtout d’une transparence totale » précise Mohamed Ould El Kory.

Source : http://www.mauritanie24.net/  le 06/08/2010

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