Une pluie de moyenne portée aux conséquences lourdes :

(Kassataya. le 04/08/2010). Nouakchott s’est réveillée, comme à l’accoutumée durant la période estivale, sous une pluie diluvienne. Des quartiers entiers périphériques, de la sebkha en passant par le centre ville de Nouakchott (comme l’avenue Gamal Abdel Nasser), ont été inondés. Cet air de déjà-vu provoque lassitude, sentiment de ras le bol et maints questionnements.

Ces inondations à répétition sont notamment dues à un problème récurrent dans notre capitale: le manque de canalisations dignes de ce nom permettant une évacuation des eaux de pluies. Le manque de conduites d’évacuations des eaux usées et des eaux de pluies est connu de tous, pouvoirs publics et citoyens. Cependant il suffit de se promener à travers notre capitale pour se rendre compte que les moyens de lutte ne sont pas à la hauteur des enjeux, à savoir mettre un terme à ce cycle infernal « pluies = inondations ». Au contraire c’est comme si les autorités se suffisaient de la situation et s’y adaptaient à chaque caprice du ciel, dans un exercice fataliste périlleux. Ce qui semble prédominer c’est plutôt la valorisation d’actes ponctuels de « réparation » accompagnés par une machine médiatique bien huilée sans que le citoyen lambda y voit une politique à long terme et une réelle volonté politique de prendre le problème à bras le corps. : pas d’infrastructures, pas de grands chantiers, pas de signes concrets. Et, sans infrastructures, pas de bout du tunnel.

Nouakchott les pieds dans l’eau, par delà l’aspect exotiquement vénitien de la chose, devient alors Nouakchott de la débrouille, des crises de nerfs, des embouteillages monstres sur tous les axes de la ville. Pire encore : du fait de ces manques de structures de luttes, les inondations provoquent une cascade de problèmes : prolifération du paludisme dans les quartiers pauvres de la capitale par exemple, et conditions sanitaires désastreuses.

La pluie d’aujourd’hui a en outre eu un impact sur l’état d’avancement des travaux de rénovation et d’embellissement des grands axes de la capitale en vue de la célébration des cinquante ans de l’indépendance de la Mauritanie. Travaux, qui de l’avis de certains observateurs avertis ont déjà accusé un sacré retard.

Nouakchott est menacée par les eaux. C’est un secret de polichinelle qu’une bonne partie de la ville est appelée à disparaître sous les eaux de l’Atlantique et des remontées des nappes phréatiques d’eau salée. Mais l’urbanisation galopante et l’explosion démographique de la première ville du pays continuent à nier ces réalités. Partout des terrains bornés en attente de construction, même dans les endroits, comme derrière l’Ambassade de France, où les pouvoirs savent que les maisons se retrouveront un jour les pieds dans l’eau. Pis encore : la plupart des quartiers pauvres sont en passe, dans les années à venir, d’être rayés de la carte. Pour le moment il n’y a pas de morts à déplorer.

Mais ajoutez à l’avancée de l’Océan la périodicité annuelle des pluies d’hivernage et vous avez là une combinaison dangereuse. Si administration centrale et communes ne prennent pas au sérieux les inondations, en plus des problèmes sanitaires inhérents aux inondations, se grefferont des problèmes autrement plus explosifs.

Et le citoyen n’est pas dupe : entre la volonté affichée et les réalités sur le terrain le fossé est grand. Le voeux de faire de notre capitale une ville moderne, ancrée dans le 21 ° siècle, se trouve donc, à chaque hivernage, battu en brèche par quelques gouttes d’eau.

On ne peut empêcher les pluies d’hivernage c’est un fait. Mais on peut lutter. Aussi longtemps que les pouvoirs n’auront pas résolu le casse-tête du réseau d’évacuation des eaux de pluie et des eaux usées, Nouakchott restera à la merci des inondations.

Entre volonté et action il y a « réalités ».

Et comme dirait un citoyen s’adressant de façon toute militaire aux décideurs : « Messieurs, action / réaction ! »

Diallo Saidou Nourou pour KASSATAYA

 

 

 

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