Anniversaire : Un an après, Le Président Ould Abdel Aziz

Peut-on faire le portrait de Mohamed Ould Abdel Aziz? Difficilement…L’homme a toujours été un introverti. Au sens qu’il n’a jamais cherché à être aux devants de la scène. Quand il était commandant du Bataillon de la sécurité présidentielle (BASEP) dont il est le créateur, il n’a  pas occupé l’espace que d’autres occuperont, profitant de cette position privilégiée d’être le premier «collaborateur» du Président Ould Taya. En réalité, cette position, il l’occupera par deux fois. Nous y reviendrons plus loin… suivons le cursus…

 Mohamed Ould Abdel Aziz est né en 1956 à Akjoujt. Il a rejoint l’Armée nationale en 1977. Sortant de l’Académie Royale Militaire de Meknès au Maroc, il a gravi successivement les échelons de l’armée de terre. C’est après avoir mis en place le Bataillon de sécurité présidentiel, plus connu sous l’acronyme BASEP, que la notoriété du commandant Ould Abdel Aziz a commencé à grandir au sein de la grande muette. Mais seulement au sein de l’Armée, il reste inconnu du public.

Le BASEP… un bataillon qui fera parler de lui… C’est en 1989 que le Président Ould Taya perd confiance au corps d’élite de la Gendarmerie jusque-là chargé de sa sécurité. Plusieurs tentatives de coup d’Etat prenant toutes en compte les défaillances de la sécurité présidentielle, finissent par le convaincre de l’utilité de monter un corps dédié à la seule sécurité présidentielle. Il sera d’abord appelé «garde républicaine», à la manière irakienne.

Toujours soupçonneux, Ould Taya en confie le montage à des officiers de la «nouvelle génération». Celle qui n’a pas connu les comités militaires et qui est plus ou moins professionnelle. La tâche est confiée au jeune commandant Mohamed Ould Abdel Aziz.

Il monte une unité sur la base de l’élitisme : des jeunes déterminés, bien formés, solides à la base, sans fortes attaches sociales, loin de tout militantisme politique… Deux cents à trois cents sont ainsi triés.

Ould Abdel Aziz se voue entièrement à son travail. Nous sommes au début de la constitution du système qui allait instaurer la médiocrité en méthode de gouvernement. Pas de place pour les professionnels sans engagements excessifs pour le pouvoir. Ould Abdel Aziz est vite accusé par des officiers, cousins pour la plupart de Ould Taya, d’ambition «démesurée». Assez pour le virer vers le CQG chargé de la sécurité à l’intérieur de l’Etat Major national. C’est aussi le corps qui présente les honneurs au Président de la République.

Il est rappelé moins quatre années plus tard. Au BASEP. En 1999, c’est la première tentative de coup d’Etat du groupe des jeunes officiers nationalistes arabes fédérés autour du Saleh Ould Hanenna. Une tentative d’assassinat programmée pendant le grand défilé militaire du 28 novembre fêté en grande pompe cette année-là.

L’enquête est rapidement bouclée, trois officiers admis à faire valoir leurs droits à la retraite. La politique est passée par là. Les officiers nationalistes arabes peuvent tranquillement préparer juin 2003.

Le 8 juin 2003, dans la nuit de samedi à dimanche, un peu après minuit, les blindés attaquent la présidence. Le BASEP n’est pas préparé pour faire face. Le système Ould Taya est monté selon les besoins. La division des blindés – bataillon des blindés (BB) – fait partie du dispositif de sécurité de la présidence. Aucune autre unité n’a d’armes antichars : on suppose que les chars font partie du dispositif ami. Même le BASEP ne doit pas avoir la puissance de feu nécessaire.

Quand le lieutenant-colonel Mohamed Ould Abdel Aziz arrive sur les lieux quelques minutes après l’attaque, peu d’hommes étaient encore là. A peine 25. La résistance s’organise malgré tout. Le Président Ould Taya a déjà été «évacué» par son aide de camp vers le camp de la Garde nationale. Les putschistes le chercheront partout sauf là.

Quoi qu’on dise et quoi qu’on pense, c’est bien le jeune lieutenant-colonel Ould Abdel Aziz qui fait échouer la tentative. Il en attend une légitime reconnaissance. Elle ne viendra pas. Ou tardivement. C’est d’autant plus frustrant que la gloire et la célébration sont allés à des officiers qui ont peu ou pas participé à la mise en échec du putsch. Le colonel Ould Abdel Aziz devra attendre août 2004 pour se voir décoré de la plus haute décoration militaire de l’époque : promotion au grade de colonel. On lui reconnaît – timidement il est vrai – le mérite d’avoir déjoué la tentative. Et d’avoir un rôle plus ou moins essentiel dans la stabilité du régime.

Ce que le grand public ne sait pas, c’est le rôle de l’officier Ould Abdel Aziz dans la surveillance et la mise à nu des complots des Cavaliers du changement. Il est aussi à l’origine de l’échec de la tentative de 2004.

Tellement déterminant qu’on dira à un certain moment que les comploteurs sont les fidèles serviteurs d’un complot qui devait aboutir un certain 3 août 2005. Le colonel Mohamed Ould Abdel Aziz est le principal concepteur et exécutant du coup de force qui  mit fin aux 21 ans du régime autocratique de Maaouya Ould Taya. Avec son alter ego, le colonel Mohamed Ould Ghazwani .

Cinq jours plus tard, le 8 août 2005, alors que le Président du CMJD n’avait toujours pas prononcé de discours, ni fait la moindre déclaration, c’est encore Ould Abdel Aziz qui prit l’initiative dans une interview à la Voix de l’Amérique (reproduite intégralement dans la Tribune N°267 du 10 août 2005) dans laquelle il annonça avec une lucidité et une détermination remarquable les intentions du CMJD.

Après ces premiers moments, les déclarations et apparitions publiques de Ould Abdelaziz se firent très rares. Cependant, l’influence du Général sur l’armée mauritanienne et sur la vie politique du pays n’a cessé de se renforcer au point que certains voient son empreinte partout. On lui prête d’être à l’origine de la réduction du mandat du CMJD de 24 à 19 mois, d’avoir fait adopter le décret interdisant le comptage des votes blancs lors des présidentiels de 2007, ainsi que le réaménagement de l’armée après les limogeages de quelques Colonels dont Ould Boubacar et Ould El Alem. Ce n’est, dit-on qu’après s’être assuré de son appui, que le candidat Sidi Ould Cheikh Abdallahi se présenta aux élections présidentielles. Secret et peu bavard, Ould Abdel Aziz semble pourtant bénéficier d’un sens tout militaire de l’organisation et d’un courage à toute épreuve. Qualités qu’il partage avec Mohamed Ould Ghazwani qui est le deuxième homme fort de la nouvelle junte.

Que les noms des deux compères figurent en troisième et quatrième places sur la liste du Comité militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) en 2005, ne trompe personne. Tous les observateurs savaient que les véritables auteurs du changement du 3 août étaient ceux-là. Ils semblaient avoir mûri leur action. La seule chose qu’ils avaient mal appréciée est la force d’inertie de l’Appareil. Ils ont aussi sous-estimé la capacité de nuisance des hommes de cet Appareil. C’est certainement cela qui avait créé le malaise qui avait fini par s’amplifier devenant une crise majeure. Et c’est certainement ce qui a donné de ces officiers une idée qui n’était pas forcément juste.

Ils prennent donc le pouvoir en traînant plusieurs handicaps dont le plus grave n’est certainement pas l’absence de reconnaissance internationale. En fait, l’opinion a toujours jugé qu’ils étaient associés étroitement au pouvoir durant ces quinze derniers mois. Leurs détracteurs sont nombreux : caciques du régime Ould Taya qui les rendent responsables de leur fin, les prétendants «naturels» à l’héritage de Ould Taya (politiques du PRDS, Apparatchiks civils et militaires, vieille garde des comités militaires de l’époque d’exception…), les opposants qui trouvent qu’ils leur ont volé leur victoire en soutenant un candidat et leur discours de changement en l’adoptant… Et vite ils sont parus comme «les méchants».

Ils ont eu à fournir d’énormes efforts pour inverser l’image que l’opinion avait d’eux. Ils ont été les vrais auteurs du 3 août, alors que la gloire est allée à leurs aînés. Le premier défi pour eux était de refaire l’unité intérieure autour d’eux, de construire un front intérieur capable d’accompagner leurs actions.

Un putsch n’a jamais été une solution durable à une crise politique. La vraie solution est l’ancrage de la démocratie et le renforcement des institutions existantes. Il ne faut pas oublier que la cause première de la situation qui suivra est l’interférence du CMJD dans le jeu politique de la Transition. Un péché originel pour la jeune démocratie mauritanienne. Qui expliquera le reste.

La méconnaissance de l’espace politique et la «trop» grande confiance placée dans le Président élu, véritable «poulain», les amènent à baisser la garde un moment. Le bloc du nouveau pouvoir se fissure. A la présidence se retrouvent quelques rebus du pouvoir civil d’avant juillet 1978, et l’essentiel de la classe politique ayant exercé directement avec Ould Taya. En somme tous les ennemis de ce que Ould Abdel Aziz a fini par incarner : l’Armée et le changement. Raison d’une alliance objective entre les victimes du coup d’Etat de juillet 1978 et celles de celui d’août 2005.

Les manœuvres commencent. Première étape : s’approprier la Présidence et pour ce faire évincer Zeine Ould Zeidane qui gênait à ce moment-là. Deuxième étape : nommer un chef de gouvernement issu du sérail en constitution et ouvrir ce gouvernement à ceux de l’opposition qui voudrait soutenir l’entreprise de déconstruction en contrepartie de portefeuilles ministériels. Troisième étape : liquider les militaires et s’en libérer définitivement. C’était compter sans le sens de la manœuvre et l’intelligence politique des deux officiers concernés.

La contre-stratégie se basait sur une déstabilisation constitutionnelle. Mobiliser les élus de l’Assemblée d’abord pour voter la défiance d’un gouvernement jugé incarnation du passé. L’aile politique joue et perd. Inspiré par son nouvel entourage politique, le Président Ould Cheikh Abdallahi descend dans l’arène pour défendre «son» gouvernement au lieu de rester le modérateur du jeu d’influence.

L’aile militaire a tout loisir à préparer un moment où ce seront les élus qui viendront en grande majorité devant le Président lui dire : «les élus du peuple vous retirent leur confiance». Ce qui augure d’un scrupule certain. Nous en sommes à attendre l’issue politique d’une crise politique somme toute normale dans une transition mal entamée en 2005.

Survient le 6 août. Au petit matin, le Président Ould Cheikh Abdallahi annonce le limogeage des cinq commandants de corps : Etat Major de la présidence (Général Ould Abdel Aziz), Etat Major national (Général Mohamed Ould Ghazwani), Gendarmerie (colonel Ahmed Ould Bicrine), Garde nationale (colonel Felix Negri) et Sûreté nationale (colonel Mohamed Ould El Hady).

Encore un mercredi, comme par hasard – mercredi 12/12/84, 3/8/05 mercredi. C’est le premier coup d’Etat que les Mauritaniens suivront en direct. C’est sans surprise qu’on apprend que le chef de la nouvelle junte n’est autre que le Général Mohamed Abdel Aziz, le plus proche des collaborateurs du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Nous assistons ainsi aux prolongations d’un match dont le coup d’envoi a été donné le 3 août 2005.

Dans son édition N°408 (23 avril 2007), La Tribune écrivait : «Le symbole, en avril 2007, était fort. Le 10 juillet 1978, Eli Ould Mohamed Val, était un jeune lieutenant en charge d’une unité sous les ordres du commandant Moulaye Ould Boukhreiss. Ce dernier avait fait bouger ses troupes en direction de Nouakchott. Si lui savait pourquoi, ses subordonnés ignoraient tout de l’action.

C’est ce jeune lieutenant qui passera le pouvoir à l’un des plus jeunes ministres du gouvernement civil renversé à l’époque. En effet Sidi Ould Cheikh Abdallahi était, avec Ahmed Ould Daddah (son cadet), les plus jeunes de l’équipe.

Les vrais auteurs de cette orchestration n’ont appartenu ni au CMRN, ni au CMSN. Les colonels Mohamed Ould Abdel Aziz et Mohamed Ould Ghazwani appartiennent à une génération d’officiers qui sont venus à l’Armée pour le métier. Non pour le pouvoir. S’ils sont aux affaires, c’est bien pour sauver une situation qui a failli les entraîner eux-mêmes. 19 mois pour relancer l’espoir d’un ordre nouveau. Malgré les interférences du Conseil militaire».

On découvre l’ampleur de l’incompétence politique de notre encadrement national.

Le Général Ould Abdel Aziz essaye d’abord d’engager avec lui les acteurs politiques majeurs. L’idée d’un «Haut Conseil d’Etat» comprenant cinq civils et cinq militaires, chargés de superviser la constitution d’un gouvernement d’union nationale ayant pour mission de préparer et d’organiser des élections est avancée. Elle est naturellement refusée par les grandes figures politiques. On estime ici que les militaires sont assez faibles, que leurs positions sont indéfendables. Surtout que les condamnations fusent de partout.

Le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD) est immédiatement constitué. Composé des partis Adil que dirigeait Yahya Ould Ahmed Waghf, l’Alliance populaire progressiste (APP) du président de l’Assemblée nationale Messaoud Ould Boulkheir, l’Union des forces du Progrès (UFP) de Mohamed Ould Maouloud, Tawassoul de Jemil Ould Mansour… En somme ceux qui ont perdu le pouvoir veulent le reconquérir au nom de la restauration de la démocratie. Même s’ils organisent une résistance interne, ils comptent plus sur la pression extérieure. Et y croient plus.

Le HCE s’en va à l’intérieur expliquer ses faits. Les missionnaires du FNDD vont à l’extérieur en quête d’une intervention pour déboulonner les militaires. Le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) accompagne le «mouvement de rectification» dans un premier temps. Le nouvel homme fort du pays avait déjà largement recruté dans les rangs du parti de Ould Daddah. Son Premier ministre, la plupart de ses ministres sont issus de l’école du parti.

Il faudra attendre les Etats généraux de la démocratie pour voir la rupture s’opérer. Les desseins du Général Mohamed Ould Abdel Aziz sont de plus en plus clairs. L’exigence de non candidature des militaires ne risque pas d’être adoptée par les EGD. Cela ne dérangera pas pour autant le Général Ould Abdel Aziz qui décide d’accélérer le processus.

Il descend lui-même sur le terrain et va à la conquête du pouvoir par les urnes. Il fait un premier tour dans toutes les capitales régionales.

Le discours est le même : appel à combattre la gabegie et les «moufsidine» (mauvais gestionnaires), à redistribuer les richesses, à rendre au peuple ce qui lui appartient, à investir dans les infrastructures, à faire des réalisations concrètes, à répondre aux attentes des populations… Pour cela rompre les relations avec Israël. Un acte fondateur qui lui vaut le soutien de pans entiers de la société politique. Mais aussi de nombreux pays arabes.

Multipliant ses sorties, le Général Mohamed Ould Abdel Aziz ne manque pas d’occasion pour fustiger ses adversaires auxquels il fait porter la responsabilité des dérives du passé. Selon lui, ceux qui s’opposent sont les mêmes qui ont, par le passé, organisé le sac du pays. Ils ne peuvent prétendre à aucun statut moral leur permettant de s’instituer «défenseurs de la démocratie». Au terme de ses sorties, le Général Ould Abdel Aziz rappellera toujours que « les problèmes de la Mauritanie ne peuvent être résolus qu’entre Mauritaniens, ceux qui vont à l’étranger mentir et prétendre à une quelconque représentativité n’aboutiront à rien du tout ». Il ira jusqu’à dire à l’adresse de ses adversaires en campagne à l’extérieur : « Les Européens ne votent pas en Mauritanie, ils ne s’y portent pas candidat ». En face, Mohamed Ould Maouloud rétorque dans une dépêche de l’AFP : « la junte veut gagner du temps pour asseoir la dictature militaire en utilisant les armes traditionnelles du pouvoir personnel, que sont les intimidations, la répression et la falsification des faits ».

Inaugurant  une route destinée à désenclaver, le quartier défavorisé de « Dar el Baydha », le Général Ould Abdel Aziz relèvera cette amère vérité : « il est inconcevable que la tonne d’eau continue d’être vendue  dans ces quartiers entre 2.000 et 2.500 UM, alors que son prix à Tevragh Zeina, où vivent les gens aisées, varie entre 180 et 200 UM ». Le Général n’hésitera pas à promettre que la situation va changer dans tous les domaines qui intéressent directement la vie des populations (santé, éducation, infrastructures). En affirmant qu’il a les moyens nécessaires pour honorer ces engagements. Il a jugé que 5% de la population monopolisent les richesses du pays, laissant l’écrasante majorité survivre dans la misère. Avant d’appeler ceux qu’ils considèrent coupables de gabegie de cesser de voler le bien public et de s’opposer à la volonté du peuple qui a accepté de les laisser impunis. « Ils demandent secours à l’extérieur et voyagent sans arrêt mais cela ne résoudra aucun problème pour eux ; ils peuvent faire croire à l’étranger, pendant un certain temps, qu’ils représentent quelque chose en Mauritanie, ils seront démentis ; le temps prouvera qu’ils représentent seulement la gabegie », répète-t-il. « Eux-mêmes savent cela et tout le monde les connaît par leurs actes ; ils n’ont de liens avec les populations qu’en périodes d’élections ».

Il précise quelque part : «Les contrôles lancés ces derniers mois ont démontré que des centaines de millions ont été détournés». «Nous sommes confus (Ehna Hayriin), nous ne savons pas si on doit envoyer tout ce monde en prison». Le problème de la Mauritanie, affirme-t-il, n’a jamais été un problème de ressources mais plutôt un problème de gestion. « Il est vrai que les espoirs du peuple, fait remarquer le Chef de l’Etat, ont été longtemps déçus par ceux qui avaient eu à gérer ses affaires. C’est pourquoi il est temps que notre peuple prenne conscience de ses véritables intérêts et place sa confiance en ceux qui la méritent. Nous avons le devoir de léguer aux générations futures un Etat fiable fondé sur des bases saines et pérennes « . C’était devant les populations de l’Aftout, le fameux triangle de la pauvreté. La campagne était lancée. Ce que certains appelleront «le populisme du Général» sera payant le moment venu. Le processus d’apaisement aussi…

Les négociations sont ouvertes. Le Sénégal propose sa médiation. Cheikh Tidjane Gadio réussit là où Kadhafi a échoué. Le Général démissionne et fixe une date pour l’élection présidentielle : 6 juin 2009. Pressions sur tous les protagonistes politiques. Accord de Dakar. Rien ne semble perturber les plans du Général. Pas même l’épisode de la panne de son hélicoptère en plein désert. 24 heures sans nouvelles de lui et pourtant rien de son dispositif n’est remis en cause. La cohésion du HCE est forte.

C’est sans doute cette impression de diriger le pays et de tenir les rennes du pouvoir. Autre atout fondamental dans la victoire psychologique du futur candidat. Sa stratégie lui permet d’aller aux élections comme candidat gagnant. A l’avance. Une situation unique. Surtout qu’il accepte de confier les portefeuilles de l’intérieur, des finances, de la communication et de la défense à l’opposition. Il peut prendre ce risque.

Le 18 juillet 2009, c’est la consécration pour Ould Abdel Aziz : il est élu à 52%. Mais les protagonistes politiques refusent de reconnaître les résultats… Le Général devient le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. Son expérience au cœur du pouvoir, puis à la tête de l’Etat lui apprend à savoir sortir des situations les plus risquées. Un an de polémiques politiques, de passions déchaînées, d’errements dans les visions…

Au fur et à mesure que le premier anniversaire de son investiture approche, le Président Ould Abdel Aziz s’ouvre sur ses ennemis d’hier. Il réussit à lancer des passerelles entre son pouvoir et ceux des politiques qui «l’intéressent». D’abord ceux de Adil, ensuite Boydiel Ould Hoummoid et enfin Ahmed Ould Daddah… à la veille de cette célébration, il finit par être reconnu par tous. Quelles conséquences cela aura-t-il ?

A l’exercice, Ould Abdel Aziz lance de nombreux projets pour la réalisation d’infrastructures (routières, sanitaires, en eau et électricité…). Il mène la guerre contre la mauvaise gestion sans pour autant définir une stratégie de bonne gouvernance institutionnalisée. Diminuant le train de vie de l’Etat, il essaye de rationnaliser la vie publique. Le grand défi pour la Mauritanie est sécuritaire. Il semble être le mieux placé pour y faire face. Qui assure la sécurité, assure la stabilité.

Un an après son investiture, Ould Abdel Aziz manque encore de système. Peut-être une originalité qu’il veut préserver, lui qui a toujours été atypique.

 Mohamed Fall Ould Oumeir

Source  :  La Tribune N°512  du 02/08/2010

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