Flottille de Gaza : Israël annonce coopérer avec une commission d’enquête de l’ONU

Israël a accepté lundi 2 août de coopérer à l’enquête proposée par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, sur le raid sanglant des forces israéliennes contre une flottille humanitaire qui se dirigeait vers Gaza, le 31 mai. La Turquie, qui comptait neuf de ses ressortissants parmi les victimes, s’est déclarée satisfaite de cette décision.

Ban Ki-moon avait annoncé lundi à New York, au siège des Nations unies, le lancement de cette commission internationale d’enquête, qui sera présidée par l’ancien premier ministre néo-zélandais Geoffrey Palmer, et secondé dans sa tâche par le président colombien sortant, Alvaro Uribe.

 SEPT MINISTRES ISRAÉLIENS FAVORABLES

Le secrétaire général a indiqué que le groupe d’experts entamerait ses travaux le 10 août et soumettrait un premier rapport d’ici à la mi-septembre, destiné à « prévenir des incidents similaires à l’avenir ».

Pour la première fois depuis les faits, des officiels israéliens se sont exprimés favorablement sur la création de cette commission internationale, et ont annoncé la coopération de l’Etat juif. Israël s’était jusqu’ici opposé à la création d’une commission internationale d’enquête sur cette affaire. « Israël est une démocratie, Israël a la capacité et le droit de mener une enquête interne, pas de faire l’objet d’une investigation par un quelconque comité international », avait déclaré l’ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, Michael Oren, une semaine après le raid meurtrier.

L’Etat hébreu a ouvert deux enquêtes internes, dont la légitimité était contestée au sein même du pays. La première enquête devait se limiter aux aspects juridiques de l’attaque et excluait notamment d’interroger les hommes politiques et les militaires ayant préparé l’opération. Le gouvernement avait élargi les pouvoirs de la Commission dirigée par le juge de la Cour suprême israélienne, Jacob Turkel, l’autorisant à convoquer des témoins mais excluant toujours les forces armées. Tsahal a par ailleurs mené sa propre enquête, reconnaissant des « erreurs » sur la manière dont a été menée l’opération.

Le quotidien Haaretz rapporte aujourd’hui sur son site Internet que la décision d’accepter une enquête internationale émane d’un conseil de sept ministres du gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Ils se sont prononcés pour que la commission d’enquête de l’ONU ait accès aux éléments recueillis par les deux commissions israéliennes.

LIENS DISTENDUS ENTRE ISRAËL ET LA TURQUIE

La commission de l’ONU comportera également un Israélien et un Turc, une « avancée inédite » selon Ban Ki-moon qui a remercié les deux pays « pour l’esprit de compromis et leur coopération qui va de l’avant ».

Le 31 mai, le raid de l’armée israélienne sur la flottille au large de la bande de Gaza s’était soldé par la mort de neuf militants turcs. Israël assurait que les membres du commando avaient uniquement réagi après avoir été agressés. L’incident avait provoqué une crise profonde des relations entre Israël et la Turquie, un temps proches alliés.

Ankara avait demandé à l’Etat hébreu de présenter des excuses, d’indemniser les familles des victimes et de lever le blocus qu’il maintient contre la bande de Gaza. Le pays était aussi l’un de ceux qui avaient réclamé avec force la  mise en place d’une enquête internationale. Depuis, plusieurs entrevues discrètes ont eu lieu entre les deux pays pour tenter de renouer les liens, menées par le ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu.

 

Source: Le Monde du 2 août 2010.

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