C’est sa plus grande force de frappe, avec également le fait qu’il est relativement nouveau au sein du réseau, le comparant bien entendu à Droudkel ou Belmokhtar. Originaire du Sud du pays, il vient, comme les autres chefs terroristes, des maquis du nord de l’Algérie. Il a traversé toutes les années violentes, il était même au GIA, puis au GSPC avant d’arriver à Aqmi. Son nom revient dans chaque rapt perpétré par son groupe.
C’est lui le véritable architecte de l’ensemble des enlèvements enregistrés dans la région du Sahel. Très actif, mais également très violent et agressif, Abou Zeid est aujourd’hui le véritable cerveau de l’Aqmi dans le Sahel. Sa tête est mise à prix par plusieurs pays occidentaux, il est même recherché par les pays de la région. Traqué par l’armée algérienne, Abou Zeid, a finalement installé son QG dans le nord du Mali.
C’est à partir de cette partie de la région que l’homme planifiera ses prochaines actions, voire de nouveaux enlèvements d’étrangers. Jouissant d’une liberté sans égale de la part des autorités maliennes, Abou Zeid avait réussit à kidnapper plusieurs étrangers.
Le nom de ce chef sanguinaire avait fait le tour du monde après l’assassinat du ressortissant britannique, Edwin Deyer, en juillet 2009 par son groupe. L’otage anglais a été décapité par Abou Zeid après des mois de négociations avec le gouvernement britannique via des chefs de tribus maliens.
Des négociations qui n’ont abouti à rien, car le gouvernement britannique avait refusé les conditions d’Abou Zeid, à savoir la libération d’Abou Qotada, chef terroriste détenu dans une prison à Londres.
Ce refus des autorités londoniennes avait été réceptionné par les terroristes salafistes et en guise de réponse, ces derniers avaient égorgé Edwin Deyer dans le nord du Mali; aujourd’hui, son corps n’est toujours pas retrouvé. Un an après cet horrible acte, le même chef de la katibat Tareq Ibn Zayed enlève un autre ressortissant européen.
Cette fois-ci, c’est l’agent secret français, Pierre Camatte qui sera la nouvelle cible des terroristes d’Aqmi. Après trois mois de négociations, Abdelhamid Abou Zeid sera, cette fois-ci, satisfait, vu que ses revendications seront acceptées par les autorités françaises. Cela dit, la France avait fait la pression sur le gouvernement malien afin que le président malien, Amadou Touré, relâche quatre détenus salafistes.
Ce qui devait arriver arriva, le Mali avait relâché les quatre terroristes et Pierre Camatte sera comme attendu libéré par Abou Zeid, une transaction qui met l’Aqmi en position de force. Quelques mois après, c’est un autre ressortissant français, Michel Germaneau et son chauffeur algérien qui seront à leur tour kidnappés le 19 avril dernier dans le désert nigérien par le même groupe, toujours sous les ordres d’Abou Zeid.
Trois mois de négociations entre des chefs de tribus nigériens et les terroristes salafistes n’ont pas été suffisants pour arriver à une libération de l’otage français. Les choses ont empiré après le raid raté de l’armée française appuyée par l’armée mauritanienne pour faire libérer Michel Germaneau. Cet échec avait coûté très cher à Michel Germaneau, l’homme sera égorgé par Abou Zeid en guise de réponse à l’opération militaire française ratée en plein désert malien.
D’ailleurs, l’«émir» national du GSPC, Droudkel avait revendiqué l’assassinat de Michel Germaneau dans un enregistrement sonore. Il est intéressant de rappeler que Germaneau, retraité, activant dans des actions humanitaires, a été enlevé en avril au Niger par un certain Taleb Abdoulkrim, «un ancien prêcheur de la mosquée d’Inhallil» (localité malienne proche de la frontière algérienne), a assuré un médiateur malien.
Selon ce médiateur, impliqué dans les libérations d’otages européens, et qui a requis l’anonymat, «Taleb l’a remis à Abou Zeïd», «l’un des «émirs» les plus radicaux d’Aqmi». Depuis, la branche maghrébine d’Al-Qaïda avait menacé de tuer son otage français si certains de ses membres détenus dans la région n’étaient pas libérés avant le 26 juillet.
«L’«émir» à la barbichette»
Selon plusieurs témoignages de chefs tribus issus des pays du Sahel, Abdelhamid Abou Zeid est un «émir» très brutal ; il porte une barbe très courte pas comme celle portée par ses acolytes. «L’émir à la barbichette» avait rendu trois visites à Camatte quand il était gardé dans le désert : d’abord pour l’interroger en arabe, puis pour le faire poser pour une photo au milieu de ses ravisseurs en armes, enfin, pour lui annoncer sa libération.
Une fois libre, Camatte avait décrit ses ravisseurs comme des «fanatiques» qui «disent que les musulmans de France ne sont pas de vrais musulmans, que ce sont eux qui détiennent la vérité et que leur objectif est d’islamiser le monde entier».
Abou Zeïd avait fait exécuter Edwin Dyer, en juin 2009, alors que Londres refusait de céder au chantage. Après cet assassinat, un autre médiateur malien avait renchéri : «Zeïd est vraiment violent. Il nous a reproché de travailler pour les blancs (Européens) qui ne sont (selon lui) que des impies.»
Abou Zeïd, Hamadou Abid de son vrai nom, est connu de longue date des spécialistes du terrorisme. Issu de l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), il est réputé avoir toute la confiance de Abdelmalek Droudkel, 39 ans, qui dirige Aqmi depuis les maquis du nord du pays où il a répandu la stratégie de l’attentat-suicide et de la guérilla urbaine.
«En 2004, Abdelmalek Droudkel a voulu placer des hommes à lui au Sahel. Il a alors projeté Abou Zeïd dans le Sud», explique un ex-terroriste proche d’Abou Zeid. «Droudkel voulait qu’Aqmi au Sud fasse aussi des enlèvements pour avoir de l’argent, se confronter aux armées mauritanienne ou nigérienne, commettre des attentats, des assassinats…», explique toujours cet ancien compagnon d’armes d’Abou Zeid.
Sofiane Abi
Source : Le Jour d’Algérie via http://afriquehebdo.com/ le 01/08/2010
Abdelhamid Abou Zeid, 44 ans, Hamadou Abid de son vrai nom, est plus âgé que Abdelmalek Droudkel,alias Abou Mossaâb Abdelwadoud, l’«émir» national du GSPC version Aqmi, et Belmokhtar, «émir» de sa katibat depuis dix ans.Il est à l’origine de la plupart des enlèvements perpétrés au Sahel, dont celui du couple autrichien dans le sud de la Tunisie, en février 2008, et celui de l’envoyé spécial de l’ONU et de son adjoint en décembre de la même année au Niger. Aujourd’hui «émir» de la katibat Tareq Ibn Zeyad, il fait preuve d’une très grande audace en termes opérationnels.