«Ilot K» : Un minaret démoli :

Dans le monde musulman, on reproche à la Suisse d’interdire les minarets. Voilà qu’aujourd’hui, on démolie des minarets en terre musulmane ; il s’agit du minaret d’une mosquée se trouvant dans le quartier «Ilot K» en plein centre de Nouakchott qui a été totalement détruit,

 provocant l’indignation des riverains qui ne comprennent pas que « l’on s’attaque à une mosquée».

La mosquée, en question, se trouve précisément au sud de Pizzorno, face à la maison du docteur Gandéga le Pédiatre et non loin des cimetières d’enfants. Orpheline de toutes prières depuis une semaine, la mosquée est rattachée à une maison, «vendue» par son premier propriétaire, El Moctar.

Une maison qui serait, ensuite, «louée» par le deuxième propriétaire, Mohamed Yahya, à un «Nasraani» (personne occidentale) qui «ne serait pas du goût de la mosquée», à croire les habitants sur place. Celles-ci affirment encore que le Nasraani «débarquera, bientôt, dans son nouveau local».

Interrogés, samedi dernier, par Nouakchott Info, l’un des deux muezzins de la mosquée, Abdellahi, rappelle ce qui s’est passé:«C’était samedi surpassé, aux environs de 13 heures, quand le minaret était complètement démoli par des gens. Je devais alors appeler à la prière de la mi-journée. Et depuis ce jour là, une semaine est passée sans qu’aucune prière ne soit effectuée dans la mosquée».

Pourtant, «elle est toujours là, la mosquée ; rien n’y est cassé. J’y ai même effectué mes prières hier», prétend un homme retrouvé par Nouakchott Info, jeudi dernier, dans la maison abritant la mosquée. Des arguments qui seront, d’emblée, balayés par Khady, une habitante du quartier. Pour celle-ci, «les gens du quartier se sont bien plaints de la casse, mais, Mohamed Yahya, dit avoir consulté des oulémas qui lui auraient donné l’aval de fermer définitivement la mosquée en raison de peu de fréquentation ». Mohamed Yahya aurait même, selon toujours Khady, considéré la mosquée étant son «propre bien» et du coup, il aurait droit d’en faire «ce qu’il voulait».

Controverse alors, car Mohamed Ould Moctar, le deuxième muezzin de la mosquée, soutient que «lorsque El Moctar avait vendu ladite maison, il était venu nous voir à la mosquée. C’était à l’heure de la prière du soir. Et il nous avait bien dit, preuve à l’appui, que seule la maison était vendue, et que la mosquée, elle, restait toujours une propriété de Dieu».

Quoi qu’il en soit, l’affaire a irrité beaucoup de gens. Parmi eux, il y a Halima, la femme de Mohamed, le deuxième muezzin. Elle déplore «la fermeture de la seule mosquée du quartier et se demande, au passage, qu’allons nous faire si le Ramadan arrive? A.P, son voisin, lui, n’a pas la réponse, mais il trouve le fait de casser le minaret de «très choquant. C’est d’ailleurs, martèle-il, un véritable sacrilège» et «une honte, qui fait scandale dans une république islamique, telle que la Mauritanie, peste Hadyettou Dramé, Imam d’une autre mosquée dans le sixième arrondissement.

Pour sa part, le docteur Gandéga se résigne : «Vraiment la mosquée arrangeait tout le monde ; outre les prières, on y lisait le Coran. Mais, maintenant pour faire tout cela, il faut, désormais, sortir complètement du quartier. De toute façon, on s’en remet à Dieu».

Mohamed Diop

Source  :  Nouakchott Info le 26/07/2010

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