Investissements : Finances suspectes et promoteurs douteux en Mauritanie

En Octobre dernier le Quotidien de Nouakchott mettait en doute le sérieux de la signature par une institution financière mauritanienne d’une convention pour la mise en place d’une ligne de crédit de 25 millions de dollars avec une mystérieuse institution italienne d’investissement.

 

A l’époque, la signature de l’accord de partenariat entre les deux institutions avait été largement relayée par la presse nationale et internationale. La cérémonie avait été présidée par la Commissaire chargée de la promotion des Investissement, Mme Maty Mint Hamady.
Selon ses promoteurs, l’accord avait pour objectif de « promouvoir les investissements mauritaniens et encourager l’intégration et la collaboration entre les entreprises dans les deux pays, surtout dans les domaines de l’environnement, des énergies renouvelables, des nouvelles technologies ainsi que la présence du secteur financier italien en Mauritanie.  »
Malgré le sérieux de son enquête, le QDN avait fait face à des accusations et même une action en justice a été intentée contre lui. Pourtant presque une année après les faits, l’histoire semble nous donner raison. Pas le moindre dollar à l’horizon ! Mieux à l’époque nous avancions l’hypothèse que l’annonce de la mise en place de cette ligne de crédit de 25 millions de dollars était surtout destinée à faire venir de nombreux petits investisseurs alléchés par le pactole et qui n’hésiteraient pas à casser leur tirelire pour mettre leur économies entre les mains de l’Institution financière mauritanienne. Aujourd’hui, il semble que de nombreux investisseurs qui avaient fait des dépôts importants ont toutes les peines du monde à récupérer leur argent.
Il y a deux semaines l’hebdomadaire bien connu Jeune Afrique titrait : « Bernard Madoff fait des émules sur le continent.» L’article décrivait les arnaques sur base de promesses mirobolantes à propos de placements et d’instruments financiers à haut rendement faits par des structures le plus souvent agissant à la limite de la légalité pour ne pas dire dans l’illégalité. Entre temps, une autre affaire a éclaté au Bénin. La Pyramide de Ponzi, ou l’ « épargne pyramidale», qui consiste à payer les intérêts des anciens épargnants avec l’argent des nouveaux arrivants a été mise en œuvre par ICC Services Bénin. L’éclatement de la bulle spéculative a entraîné la faillite de plusieurs centaines de petits investisseurs mais aussi le limogeage d’Armand Zinzindohoué, ministre de l’intérieur qui percevait chaque vendredi la somme de vingt millions (20 000 000) de francs CFA.
Avec les économies modernes et avec le développement des NTIC, les gouvernements du tiers monde ont de plus en plus de mal à mettre de l’ordre dans cette jungle financière. Il ya quelques mois une arnaque « à la Madoff » avait dégénéré à El-Facher au Darfour faisant plusieurs morts suite à la répression qu’on opposa aux émeutiers.
Plusieurs « réseaux » de cette nature ont également démantelés par le gouvernement togolais qui a mis en place des mesures en vue de leurs fermetures définitives.
Il y a longtemps que des voix s’élèvent au sein des opinions africaines pour dénoncer le caractère mafieux de ces établissements.
Ici en Mauritanie il est temps que les autorités monétaires mettent le nez dans les affaires de ces prétendus établissements financiers dont le fonctionnement et l’opacité de gestion sont plus que sujet à caution.

Bouna Chérif

Source  :  www.quotidien-nouakchott.com  le 13/07/2010

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