Congrès de l’UPR:Veillée d’armes

L’Union Pour la République (UPR), principale formation politique de la majorité présidentielle et parlementaire, prépare activement les assises de son premier congrès ordinaire prévu pour le vendredi prochain, le 9 juillet 2010. Une véritable veillée d’armes précède l’échéance qui se profile à l’horizon du week-end prochain. Les commissions préparatoires sont déjà à pied d’œuvre. Et chacun avance, comme il le peut et sans être sûr de rien, ses pions afin de se faire une place de choix dans la Mauritanie nouvelle, celle de ‘‘la rectification’’. Toutes les cartes se trouvent entre les mains du président de la République qui, même si la loi lui interdit d’appartenir à la direction d’un parti politique, continue de tirer les ficelles derrière le rideau.
Cette formation politique est arrivée sur la scène nationale dans la foulée du putsch militaire du 6 août 2008, qu’elle est créée pour soutenir. Même s’il n’a été mis en place qu’à la fin de la période de transition ‘‘forcée’’ et à la veille de l’élection présidentielle de juillet 2009, ce parti (l’UPR) est donc forcément celui de l’actuel président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz. Même si aujourd’hui, l’homme est tenu, ne serait-ce que pour respecter la forme exigée par les textes, de rester à l’arrière boutique pour tirer les ficelles dans l’ombre. La certitude que c’est lui qui décide de tout au niveau de ce parti est un secret de Polichinelle pour les mauritaniens.

L’Union Pour la République occupe actuellement les devants de la scène politique parce qu’il contrôle l’écrasante majorité des élus (députés, maires et sénateurs).
Lors des opérations d’implantation de cette formation qui se sont déroulées au début de l’année, on a assisté à une véritable bataille serrée, une véritable foire aux empoignades entre les différents segments et les hommes ayant en charge l’animation de la vie du «géant ».
Des acteurs dont « l’attachement » au parti est nourri par un puissant moteur : la promesse du chef suprême laissant entendre à tous que les places au soleil de la rectification, les chances de jouir des prébendes de l’état seront désormais mesurées à l’aune de la représentativité des cadres au sein de l’UPR. Une perspective dont l’effet a été d’aiguiser les appétits et la gourmandise des militants. Quant au champ d’expression, il a été celui des opérations d’implantation des structures de base avant d’être les grosses bousculades lors du prochain congrès.
La montée de la mayonnaise avec une grande puissance est aussi attisée par la limitation des places au sein des instances dirigeantes du parti (seulement 70 membres au Conseil National et une trentaine de membres pour le Bureau Exécutif National). D’où l’obligation de bander les muscles et démontrer sa force pour trouver une place dans le saint des saints.

Au-delà du congrès

Au terme des premières assises ordinaires du parti au pouvoir, on devrait assister, selon toute vraisemblance, à la formation d’un nouveau gouvernement dont le fait le plus marquant pourrait être un changement à la tête de l’exécutif.
Les candidats à la station primatoriale, fortement convoitée et les prétendants aux autres postes du gouvernement à venir se doivent de montrer leur grand degré de popularité et de représentativité à l‘occasion du show du week-end en vue.
Pour l’avenir de l‘actuel Premier Ministre, homme de confiance du Président de la République, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, pas de grosses inquiétudes. Il serait certes amené à passer le témoin en cas de chambardement tel que annoncé par quelques langues pendues. Mais, dans la foulée du congrès et donc de la nouvelle donne, l’homme pourrait bien retrouver un point de chute doré à la tête du parti au pouvoir dont il deviendrait alors le nouveau président. Ould Mohamed Laghdaf, enfant légitime de ‘‘la rectification’’, serait ainsi la première création politique de la nouvelle ère politique. Il a l’avantage d’être effacé et pas très ambitieux. Le profil idéal qui correspond parfaitement à ce que cherchent généralement les pouvoirs. Exactement comme l’ont été d’autres premiers ministres au temps de Ould Taya.
Quant à l’actuel président du parti, Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, même s’il présente l’avantage de l’image d’un homme sans trop de problèmes, qui ne demande rien, il traîne quand même, parallèlement, un passé révolu dans l’esprit de la rectification et d’une certaine Mauritanie nouvelle. Même si cette dernière semble vieillir de manière un peu prématurée, comme un nouveau-né avec un handicap rédhibitoire.

Cheikh Sidya

 

Source: Biladi

Quitter la version mobile