Le premier Ministre, Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, ancien ambassadeur à l’Union Européenne (2006) est tout sauf dupe. Son avenir politique –il le sait pertinemment- se joue à Bruxelles les 22 et 23 juin à l’occasion de la table ronde organisée par son gouvernement pour convaincre la Communauté des bailleurs de lui accorder une rallonge financière de plus de 4 milliards Usd. Longtemps ajournée en mars et avril, cette rencontre, qui pourrait être fatidique pour le premier Ministre, a finalement été calée aux journées des 22 et 23 juin dans la capitale européenne.
Le pays sera-t-il victime de l’incapacité du gouvernement ?
Il faut croiser les doigts –en dehors de toute autre considération- que les bailleurs de fonds ne se montrent pas beaucoup à cheval sur les justifications présentées par le gouvernement Laghdaf en vue d’obtenir les financements nécessaires pour près de deux cents projets de développement que les mauritaniens appellent de tous leurs vœux. Espérons également que la politique de la chaise vide de la COD n’aiguise pas l’exigence du consensus politique à peine voilée de la Communauté des bailleurs pour débourser cet argent si nécessaire au pays en ces temps de vaches maigres.
Mais qu’il ait bien assimilé sa leçon ou non, le PM ne peut donc plus s’en remettre qu’à sa «bonne étoile» afin de convaincre les bailleurs d’accorder leurs «largesses» à notre pays qui traverse, en dépit de la volonté politique du président de la République, Mohamed Ould Abdelaziz, d’assainir la gestion des affaires publiques et d’en faire profiter les plus pauvres, une situation économique difficile. C’est donc à la tête d’une importante délégation comprenant six ministres que le PM s’est envolé samedi en direction de la Belgique où sera scellé et son avenir politique et celui des investissements au profit de notre pays. Il y a donc pour renforcer le PM, les ministres des Affaires économiques et du Développement; de l’Hydraulique et de l’Assainissement; de l’Equipement et des Transports; de l’Emploi, de la Formation professionnelle, des Affaires sociales et le commissaire aux Droits de l’Homme. Une panoplie de responsables qui tenteront de charmer les bailleurs dans le bien-fondé de soutenir le programme du gouvernement après un retour normal à l’ordre constitutionnel salué d’ailleurs par Bruxelles, après l’organisation de l’élection présidentielle en juillet 2009 et l’annonce faite en janvier de la reprise «sans restriction » de la coopération entre les deux parties.
Des atouts malgré tout
Sans présager des résultats que pourrait enregistrer le gouvernement Laghdaf à Bruxelles, la normalisation de vie politique et l’engagement réitéré des plus hautes autorités de la gestion transparente et rationnelle des deniers publics, en plus de la prédisposition de l’Opposition à un dialogue «sérieux», malgré son boycott de la consultation de Bruxelles, sont autant d’atouts entre les mains du premier Ministre. A ces considérations, il faut également ajouter la «communauté de destin » entre les deux rives de la méditerranée à laquelle la Mauritanie appartient pour lutter contre certains fléaux souvent liés à la promiscuité économique, comme la lutte contre l’immigration clandestine, le terrorisme et le trafic de drogue. Le constat est donc que les consultations dans la capitale belge dépassent les ambitions politiques d’un gouvernement. Elles sont suivies avec beaucoup d’intérêt par les Mauritaniens qui espèrent que cette table ronde des donateurs et des partenaires au développement leur accorde l’aide nécessaire pour une relance de l’économie du pays au moment où le marasme international enveloppe d’incertitude l’avenir du monde entier. Les bailleurs seront-ils sensibles au plaidoyer de l’équipe gouvernementale ? Il ne nous reste plus qu’à implorer la Baraka…
Jedna DEIDA
Source: Le Quotidien de Nouakchott