25ème sommet France-Afrique à Nice : Qu’attend Nouakchott de Paris ?

Après Khartoum au Soudan où il a assisté à l’investiture du président soudanais Omar Hacen El Béchir, le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, s’est envolé pour la France.

 

Dans ce pays, il va assister au 25ème sommet France-Afrique prévu du 31 mai au 1er juin à Nice. Dans cette ville du sud de la France, est-il utile de le rappeler, que feu Mokhtar Ould Daddah premier président de la république indépendante y a étudié d’octobre 1948 jusqu’à l’obtention de son baccalauréat en juin 1952. Le raïs est accompagné dans son déplacement par Mme Naha Mint Mouknass, ministre des affaires étrangères et de la coopération, Sidi Ould Tah, ministre des affaires économiques et du développement, Ba Housseynou, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l’environnement et du développement durable et Cheyakh Ould Ely, directeur de Cabinet du Président de la République.
Au regard du niveau de représentativité de la délégation mauritanienne, il ne fait pas de doutes que les deux Etats entretiennent de bonnes relations diplomatiques. Cela donne aussi une idée des priorités sur les agendas nationaux des deux pays. Sur le plan diplomatique, la lutte contre le terrorisme, va certainement occuper une place dans les entretiens qu’auront Mohamed Ould Abdel Aziz et Nicholas Sarkozy. Surtout que l’algérien Bouteflika fera le déplacement de Nice autant que le malien Toumani Touré, les militaires nigérien Saliou Djibo et le guinéen Sékouba Konaté. En effet, la libération de l’otage français, Pierre Camatte, le 23 février dernier avait provoqué l’ire de Nouakchott et d’Alger estimant que l’attitude malienne était une faiblesse inacceptable face au terrorisme. Pierre Camatte, on s’en rappelle, avait été kidnappé en pleine nuit le 26 novembre 2009 dans un hôtel de Ménaka (nord-est) par des Maliens de la région qui l’auraient ensuite « vendu » à Aqmi, selon des sources maliennes. Depuis, jusqu’à sa libération, il aurait été retenu par le groupe de l’Algérien Abdelhamid Abou Zeïd, responsable de l’assassinat en juin 2009 d’un touriste britannique, l’otage Edwin. Cette mauvaise gestion du dossier, tel que interprétée à Nouakchott, a conduit au rappel de l’ambassadeur mauritanien en poste à Bamako. Des explications il en faut de la part de Nicholas Sarkozy pour rassurer ses pairs engagés dans un défi difficile à relever. Or, le jeu français dans la région du sahel doit être clair, car la multiplication des enlèvements de touristes occidentaux et leur libération après le paiement de rançons, ainsi que l’évolution dangereuse du trafic en tout genre, au nord du Mali, ont quelque peu gelé les relations entre les opérationnels militaires bloqués dans leur initiative du fait de la position d’inertie de Bamako face aux menaces qui pèsent sur la région. La création du comité d’état-major opérationnel conjoint entre la Mauritanie, l’Algérie, le Mali et le Niger, avec une force commune de 25.000 hommes, se justifie par cette menace qui pèse sur la sécurité des Etats sahéliens.

Une position française claire
Aujourd’hui, si l’on en croît le journal algérien « Al Watan », le noyau dur de la phalange du Sahara pour le GSPC, autoproclamée AQMI (Al Qaïda pour le Maghreb islamique) est composé, selon des sources sûres, de près de 470 éléments (avec des réseaux de soutien qui avoisineraient les 200 éléments) répartis en trois groupes. Le plus organisé et le mieux doté est celui dirigé par Mokhtar Belmokhtar, dit Belaouar, ayant des liens assez forts avec la population, notamment brébiche (des commerçants arabes). Le second groupe, moins important en nombre mais tout aussi doté en équipement militaire, est dirigé par Abou Zeid, dissident du premier, dépêché dans cette région par Droukdel, son chef suprême, pour prendre les rênes de la phalange du Sahara. Plus récemment, son adjoint, Abou Yahia, s’est entouré d’une vingtaine d’éléments bien équipés pour évoluer d’une manière autonome, mais sous les ordres de son chef incontesté. Les trois groupes ont pris pour positions les alentours des villes de Tombouctou, de Gao et de Kidal.
Au procès des salafistes récemment tenu à Nouakchott, la Cour criminelle s’est montrée ferme contre l’assassinat des quatre touristes français et condamné à la peine capitale Maarouf Ould Haiba, Sidi Ould Sidina et Ould Chabarnoux à la peine capitale. Histoire de rendre justice sans faiblir un instant contre ses auteurs. Certes que le Quai d’Orsay s’est félicité de l’issue du procès, même s’il ne plaide pas leur exécution tout autant que bon nombre de mauritaniens qui s’activent pour leur éviter l’échafaud, mais il reste que Sarkozy doit arrêter le double jeu de sa diplomatie et aider les pays sahéliens confrontés à ce défi à le relever.

On parlera d’aide et de développement
L’autre chapitre que les deux chefs d’Etat vont certainement aborder, c’est le volet économique. A noter qu’en matière de coopération entre les deux pays, les orientations sont définies dans un document cadre de partenariat dont les objectifs, précisent les domaines d’intervention prioritaires et les modalités de cette coopération. Il se donne pour référence le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté adopté par la Mauritanie en juin 2006 et met en œuvre les nouvelles orientations de l’aide française. Il s’inscrit dans le cadre du processus d’harmonisation des pratiques et de renforcement de l’efficacité de l’aide engagé par le gouvernement avec ses partenaires au développement. Les deux pays ont des défis à partager notamment : « conforter sur le plan politique, la démocratie, la stabilité et la bonne gouvernance, asseoir une politique de croissance économique et de répartition capable de répondre aux besoins de la lutte contre la pauvreté et les inégalités et inscrire le développement économique et social dans une dimension régionale, d’aménagement du territoire (équipements, accès aux services de base), d’une gestion respectueuse de ses ressources naturelles ainsi que d’intégration dans les espaces régionaux et la mondialisation ». L’éducation et la formation professionnelle, l’environnement (y compris l’électrification rurale décentralisée), l’eau et l’assainissement, sont aussi des secteurs de coopération. Mais les autres secteurs comme la sécurité alimentaire, ou la santé, seront aussi pris en compte.

Moussa Diop

Source  :  www.quotidien-nouakchott.com  le 31/05/2010

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